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Les écrivains / adhérents

Anne Arel

Roman

J'ai écrit mon premier poème à l’âge de 7 ans. C’était à l’occasion de la fête des mères. J’avais plus précisément 7 ans et 10 mois, donc. Ma mère l’a conservé dans son portefeuille pendant au moins 40 ans. Aujourd’hui, je ne sais plus : elle est aphasique et hémiplégique. Mais elle a transmis à ses enfants ce soleil de la combativité et de la ténacité, qui fait peut-être qu’à 50 ans, j’ai passé ma maîtrise, que j’ai obtenue avec mention très bien, et qu’à 60, je publie mon premier roman.

Oui, je sais, les événements heureux ont pris leur temps pour arriver jusqu’à moi, et cela ne va pas m’avantager quand il faudra passer à ma biographie, qui, mis à part quelques poèmes et articles, comme dans la revue Horizons 21, ou Spirales, ou dans Je parle d’un pays de vent, n’existe pas. J’ai malgré tout vécu, des galères, des refus d’éditeurs, un divorce, des engagements, aussi, et puis 3 enfants, 6 petits-enfants, des voyages, la réalisation d’un jardin de l’art brut. Je ne suis écrivain que depuis 2011. Même s’il m’a fallu 53 ans, et l’âge de la retraite, pour réaliser ce rêve.

Bibliographie

La courée, une communauté qui éduque - Spirale 30 (2002)
CON (iophore), éditions kirographaires (mars 2011)

Extraits

Extraits édités
Il n’a pas entendu. Il devient sourd. Nous assistons, impuissantes, à son délabrement total. Est-ce cela, la vieillesse ? Tout perdre ? Que reste-t-il de vivant en lui ? Il n’a plus la force de rien. Plus le goût. Il ne cherche même plus à retrouver sa femme. Passe du lit au lit.
Comment serai-je à son âge, si j’y parviens ? Déjà, aujourd’hui, bourrée de médocs et trop vite essoufflée, fatiguée. Je vis dans le projet. Cela me semble important. Mais ceux que je mets en route soudain me pèsent : je ne suis plus cette femme dynamique et boulimique de tout, qui s’agitait dans tous les sens.
Mon père est en sursis, ma fratrie ressemble à un cocon.

Coniophore des caves, lenzite des poutres, polypore, mérule, la poésie des noms déguise la réalité des bois bouffés de l’intérieur. La mort porte le joli nom de maladies irréversibles. La destruction des allèges, des solives, aborde la destruction de l’humain. D’abord, celui qui vend et qui veut faire du fric, et dont les valeurs n’ont plus rien d’humaniste. Qu’est-ce qui les pousse, ceux qui ont déjà trop pour vivre, à vouloir encore plus sur le dos de naïfs tombés dans leurs nasses ? Puis, celui qui achète, et qui se retrouve avec rien, un rêve qui se noie, se dissout, un lieu inhabitable, SDF qui avait cru choisir le bon itinéraire, qui avait travaillé toute sa vie et bien géré ses comptes, et qui se lançait dans un projet positif. Et le monde qui gravite autour d’eux. Où ce n’est pas le plus faible qui est défendu. Où le collectif se heurte au privé. Où la raison se heurte aux lois manipulables. Il suffit de trouver la faille.

Lieu de vie

Bretagne, 22 - Côtes-d'Armor