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Les écrivains / adhérents

Eve Roland

Poésie / Nouvelle / Essais / Théâtre
photo Eve Roland

Je suis née près d'un fleuve qui m'a laissé le goût des paysages étales et de la rêverie.
Enfant des années soixante, je vis et travaille aujourd'hui à Paris.
Entre les deux : la vie.
"La vie est décousue", dit André Dhôtel.
J'aime explorer de nouveaux horizons. Etre là où on ne m'attend pas. Faire l'école buissonnière…
J'écris pour lier entre eux les morceaux du patchwork.
Mon projet d'écriture : traquer le non-dit, la fêlure au sein des existences ordinaires, la violence larvée, les souffrances et les haines muettes en évitant le pathos, en sculptant au plus près le langage.

Bibliographie

Sous le nom d'Eve Roland

Théâtre
Mafia, ma non troppo, Théâtre de Nesle - Paris, 1995 (mise en scène Oscar Sisto)
Le Petit chaperon rouge ou une nuit à Tokyo, Atelier Bastille - Paris, 1994 (mise en scène Lucienne Rousseau)
La Forêt des Jours, France Culture, 1992 (réalisation Anne Lemaître)

Poésie
– « Ce n’est pas lui », revue Pourtant n°6, 2024
– « Les hommes à leurs fenêtres », revue Pourtant hors série « Pandémies », 2020
Elle serait partie, texte et installation sonore pour l’exposition Concorde à Notre-Dame d’Avranches, 2016
Princesse qu'on rentre, poème, éditions Mémoire Vivante, 2010
Dis-moi si ta vie a la couleur de l’ombre, poèmes, éditions Mémoire Vivante, 2004

Diverses publications dans les revues Incognita, Midi, et contribution à des ouvrages collectifs aux éditions Mémoire Vivante dans le cadre du Printemps des Poètes 2007 et 2010.

Nouvelles et textes courts
– « Y’a longtemps que t’en as pas fait », revue Pourtant n°3, 2022
Portrait en bleu, éditions L’Ourse brune, 2020
– « Dans la cage », revue Brèves n°113, 2018
– « L’instant d’avant », revue Temps, juin 2016
Please Love Me, novella écrite en résidence à l’Usine Utopik, Centre d’art contemporain de Tessy-Bocage, août 2011
La Troisième Sœur, recueil, éditions Mémoire Vivante, 2002
– « Je ne suis pas cette fleur », nouvelle, revue Midi, juin 2004
– « Une vieille habitude », nouvelle, revue Le Jardin d’Essai, juillet 1998
– « Une soirée à Venise », fragment, revue Le Paresseux, avril 1998
– « Le Rendez-vous de Bruges », nouvelle, revue Les Cahiers du Sens, 1997
– « Va bene a Baveno », nouvelle, revue Esthétique Cahiers, 1996
– « Insomnie », nouvelle, revue Le Paresseux, juillet 1994

Sous le nom de Martine Paulais

Comment écrire une nouvelle, éditions Enviedécrire (octobre 2019)
Papier, créations et métamorphoses (livre d'art) éditions Larousse /Dessain et Tolra (novembre 2006)

Depuis plus de 10 ans, elle anime des ateliers d’écriture autour de la nouvelle et a créé en 2020 les éditions L’Ourse brune, qui publient exclusivement des nouvellistes contemporains.

Extraits

Extrait de « Y’a longtemps que t’en as pas fait » (nouvelle parue dans la revue Pourtant n°3, septembre 2021)
— Tu as mal aux dents ?
Mon mari arrête de mâcher. Il repose sa fourchette et tourne les yeux vers moi. Son regard semble revenir de très loin.
J’insiste.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
Mon mari a les yeux gris foncé, parfois il y passe une brume changeante qui noie le gris, on dirait le ciel d’ici. C’est le cas aujourd’hui.
— Tatou est mort, dit-il.
Tatou, c’est le chien des voisins. Une bête stupide et affable, mais qui a la particularité d’avoir sauvé la vie de Jules, notre petit dernier, quand il avait huit ans. Jules avait trouvé le moyen de s’enfermer dans la glacière — toujours à faire des bêtises, celui-là, je savais qu’un jour ça finirait mal. Ce sont les aboiements de Tatou, planté devant la porte du frigo, qui nous ont alertés.
Mon mari est boucher. Ce soir-là, il a apporté une pleine assiette de filet de bœuf à Tatou pour le remercier. Il a fait ça toutes les semaines pendant exactement quatre ans, trois mois et vingt et un jours. Tatou était stupide, mais il avait fini par comprendre que la manne tomberait dans sa gamelle aussi régulièrement que la nuit succède au jour et, tous les vendredis, on l’entendait gémir doucement dès le matin jusqu’à ce que mon mari lui apporte sa ration.
Dommage que Tatou n’ait pas été derrière Jules le jour de la mobylette. Mais je sais que ça ne sert à rien d’y penser. Pauvre Tatou ! Après ça, mon mari est resté trois semaines sans lui porter sa viande, le chien n’a rien compris. 

Extrait de Please Love Me (Usine Utopik, août 2011)
…Gus est déjà là, son frère est le batteur du groupe qui fait la première partie. Il est tout fier, Gus, de saluer ses potes qui ont bien du mal à accéder aux premiers rangs, bousculant au passage quelques types pas très coopératifs mais accessibles aux arguments du service d'ordre. Entre les pendrillons, côté cour, les Max Brothers rajustent leur nœud-twist. Lunettes-miroir, chemises brillantes et pantalons en tire-bouchon, la main grattant déjà un accord, ils serrent la pince des petits jeunes venus les applaudir. Pol mate une Gibson, scrute les basses et la batterie, échange quelques mots avec un type en costume blanc, lunettes d'écaille et barbe de trois jours.
La salle est plongée dans une obscurité bleutée, traversée ici et là de lumières stroboscopiques qui font un teint de cadavre. La fumée des cigarettes, déjà dense, épaissit encore l'espèce de brume dans laquelle choses et gens paraissent flotter, irréels. Pol se sent devenir euphorique. Le murmure de la foule, les sons qui grondent dans les micros, les rires des filles à travers la salle le chatouillent délicieusement.
Une fille surgit de la nuit et fait la bise à Milou, qui présente ses copains. Elle doit être jolie mais, pour l'instant, sous ces lumières, ressemble plutôt à la fiancée de Frankenstein.
Pol lui accorde à peine un regard. Il vient de se souvenir que, cette nuit, c'est la pleine lune. Et qu'il aurait dû se rendre au bord de la rivière, pour voir si Loa lui a raconté des histoires ou si, vrai de vrai, les filles du village s'y rendent en bande pour récupérer leur queue de poisson avant de s'enfoncer sous l'eau.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences