Contenu | Navigation | Politique d'accessibilité | Crédits Lettre internet

Les écrivains / adhérents

Gisèle Tuaillon-Nass

Roman / Nouvelle / Récits
photo Gisèle Tuaillon-Nass

Née à Belfort, Gisèle Tuaillon-Nass passe son enfance dans un petit village du Territoire de Belfort où son arrière-grand-père alsacien était venu s’établir après 1870 quand l’Alsace avait été annexée par les Prussiens (son roman, L’Etranger Alsacien, sera inspiré par cette page d’Histoire).
C’est à Belfort également qu’elle fait ses études secondaires. Envisageant une carrière dans le journalisme, c’est finalement vers l’enseignement qu’elle se dirige en 1969. Professeure de Lettres Modernes elle enseigne dans plusieurs Lycées et Collèges de Franche-Comté.
Dans un souci permanent d’ouverture, cette carrière fut entrecoupée d’expériences diverses, entre autres, deux années passées au Québec, en 1980-1982, à l’université de Sherbrooke (Etudes sur l’écriture des femmes au Québec); une année passée, en 1989, au Centre de Linguistique Appliquée de Besançon (obtention d’un Diplôme d’Enseignement du Français à l’Etranger); deux années passées au Rectorat de Besançon en tant que Responsable Académique des Stages de Formation sur les Pratiques de Lecture/Ecriture en Lycée et Collège; après 1990, actions diverses de coopération dans le cadre de la Francophonie : animations de stages en universités d’été en Roumanie ; enseignement du français et mise en place d’une bibliothèque francophone à Jérusalem; travaux de recherche sur l’écriture et la littérature au Québec…
Parallèlement à sa vie professionnelle, Gisèle Tuaillon-Nass s’est investie dans de nombreux domaines qu’ils soient municipaux ou associatifs (conseillère municipale, responsable associative dans le domaine culturel et solidarité internationale – théâtre, coopération franco-québécoise et franco-palestinienne entre autres).
Désirant depuis bien longtemps consacrer davantage de temps à l’écriture, elle a renoncé à enseigner depuis 1994 pour se donner le temps d’écrire.

Bibliographie

– L’Etranger alsacien – Roman- éd. France-Empire – 1997-
Prix du Rotary International 1998
Prix Claude Farrère 1998
Prix Louis Pergaud 1998
(Réédité aux éditions De Borée, dans la collection « Terre de Poche », sortie septembre 2014)

– Les Passagers de l'aube - Roman- éd. Les Presses du Belvédère -2008
Réédition Mon Village 2011
Prix Marcel Aymé 2009

– Le Rendez-vous des sages
Récit biographique sur un Passeur - Résistant déporté : Bernard Bouveret-
Ed. Les Presses du Belvédère 2010
Réédition Mon Village, 2011

– Les coquelicots fleurissent toujours en Palestine - Roman- éd. Mon Village 2012

Diverses nouvelles parues dans des Revues ou au sein d’éditions de nouvelles de plusieurs auteurs, tels :
« Au-delà des Jonquilles » parue sous le nom de Franceline Nass, dans le Recueil de Nouvelle « Frontière Vagabonde » éd. Erti -1993
« L’Odeur de Marie-Rose », Prix du Jury, dans le recueil de Nouvelles « Rumeurs », édité par le CROUS de Lille en 1997.

Diverses autres publications (Etudes sur la Littérature Québécoise –Nathan 1997 ; articles sur des productions et auteurs de théâtre québécois ; Contes pour enfants ; scénarios pour productions théâtrales…) complètent cette production littéraire.

Extraits

Les Passagers de L’aube (Editions Mon Village, page 167)

« … Elle dit qu’avoir vingt ans dans un monde où sévit la guerre, ça marque pour toute une vie.
Pas les privations, dit-elle. Pas les bombardements qu’il faut fuir, ni les destructions ou la mort qu’il faut voir.
Ce n’est pas de cela qu’elle veut parler. Mais de la peur.
De la peur face à l’autre, précise-t-elle. Et de la méfiance qui va avec.
Elle explique que c’est ce climat-là qui est le plus affreux quand on a choisi de ne pas se plier à la force ambiante, à la force imposée lorsqu’elle est triomphante. Que c’est alors qu’on éprouve à plein sa solitude.
Le plus dur à vingt ans, affirme-t-elle.
C’est cela qui l’a le plus marquée dans cette guerre. Se méfier.
Elle dit que c’est terrible de ne rien pouvoir dire à qui que ce soit. Ni de ses craintes, ni de ses angoisses, ni de ses révoltes ou de ses espoirs. Tenir ses pensées imperméables aux autres, c’est la dure nécessité à acquérir. Une règle de survie, dit-elle.
Quand on s’est engagé à résister, évidemment. C’est ce qu’elle précise.
Elle prétend que cela s’apprend très vite. Qu’on comprend encore plus vite que, avec une parole de trop, on se trouve menacé.
Ça lui est arrivé, dit-elle. Tout au début. Elle le souligne. Ajoute encore qu’il y avait peu de temps qu’elle s’était risquée sur la voie des passages…ça a failli lui coûter cher.
Elle raconte alors ce qui lui est arrivé en février ou mars 1941… »


Les Coquelicots fleurissent toujours en Palestine (éditions Mon Village, page 64)

« … L’enfance dans le petit village. Le blé qu’on coupe, les oranges que l’on cueille. « Pays de blé et de miel », la Bible le disait. Et de ce pays-là, il en était le jeune Fathi. Il en avait encore l’odeur des mimosas sauvages tout accrochée à lui. Et comme les autres gamins du village, il courait avec chèvres et moutons par-dessus les murets de rocailles pour être le premier, là où l’herbe était tendre, là où le printemps ruisselait de soleil et de fleurs. Il y avait des coquelicots plein les champs. On disait « tache de sang, tache de vie ». On savait leur durée brève et la saison de feu qui suivait. On s’en mettait plein les doigts. Accoucheurs de lumière, ils étaient le printemps dans nos vies. Il l’avait dit. Trop pressés, on défroissait les pétales chiffonnés. Eclats des coques gonflées : les mains fleuries de rouge s’en allaient dessiner des milliers de rêves dans le bleu de l’espace. Libres d’air et d’eau, on buvait sans compter aux puits creusés pour tous. Et le lait de l’agnelle ! Il en avait encore des gouttelettes blanches venues au bord des lèvres se prendre dans sa barbe qu’on oubliait de voir quand il disait l’enfance. Enfance mythique où il fallait puiser pour ranimer la vie dans le désert qu’on avait fait pour eux. Eux, les enfants d’un pays appelé Palestine.
Et il parlait Fathi. Parlait encore. Du village heureux où il avait grandi. Des petites maisons blanches où tous se connaissaient. Où chacun soutenait l’autre. D’Haïfa toute proche. D’Haïfa la belle. Là où il était allé, là où il avait aimé…Et il parlait encore des sanglots dans la voix. De son père, de sa mère, de ses frères, de ses sœurs …Tous ceux qu’il n’avait plus revus quand l’exil était venu.
Et sa voix s’était tue. »

Lieu de vie

Bourgogne-Franche-Comté, 25 - Doubs

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Résidences