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Les écrivains / adhérents

Issa Makhlouf

Poésie / Essais / Traduction
photo Issa Makhlouf

Écrivain et poète, Issa Makhlouf est né au Liban et réside à Paris. Docteur en Anthropologie sociale et culturelle (Université de la Sorbonne), il a publié plusieurs ouvrages en arabe et en français, et a traduit également des auteurs français et latino-américains.
Il est directeur de l'Information à Radio Orient à Paris. Il a été conseiller spécial des affaires sociales et culturelles à l’ONU, à New York, dans le cadre de la 61ème session de l’Assemblée Générale (2006-2007).

http://www.issamakhlouf.org
Bibliographie

Oeuvres en français
– Beyrouth ou la fascination de la mort, essai, éd. de la Passion, Paris 1988.
– Égarement, poésie, traduit de l’arabe par Jamel Eddine Bencheikh et accompagné de six gravures d’Assadour, éd. André Biren, Paris 1993.
– Mirages, prose, traduit de l'arabe par Nabil El Azan, éd. José Corti, Paris 2004.
– Lettre aux deux sœurs, prose, traduit de l’arabe par Abdellatif Laâbi, éd. José Corti, Paris 2008 (Prix Max Jacob 2009).
– Khalil Gibran, artiste et visionnaire, (catalogue de l’exposition qui porte le même titre), sous sa direction, IMA, Ed. Flammarion, Paris 1998.
– Une ville dans le ciel aux Editions Corti, 2014

En arabe
– Face à la mort, une étoile a ralenti, poésie, Ed. An-Nahar, Beyrouth 1981.
– Statues pour la clarté du jour, poésie, Ed. Abaad, Beyrouth 1984.
– La solitude de l’or, poésie, Ed. Al-Jadid, Beyrouth 1992.
– L’œil du mirage, prose, Ed. An-Nahar, Beyrouth 2000.
– Lettre aux deux sœurs, prose, Ed. An-Nahar, Beyrouth 2004.
– Longue fut la nuit aux portes de l’Ambassade, pièce de théâtre écrite en collaboration avec Nidal Al Achkar (2008). Traduite en français par Antoine Jockey.
– Partage du silence (anthologie), afâk arabiyya, Le Caire 2010.

Essais
– Rêves d’Orient (Borges aux confins des Mille et une Nuits) (essai et traduction), Ed. An-Nahar, Beyrouth 1996.
– La Pomme du Paradis (Réflexions sur la culture contemporaine), essai, Ed. Al-Markaz Assakafi Al-Arabi, Beyrouth 2006.

Traductions
Du français vers l’arabe, notamment :
– Pétra Le Dit Des Pierres (œuvre collective), (Ed Actes Sud, Paris 1993), Ed. Al-Mada, Amman 1993.
– L’Emigré de Brisbane de Georges Schehadé (Ed. Gallimard, Paris 1965), pièce de théâtre présentée par Nabil El Azan, Festival International de Baalbeck, Liban 2004).
De l’espagnol vers l’arabe, notamment:
– Anthologie de la nouvelle latino-américaine (Traduction et présentation), Ed. Mouassassat Al-Abhas Al-Arabiyya, Beyrouth 1985.
– La forêt de l’amour en nous d’Adonis (en collaboration avec Vénus Khoury-Ghata), (Ed. Mercure de France, Paris 2009).

Extraits

Planète

La terre est belle.
Beau le nuage qui s’en va seul dans le ciel, semblable à un oiseau perdu et désorienté dans son vol. Beaux les astres, aux étranges, aux inquiètes lumières. Gardiens de l’espace infini, ils t’observent de loin, te connaissent mais tu ne les connais pas. Auraient-ils donc de la compassion pour toi qui ignores ce qui t’attend dès le seuil ? À moins que ces étoiles n’oublient que leur sort est aussi le tien.
Tendre est la clémente brise touchant les fronts dans l’été lointain des îles. Tendres les pluies, agiles sur l’herbe sèche. Tendre est le parfum de la femme inconnue qui va son chemin près de toi.

Belle fut notre rencontre avant de trébucher sur les détails. Elle avait l’allure d’un croissant de lune auquel étaient suspendus nos rêves.
Belle est la terre lorsque l’âme la quitte. Tel un astronaute à travers sa vitre, je la vois bleue. Illuminée de l’intérieur, elle lève ses voiles blancs et me précède là où je vais.
Belle planète, notre Terre, allant vers sa fin avec un étrange délice.


Partir

Nous partons pour nous éloigner du lieu qui nous a vus naître et voir l’autre versant du matin. Nous partons à la recherche de nos naissances improbables. Pour compléter nos alphabets. Pour charger l’adieu de promesses. Pour aller aussi loin que l’horizon, déchirant nos destins, éparpillant leurs pages avant de tomber, quelquefois, sur notre propre histoire dans d’autres livres.
Nous partons vers des destinées inconnues. Pour dire à ceux que nous avons croisés que nous reviendrons et que nous referons connaissance. Nous partons pour apprendre la langue des arbres qui, eux, ne partent guère. Pour lustrer le tintement des cloches dans les vallées saintes. À la recherche de dieux plus miséricordieux. Pour retirer aux étrangers le masque de l’exil.
Pour confier aux passants que nous sommes, nous aussi, des passants, et que notre séjour est éphémère dans la mémoire et dans l’oubli. Loin des mères qui allument les cierges et réduisent la couche du temps à chaque fois qu’elles lèvent les mains vers le ciel.
Nous partons pour ne pas voir vieillir nos parents et ne pas lire leurs jours sur leur visage. Nous partons dans la distraction de vies gaspillées d’avance. Nous partons pour annoncer à ceux que nous aimons que nous aimons toujours, que notre émerveillement est plus fort que la distance et que les exils sont aussi doux et frais que les patries. Nous partons pour que, de retour chez nous un jour, nous nous rendions compte que nous sommes des exilés de nature, partout où nous sommes.
Nous partons pour abolir la nuance entre air et air, eau et eau, ciel et enfer. Riant du temps, nous contemplons désormais l’immensité. Devant nous, comme des enfants dissipés, les vagues sautillent pendant que la mer file entre deux bateaux. L’un en partance, l’autre en papier dans la main d’un petit.
Nous partons comme les clowns qui s’en vont de village en village, emmenant les animaux qui donnent aux enfants leur première leçon d’ennui. Nous partons pour tromper la mort, la laissant nous poursuivre de lieu en lieu. Et nous continuerons ainsi jusqu’à nous perdre, jusqu’à ne plus nous retrouver nous-mêmes là où nous allons, afin que jamais personne ne nous retrouve.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques