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Les écrivains / adhérents

Anne Guglielmetti

Roman / Nouvelle / Essais / Traduction
photo Anne Guglielmetti

Tout commence, a toujours commencé pour moi dans l’écriture, par la rencontre avec un lieu. Mes romans ont immanquablement ce fondement : un lieu me fait signe. Il y a encore un siècle, j’aurais peut-être vécu toute ma vie dans une même province française. Il m’arrive de regretter cette sédentarité. Mais les regrets ne servent à rien. Notre époque est mouvement, rupture, diversité, et son horizon est à l’échelle non plus d’une région mais d’un continent, en l’occurrence, pour moi, l’Europe. Alors, si Le Domaine et le Chas de l’aiguille sont normands, La corne de corail est italienne et mon premier roman racontait la banlieue parisienne, bien qu’il s’intitulât (tel un clin d’œil ou un appel, déjà) La Belle Italie. Mon dernier récit, Les Paroles des jours, est comme l’aboutissement de ce lien indéfectible : il est si profondément enraciné dans l’histoire européenne (la face sombre de cette histoire) qu'il n’était plus nécessaire de nommer précisément le lieu. Mais les histoires que j’ai écrites et celles qui me restent à écrire ont aussi en commun – outre le huis clos - de relier l’être humain à une dimension qui le dépasse et dont, cependant, il est l’unique témoin, une dimension qui confère à son aventure tout son mystère et toute sa dignité, sur cette Terre en route pour on ne sait où.

Bibliographie

– Les Pierres vives, roman, Actes Sud, 2016
– "Le merveilleux" et "La fillette et le grenier, une figure tutélaire dans l'oeuvre de Léon Spilliaert", essais, revue Mirabilia, déc. 2011.
– "Les fleurs, dites-vous", nouvelle, revue Le nouveau recueil, sept-nov. 2005.
– Les Pierres d’attente, conte, avec des photographies de Jean-Christophe Ballot, Buchet/Chastel, 2003.
– Les Paroles des jours, roman, Actes Sud, 2002.
–Le Chas de l’aiguille, roman, Buchet/Chastel, mars 2002.
– Le Domaine, roman, Actes Sud, 1999, Babel 2002 (traduit en chinois).
– La Corne de corail, roman, Buchet/Chastel, 1987.
– L’anniversaire, roman, Buchet/Chastel, 1984, rééd. 2003.
– La Belle Italie, roman, Buchet/Chastel, 1982, rééd. 2001; adaptation cinématographique partielle par H. Milano, 2006.

Co-fondatrice de la revue semestrielle MIRABILIA, dont le premier numéro a paru en décembre 2011; voir www.revue-mirabilia.fr

Traductions
Vingt ans de traductions de livres d'art, d'essais (peinture-architecture-musique contemporaine) et de catalogues d'exposition, dont :
– L'oeil et la passion, dessins italiens de la Renaissance dans les collections privées françaises, A. Gonzalez-Palacios, Brunone Toscano, musée des Beaux-Arts de Caen, SOMOGY, 2011.
– Les peintres de Venise, Enrico Maria Dal Pozzolo, Actes Sud, 2010.
– L'enjeu Capital(es), V. Gregotti, A. Branzi, éditions du Centre Pompidou, 2009.
– Gentile da Fabriano, Andrea de Marchi, Actes Sud, 2009.
– Lee Bul, On every New Shadow, G. Quaroni, Fondation Cartier, 2008.
– Michel-Ange peintre et Michel-Ange sculpteur , Cristina Acidini-Luchinat, Actes Sud, 2006, 2007.
– Léonard de Vinci, P. C. Marani, Actes Sud, 1999.
– L’Art du lieu – architecture et paysage, permanence et mutations, Christian Norberg-Schulz, éditions Le Moniteur, 1997.

Extraits

" ... Elle rentra à pied. Et les sept kilomètres cinquante qui la séparaient du Domaine, elle les fit à un train d'enfer. Arrivée à la ferme, la poussière avait non seulement poudré la totalité de son vêtement mais si bien blanchi ses cheveux et creusé ses traits qu'elle ressemblait à une vieille femme. Pourtant elle venait tout juste d'avoir dix-huit ans. Elle se dévêtit en un tour de main et, si elle remit à plus tard le soin de nettoyer cette robe neuve, elle l'étala cependant sur son lit : robe d'affliction ou de joie, peu importait, elle lui avait coûté de l'argent. Elle lava son visage, ses bras, ses mains dans un peu d'eau. Puis elle passa sur un jupon élimé ses habits de tous les jours : pour elle, n'est-ce pas, la fête était finie, en admettant que la noce de son père eût jamais été une fête dans son esprit, en admettant que toute cette affaire eût jamais été autre chose qu'une entreprise menée tambour battant. Et tandis que les autres, là-bas attablés, se déridaient enfin, car après tout, même si cette union était un tantinet surprenante, il s'agissait néanmoins d'un mariage et on n'était pas là pour pleurer, au Domaine, la fille Estère aiguisait avec soin la grande faux puis, armée de cette lame qui vous aurait tranché le cou d'un homme comme un rien, elle commença de faire les foins dans l'herbage de l'Epine noire."
Le Domaine, Actes Sud.

"... Obliques, déjetés, frottés d'innombrables bourrasques, les pins se dressaient, flamboyants et parfaitement immobiles, contre le ciel sombre. Et jusque dans leur immobilité, leur haute silhouette gardait un balancement de funambule, à cause, sans doute, de leurs longues, amples et souples branches qui savaient prendre la vague, se soulever avec elle et en épouser les creux vertigineux. Alors il y avait fort à parier que, plutôt que de se briser, ils se coucheraient de toute leur hauteur, creusant dans leur chute un vaste cratère à leurs pieds, si jamais un jour ils devaient chavirer. Grâce au ciel - encore que le ciel de cet été venteux n'eût de cesse de lacérer leurs voiles, d'abattre leurs mâts, de les déséquilibrer - ils étaient debout, gigantesques oiseaux marins aux ailes crucifiées dans le flot rouge du soir, silencieux, invaincus."
Le chas de l'aiguille, Buchet Chastel

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Rencontres en milieu scolaire