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Les écrivains / adhérents

Marcel Parent

Roman / Essais
photo Marcel Parent

Né le 29 novembre 1932 au Palais-sur-Vienne (Haute-Vienne).
Etudes au cours complémentaire du Pont-Neuf à Limoges puis à l’Ecole Normale d’Instituteurs de Versailles.
Etudes supérieures en Sorbonne. Agrégé de Lettres modernes.
Carrière au service de l’Education nationale : Professeur, Proviseur, Inspecteur Pédagogique Régional,
Inspecteur Général de l’Education nationale.

Mène en parallèle une vie de militant politique et d’élu municipal. Ancien maire-adjoint délégué à l’Urbanisme et au logement à Châtenay-Malabry.

A publié une dizaine d'ouvrages essentiellement axés sur la mémoire.

Bibliographie

aux Editions Geneviève Pastre :
- Chronique romanesque du temps de l’Imposture (roman) 1997
- Plouc Polar (sotie) 1998
- 3 boulevard de Lesseps-Versailles-Lieu de mémoire (essai) 1999
Recueil de témoignages sur l’Ecole normale de Versailles
- Tribulations d’un caddie au supermarché (roman) 2000
- Chemins d’école en liberté (récit – essai) 2002

- Les Vallées de la Mémoire (récit) 2003, Editions de la Veytizou
- Butte Rouge, Histoire d’une piscine (essai) 2003, Editions Le Temps des Cerises.
- Camarade Camille, militant communiste limousin (2005), Editions Le Temps des Cerises
- Georges Guingouin, les écrits et les actes (2006), Co-édition Ed. de la Veytizou – Le Temps des Cerises.
- Paulhan citoyen (2006), Editions Gallimard

Extraits

Extrait de Tribulations d’un caddie au supermarché,
Editions Geneviève Pastre, 2000.

Petit dialogue entre l'éditrice et l'auteur
- Votre personnage principal manque de profondeur, m’a dit Geneviève Pastre lorsque je lui ai soumis mon manuscrit.
- Mon personnage principal ?… Quel personnage principal ?… Il n’y a pas de personnage principal.
- Mais le caddie ?…
- Ah, oui, le caddie !… Personnage principal ?.. Certes !…
Et, à l’instar de Flaubert : « Madame Bovary, c’est moi », j’ai failli ajouter : « Le caddie, c’est moi !…
Mais, Madame Bovary, c’est quelqu’un, alors que le caddie, ce n’est rien… ou pas grand-chose…
Que penser d’un auteur qui s’assimile à un personnage qui n’est rien ?…
Pauvre de moi renvoyé d’emblée à ma néantise.
Mais, à la réflexion, si ce n’était que ça, l’auteur !… Rien…
Rien qu’un caddie brinquebalant qui n’a de profondeur que celle de sa nacelle où il trimballe ce que les autres ont bien voulu y mettre, ramassis hétéroclite de produits divers…
Auteur-caddie ou caddie-auteur - comme on voudra - modeste, qui rompt avec l’Ego de tous ces écrivassiers insupportables se poussant du col et exhibant leur moi au fenestron.
Auteur effacé devant l’œuvre.
Je rêve d’auteurs qui ne soient rien… et surtout pas académiciens…
Diable !… Jusqu’où vais-je ?… Serais-je disciple de ce délicieux Piron, contemporain de Voltaire, dont chacun sait qu’il fit sur sa tombe graver :
« Ci-gît Piron, qui ne fut rien
Pas même académicien » ?…
N’anticipons pas. Il sera toujours bien temps de songer à mon épitaphe. Et ce n’est pas exactement de cela qu’il s’agit.
Ne pourrait-on imaginer un roman sans personnage principal… et sans auteur ?… Un roman où l’auteur se ferait tout petit, sorte de statue de Condillac qui ne s’animerait que par l’apport extérieur, page blanche sur laquelle viendrait s’inscrire le monde ?…
- L’anti-roman, en somme !…
L’anti, c’est trop… l'a-roman devrait suffire.

Comme je n’en fais qu’à ma tête et ne tiens compte d’aucune observation, surtout pas de celles des éditeurs - ce qui m’a valu des déboires - je n’ai naturellement, rien changé du tout. Je me suis bien gardé d’approfondir mon personnage qui, caddie qu’il est, caddie qu’il reste et se suffit à lui-même.
Geneviève Pastre l’a bien compris qui, plus qu’éditrice, est auteur, ouverte à toutes les expériences esthétiques et toutes les formes d’art, respectueuse infiniment de la liberté d’écrire de chacun. Elle sait pertinemment, comme dirait Renaud, « qu’il ne faut pas gonfler Gérard Lambert quand il répare sa mobylette »… ou à défaut, qu’il pousse, sur des voies incertaines, son caddie.


Extrait de Paulhan citoyen, édition Gallimard, 2006.
Pourquoi ce livre ?
Mon approche de Jean Paulhan est un peu singulière.
J’aborde ce curieux personnage, que jusqu’alors je connaissais peu, par un biais qu’il n’est pas courant d’emprunter. Je vais faire, de ce qui n’est souvent que l’objet d’allusions en quelques lignes, l’essentiel de cette étude : Jean Paulhan, conseiller municipal de Châtenay-Malabry. J’essaierai aussi, au-delà, si la chose est possible, de cerner sa pensée politique.
Jean Paulhan, en effet, fut élu conseiller municipal de Châtenay-Malabry en 1935. Je le fus en 1983. Quarante-huit ans séparent nos élections respectives. C’est d’abord le regard d’un élu municipal, engagé à gauche, sur un autre élu municipal, engagé à gauche lui aussi, que je vais porter.
L’étudiant et le professeur de lettres que je fus n’avaient jamais étudié Jean Paulhan. Les professeurs de Sorbonne ne l’inscrivaient pas, alors, dans leurs programmes. Bonne excuse, c’était avant 68 et il était toujours vivant. Mais, l’inscrivent-ils plus aujourd’hui ?...
J’avais bien entendu parler, en classe de philo, des Fleurs de Tarbes. Le professeur les citait souvent. Mes premières tentatives de lecture avaient assez vite tourné court. Un peu plus tard, j’avais lu Le Guerrier appliqué, qui m’avait plu. Sans plus. Je lui préférais Voyage au bout de la nuit de Céline.
Je ne connaissais donc de Jean Paulhan que ce que tout le monde en connaît, ou croit en connaître : un personnage un peu lointain qui régentait les lettres.
Mon arrivée à Châtenay-Malabry, en 1981, m’avait fait découvrir que ce personnage un peu lointain s’était commis dans la gestion municipale de proximité. Son nom était associé au « Cercle Voltaire », cercle annexe de la bibliothèque municipale, qui organisait des conférences .
Les élus municipaux des années 80 portaient encore à Jean Paulhan un certain respect. Il arrivait, dans les conversations, qu’on mentionnât qu’il avait été conseiller municipal de Châtenay-Malabry. Mais il restait encore loin derrière les deux gloires locales : Voltaire et Chateaubriand. On était quand même allé jusqu’à donner son nom à une rue, ou plutôt à une allée-rue, c’eût sans doute été trop.
J’avais découvert, sept ans plus tard, l’éreintage en règle, par Ėtiemble, dans Lignes d’une vie, de celui qu’il considérait comme un père castrateur. Je m’étais dit qu’il faudrait que j’aille y voir, un jour, d’un peu plus près.
L’élu sur la liste de gauche conduite par le petit-fils de Karl Marx était-il ce fieffé réac, cet hypocrite, ce faux-cul que dénonçait Ėtiemble ?...
Par ailleurs, comme il m’arrive de me tenir un peu au courant des événements littéraires, des publications, des colloques, je trouvais que certains critiques littéraires parlaient de l’engagement politique de Paulhan avec une étrange pudeur, un peu comme d’une maladie honteuse, ou d’une passade, d’une fantaisie, sur laquelle il ne faut pas s’attarder, comme s’il était indigne de lui qu’il s’abaissât à la politique.
Il me paraissait bon, décidément, d’y aller voir de beaucoup plus près. Je connaissais si peu de Paulhan que je pouvais le faire sans préjugés. Il me fallait aussi un peu de temps. Un retraité, depuis octobre 1998, élu d’opposition, depuis juin 1995, en a. J’ai donc eu le loisir de lire et d’étudier Paulhan, de lire ce qu’on en a écrit. J’ai observé d’un regard neutre, en m’en tenant aux textes et aux faits. Ce m’a été une merveilleuse occasion de découverte.

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