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Les écrivains / adhérents

Esther Heboyan

Poésie / Nouvelle / Essais / Traduction
photo Esther Heboyan

Esther Heboyan, née à Istanbul en 1955, vit à Paris. Parents ouvriers. Langue maternelle : arménien. Langue du pays : turc. Enfance passée près de la Place Taksim à Istanbul, et à Göppingen en Allemagne. Apprend l’allemand. Adolescence en banlieue parisienne. Apprend le français. Partie en Angleterre et en Amérique du nord pour apprendre à parler et à écrire en anglais/américain. École de journalisme à l’Université d’Iowa. Professeur d’anglais en région parisienne. Doctorat en études anglophones à l’Université Sorbonne-Nouvelle, nommée maître de conférences, enseigne la littérature et le cinéma.
Le monde étant ce qu’il est, le quotidien apportant son lot de joies et d’absurdités, écrire pour résister, rire et rêver. Écrire pour ne pas mourir trop tôt. Écrire pour s’amuser avec les mots, interpeller dogmes et systèmes, agiter la mécanique des métaphores culturelles que l’on voudrait ériger en frontières.

https://blogs.mediapart.fr/esther-heboyan
Bibliographie

Fiction et poésie :
– Les Passagers d’Istanbul. Marseille, Éditions Parenthèses, 2006, 105 pages. (Trad. turque Sosi Dolanoğlu : Istanbul Yolcuları. Istanbul, Aras Yayıncılık, 2007, 131 pages.) Nouvelles.
– Les Rhododendrons. Paris, Empreinte temps présent, 2009, 68 pages. Poèmes.
– Comme un dimanche d’août à Burgaz. Paris, Empreinte temps présent, 2011, 152 pages. (Trad. turque Yaşar Ilksavaş : Burgazada’da Bir Ağustos Pazarı Gibi. Istanbul, Everest, 2012, 149 pages.) Nouvelles.
– « The Picture Bride », PEN International, Londres, Volume 60, No. 1, 2010, p. 26-32. Nouvelle.
– « Au-delà du pont de Galata », Une Enfance turque. Deniz Elif (ed.). Saint-Pourçain, Bleu autour, coll. d’un lieu l’autre, 2015. Nouvelle.
– « Le nchkark de ma mère », Non-Lieux de l’exil : Displaced Objects, 2016. Récit. https://displacedobjects.com/2016/11/28/le-nchkhark-de-ma-mere-esther-heboyan/

Poèmes parus : Recours au poème, Neige d’Août, The Armenian Weekly, The Armenian Poetry Project

Essais :
– San Francisco mis en scènes. Paris, Espaces & Signes, coll. Ciné voyage, 2018, 88 pages.
En préparation : Londres mis en scènes.

Traductions (anglais-français, turc-français) :
– Nedim Gürsel, Le voyage de Candide à Istanbul. Ferney-Voltaire, Éditions Comp’Act, coll. Bilingue La Visite d’auteur/L’Auberge de l’Europe, 2001, 105 pages.
– Nedim Gürsel, Balcon sur la Méditerranée. Paris, Éditions du Seuil, 2003, 182 pages.
– Nedim Gürsel, Au pays des poissons captifs. Saint-Pourçain-sur-Sioule, Éditions Bleu Autour, 2004, 233 pages.
– Nedim Gürsel, De ville en ville. Ombres et traces. Paris, Éditions du Seuil, 2007, 313 pages.
– Moris Farhi, Cantates des deux continents (Songs from Two Continents). Saint-Pourçain-sur-Sioule, Éditions Bleu Autour, 2013, 160 pages. Poèmes.
– Izzet Yasar, « Le ciel est à moitié bleu à moitié arménien », Siècle 21, n° 27, automne-hiver 2015, p. 207-208. Poème.
En préparation : poèmes d’Izzet Yasar en anglais, revue Delos, Université de Floride, Gainesville.

Direction d’édition :
– Exil à la frontière des langues. Arras, Artois Presses Université, coll. Lettres et civilisations étrangères, 2001, 143 pages. Préface + article.
– La figure de la comparaison. Arras, Artois Presses Université, coll. Lettres et civilisations étrangères, 2010, 140 pages. Préface + article.
– Le son au cinéma. Arras, Artois Presses Université, coll. Lettres et civilisations étrangères, série « Cinéma », 2011, 318 pages. Article
– La poétique du genre en Asie Orientale. Arras, Artois Presses Université, coll. Confucius, 2012, 208 pages. Article.
– Les Variations Jarmusch. Arras, Artois Presses Université, coll. Lettres et civilisations étrangères, série « Cinéma », 2017, 292 pages. Préface + article.

Extraits

Extrait de « Le Destin de Gloria Garod », Comme un dimanche d’août à Burgaz, 2011

Grigorious Garipoghlou se présente assis sur un coussin rond d’Orient occupé à trier des ouvrages, des mangas pour tout dire. De bas en haut d’une colonne on peut lire : « Gloria à la plage », « Gloria aux Bahamas », « Gloria à Palma », « Gloria in America », « Gloria à l’école », « Gloria au Congrès », « Gloria au pensionnat », « Gloria présidente », « Gloria et les garçons », « Ô Indomptable Gloria », etc.
Notre portraitiste cherche au fil des pages la parole de droite à gauche qui a déclenché colère, revanche. Il ne se souvient pas dans quelle édition il a pu lire la fameuse bulle motif d’assignation en justice dans le 9e district de la ville de Gdynk puis de condamnation à mort selon les rites de la Haute République. Il cherche pendant des heures et enfin il trouve. C’est dans le numéro 8 paru en janvier de cette année-là. On y voit Gloria Garod aux côtés de Frédéric Chopin dans sa retraite de Valmoresa, respirant l’air marin composant ses préludes divins. Gloria Garod s’étant substituée à l’amante célèbre de par les pouvoirs qui lui sont conférés. Car cette Gloria contrairement aux autres personnages de manga a la magie imaginaire de séduire non seulement les fils à papa mais également et mélodramatiquement les beaux mâles de l’Histoire moderne. À Majorque donc on la voit exhortant Chopin à endosser son destin, par exemple à équiper le navire de l’aventure nouvelle jusqu’à Gdansk. La parole maudite dans la bulle minime n’étant que l’exhortation à la passion.
Alors, de sous le coussin rond d’Orient de dorures brodées Grigorious Garipoghlou tire une planche, fait une copie trait pour trait de la Gloria Garod vivante couleur mandarine. À l’aide de hiéroglyphes d’une langue depuis longtemps disparue mais surnageant dans l’inconscient historique, le portraitiste retranscrit la parole notoire de la fameuse bulle. Dans le registre tragi-comique de l’humanité.
Et c’est ici que tout commence.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris