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Les écrivains / adhérents

Joachim Séné

Poésie
photo Joachim Séné

Né à Amiens en 1975, où des études le poursuivent jusqu'à Belfort, Joachim Séné vit à Paris et paie ses impôts en France. Après avoir produit quelques textes sur un site web aujourd'hui disparu, il échappe miraculeusement à la fin du monde, lors de l'éclipse du 11 août 1999.
Issu de multiples sources contradictoires, avec diplômes le prouvant, Joachim Séné n'est pas un très bon nageur. Il est de cette génération d'écrivains dont la biographie endort avant même d'avoir cité un seul titre, présent sur Twitter, Facebook, Les 807, Les Vases, Le Convoi des Glossolales, Urbain trop Urbain, les ateliers Liminaire, on en passe, on en passera ; de le voir partout, on en a marre, et pour en apprendre plus, une bio illisible, par dessus le marché et qui ne signale même pas qu'il développe des sites web dans le domaine de la littérature, pour vivre.

Photo : Déborah Heissler

http://www.joachimsene.fr/txt/
Bibliographie

Textes
– Village, Publie.Net, 2018
– Equations football, D-Fiction, 2017
– C'était, Publie.Net, 2011. Version papier, 2017
– Sans, Publie.Net, 2010.
– La crise, Publie.Net, 2010. (rééditée et suivie de Je ne me souviens pas), Version papier, 2017
– Roman, Publie.Net, 2009.
– Hapax, Publie.Net, 2008.

Textes revues, ouvrages collectifs
– Nø City Guide Shanghaï, la revue de villes, Urbain, trop urbain, 2012.
– Les 807, saison 2, Publie.Net, 2012.
– Un moment calme, OnLit.Net, 2012.

Participations presque regulières à Relire.Net, L'aiR Nu et D'Ici Là, revue dirigée par Pierre Ménard, Publie.Net.

Pour les autres publications, voir la page tenue à jour des publications.

Extraits

C'était.

C’était subir chaque matin la stridence du radio-réveil, l’appel au levé, au garde-à-vous et avoir, à ce moment, depuis son lit, la vision du bureau, là-bas, et du temps à y passer, assis, tête baissée vers l’écran.

C’était d’arriver le matin pour trier les mails, passer du temps, classer en listes. Jusqu’à la première sonnerie du téléphone, ou jusqu’au premier mail urgent.

C’était lancer une blague, potache, à travers l’openspace, et dépressuriser d’un coup tout le bureau, pendant cinq minutes, avant que l’entre-choc plastique et liquide des claviers ne reprenne.

C’était mettre le casque pour visionner une vidéo tout juste reçue par mail, et ne pas rire trop fort. La faire suivre, éventuellement, choisir à qui.

C’était, au début, répondre au téléphone de son voisin parti en pause, en réunion ou aux toilettes, se lever pour aller le trouver, finalement prendre un message et puis, avec le temps, laisser sonner, laisser sonner et s’énerver car si ça ne répond pas pourquoi laisser sonner dix fois ? Finalement, épuisé de ça, décrocher, battu.

La crise.
« La crise » ça ne veut rien dire c'est un regard filmé en différé.
« La crise » ça ne veut rien dire c'est un souffle qui sort du poste de radio.
« La crise » est dans l'odeur de renfermé de l'air du temps.
« La crise » fait circuler les flux de bas en haut.
« La crise » est la pelletée de sel sur la neige de tes illusions.
« La crise » écrit son cirque de rires sur la cire des cris.
« La crise » dort d’un œil dans une chambre de compensation.
« La crise » ne demande pas d’où vient l’argent.
« La crise » sauve l’entreprise – au fait, merci pour ton départ volontaire, sans rancune, à la prochaine.
« La crise » remue le couteau dans ta plaie.
« La crise » est un pilon.
« La crise » est un cri qui ne crisse pas tant l’incise faite au corps l’a rendu au silence. « La crise » a plusieurs voix, et bientôt les cris s’esquissent et le premier son est le geste du refus d’être licencié, manipulé, utilisé puis livré ici ou là – libre circulation des biens, des marchandises, des personnes – tout est là ; « la crise » c’est chaque fin de mois.
« La crise » mène la vie chère.
« La crise » ça s’épelle : c-a-p-i-t-a-l-i-s-m-e.
« La crise » sponsorise les carrières politiques.
« La crise » est un vent qui n’a pas besoin de se lever.
« La crise » reconnaît volontiers le sens des responsabilités des syndicats.
« La crise » se lève tôt pour gagner plus.
« La crise » est à l’aise dans tes baskets.
« La crise » use.
« La crise » lasse sans se répéter et se répète sans se lasser.

Lieu de vie

Île-de-France, 92 - Hauts-de-Seine

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques