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Les écrivains / adhérents

Odile Massé

Poésie / Roman / Nouvelle / Théâtre
photo Odile Massé

Née à Marseille en 1950.
A grandi à Paris, vit à Nancy.
Comédienne. Depuis sa création en 1972, fait partie de la compagnie 4 Litres 12 au sein de laquelle elle mène, avec le metteur en scène Michel Massé, un travail de recherche théâtrale sur le langage de l’acteur, l’imaginaire et le burlesque. Les spectacles de la compagnie ont été joués un peu partout en France et en Europe.
Se partage entre l’aventure collective qu’est la vie d’une troupe et la nécessaire solitude de l’écriture, l’une nourrissant l’autre.
(A aussi exercé, en d’autres temps, comme étudiante en philosophie, animatrice, secrétaire, chanteuse des rues, enseignante, hôtesse de l’air (48h) et femme de chambre…). En 1998, Tribu (Mercure de France) a eu le Grand prix de l’Humour noir.

Bibliographie

Poésie, romans, nouvelles
— Alma mater, AEncrages & Co, 1986
— Vingt et un cannibales, AEncrages & Co, 1991
— La femme poussière, Manya, 1992
— L’homme qui dort, AEncrages & Co, 1993. Encres de Julius Baltazar
— Tribu, Mercure de France, 1997. Grand prix de l’humour noir 1998
— L’eau du bain, L’Estocade, 1998. Dessins de Françoise Adamczak
— La vie des ogres, Mercure de France, 2002
— Manger la terre, Mercure de France, 2004
— La traversée des villes, L’Arbre vengeur, 2006. Dessins de Franck Hommage
— Jusqu’au bout, La Dragonne, 2007. Encres et lavis de Julius Baltazar
— La Compagnie des bêtes (tome I), La Pierre d’Alun, 2010. Dessins d’Olivier O. Olivier
— La Compagnie des bêtes (tome II), La Pierre d’Alun, 2011. Encres de Vladimir Velickovic
– Sortir du trou (dessins de Jean-Claude Terrier, L'Atelier contemporain, 2016)

théâtre
— La Guerre de Cent Ans, première semaine, Presses Universitaires de Nancy, 1992. Transcription du spectacle de 4 Litres 12
— Ça le désordre (avec Michel Massé), L’Amandier, 2005

Anthologies et ouvrages collectifs
— Poésie d’aujourd’hui, Bruno Grégoire, Seghers 1990
— Echo 1, Bernard Vargaftig, Serpenoise/AEncrages & C° 1991
— Drôles de bibliothèques, A.-M. Chaintreau et R. Lemaître, Cercle de la librairie, 1993
— Le Poète d’aujourd’hui, Dominique Grandmont, Maison de la Poésie Rhône Alpes 1994
— Douze écrivains d’aujourd’hui, Alain Lance, Serpenoise/Karlsberg 1994
— Sobre 18 poetas franceses, Prometeo (Colombie), 1997
— La Poésie en Lorraine, Bernard Lorraine, 2000
— La bibliothèque de Nancy, André Markiewicz, Nancy, 2000
— Douces ou cruelles ?, Daniel Conrad, Fleuve Noir, 2001
— Une magnifique désolation, Jean-Michel Ribes, Editions de l’amandier, 2003
— El divan, Ediciones El milagro (Mexico), 2003
— Esquive-Escale-Esquille, Jean Lewinski, TaIwan, 2006
— Le rire de résistance (avec Michel Massé), Jean-Michel Ribes, Beaux Arts, 2008

(Il y a aussi un certain nombre de revues : poésie, nouvelles, ainsi que des textes sur le travail de l’acteur. Et quelques catalogues d’artistes.)

Extraits

Alors, dans le jardin nous avons entassé les branches des arbres abattus par notre Père et leurs troncs aussi, débités à la hache, et nous avons glissé du petit bois entre les bûches, et du papier, du carton, des tiroirs que nous vidions l’un après l’autre, les robes, les costumes, les manteaux, les mouchoirs et la lingerie fine, et comme ce n’était pas suffisant nous avons jeté l’huile sur le feu qui brûlait en éloignant les bêtes de la nuit et nous arrachait des cris d’admiration, les flammes montant haut dans le ciel avec leurs bluettes, étincelles et flammèches, les tourniquets et les fusées, les brandons scintillants, les jets ardents qui vrillaient l’espace en bouquets toujours plus colorés tandis que tous ensemble nous agitions nos pelles, nos pincettes, tisonniers et fagots et fourgonnions dans le foyer, et nous avons cassé les tables, cassé les chaises, imbibé d’essence le linge qui se tordait en flambant, et encore nous avons vidé la maison, l’avons vidée de toutes ses choses amassées par les saisons, et comme encore ce n’était pas suffisant nous avons étouffé Père et Mère sous leurs oreillers, les avons étouffés, talés, ligotés et jetés dans le brasier, c’était beau, c’était beau, et dans la fumée nous avons fait une ronde et sur le sol écrit des choses avec nos doigts, nous avons pris des charbons pour dessiner sur les murs de la maison et puis nous avons secoué les cendres de nos souliers et nous sommes partis, sans même nous retourner, car c’est ainsi qu’on entre dans la vie.

(Tribu, Mercure de France, 1997)



XCV
Et les paroles d’elle, toutes les paroles il écrit au calame pendant la nuit, il écrit ses paroles et les enlumine avec art à la surface de sa peau tandis qu’elle dort profondément et quand tous les lieux de son corps, depuis la plante des deux pieds jusqu’aux paupières et entre les cheveux, quand tous les lieux de son corps seront couverts de ses paroles et qu’il ne pourra plus en ajouter même une, alors, fendant sa femme par le milieu recueillera sa peau et la roulera bien serré pour l’emporter dans ses voyages, ses très lointains voyages à travers le monde afin de lire chaque soir, de lire en déroulant sa peau les paroles qu’elle disait pendant le jour.

CIII
Aussi par jeu le soir elle éteint la lumière, elle éteint la lumière pour l’attendre dans l’obscurité, tout au fond tapie dans le fond de la maison, et lui, comme il entre à tâtons et la cherche et se heurte aux obstacles qu’elle a posés de-ci de-là, comme il entre à tâtons et la cherche il renifle avec force, renifle son odeur et quand il l’a trouvée alors il ouvre grand la bouche au fond de la maison, il ouvre grand la bouche où elle jette la table et les chaises et toutes sortes de choses de la maison, les jette au fond de son gosier pour apaiser sa faim avant de se jeter sur lui dès que le jour s’approche.

CVII
Et les draps souillés par la nuit les entasse
les entasse les découpe en très fines lanières et dans un grand chaudron les place sur le feu, les ensauce de sperme, les mouille de bave, les trempe d’humeurs salines et tourne, patiemment tourne le brouet, patiemment le brouet, l’infini brouet qu’elle sert aux hommes le soir dans la chambre d’amour.

(La Vie des ogres, Mercure de France, 2002)

Lieu de vie

Grand Est, 54 - Meurthe-et-Moselle

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques