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Les écrivains / adhérents

Olivier Bordacarre

Roman / Théâtre
photo Olivier Bordacarre

Olivier Bordaçarre, écrivain, comédien, metteur en scène et formateur depuis 1992.
Il crée la compagnie Le Théâtre de L'Olivier en 2000 et écrit ses propres créations : « Souvenirs d’école », « Confidences nocturnes », « Alfred et Gâpette », « Gâpette et Bouchon », « Protégeons les hérissons », nouvelle publiée aux Editions de La Diseuse en 2007, « Le Matador »

Olivier Bordaçarre dirige des ateliers d'écriture et de théâtre pour tous les publics (jeunes publics, scolaires, patients d'hôpitaux psychiatriques, personnes en insertion, précaires ou fragilisées, détenus...)
Thèmes abordés dans les écrits :
. secrets familiaux, quête d'identité, éducation, mensonge ("Géométrie variable", Fayard, 2006)
. inceste, révolte, non-dit, honnêteté, violence, victimisation ("Protégeons les hérissons", La Diseuse, 2007)
. désir, résistance, contrôle, système capitaliste et dictature, économie et politique, amour et amitié ("Régime sec", Fayard, 2008)
. folie meurtrière et vengeance, société de contrôle et sécurité, relations père-fils, amour et amitié, peur et psychose, politique sociale, exclusion ("La France Tranquille", Fayard, 2011)
. liberté et enfermement, érotisme, amour ("Un festin nu", Tarabuste, 2011)

C’est en tant que romancier qu’il est choisi par la Maison des Ecritures de Neuvy-le-Roi pour 5 mois d’une résidence soutenue par le CNL (juin – décembre 2011) pour l’écriture d’un quatrième roman : "Entraxes" à paraître chez Fayard.

Bibliographie

– "Musiciens en scène", Retz, 2001 (ouvrage collectif)
– "Poésie et Théâtre", Retz, 2002
– "Géométrie variable", Fayard, 2006
– "Protégeons les hérissons", La Diseuse, 2007
– "Régime sec", Fayard, 2008
– "La France tranquille", Fayard, 2011
– "Un festin nu", Tarabuste, 2011

Extraits

"Régime sec"
Anne-Sophie
carnet de bord - avril

soixante jours et nuits sur le Pacifique, seule. j’ai d’étranges pensées.
le bout des doigts à vif, les lèvres craquelées et l’eau des yeux salée.
je ne sais plus très bien pourquoi je suis ici, sans personne à qui parler.
bien sûr je suis en liaison satellite, oui, j’entre en contact régulier avec la terre. ils savent où je suis.
Pourtant j’ai la preuve qu’aucune technologie ne peut désenfouir les êtres de leur solitude.
je pense à toi Xavier, sur ton propre océan. je suis proche de toi et de ton abandon.
j’ai été portée, entourée, protégée, soutenue, encouragée et aujourd’hui le seul être vivant que j’ai aperçu était un poisson volant.
l’exocet veille au silence. as-tu ton poisson, toi aussi ? tu es celui dont personne ne parle.
de quel bois se chauffe ce courage exceptionnel dont on affuble l’héroïne ?
je suis si petite, là, au centre de nulle part…
l’océan à perte de vue, le ciel infini, la profondeur terrifiante des eaux sous le bateau
j’ai fait des études d’ingénieur en aéronautique.
j’ai étudié l’océanographie et la vulcanologie dans l’école la plus prestigieuse de france et suivi des stages aux états-unis, en suède et en polynésie.
ai-je désiré cela ? est-ce que j’assouvie ici un véritable désir ? je ne sais plus.
je tire sur d’illusoires avirons ultra légers. des coups d’épée dans l’eau.
à tout instant je peux être secourue quelle que soit la position de Pacifico.
et si je jetais les balises par-dessus bord ?

deuxième extrait : "La France Tranquille"

Derrière ses portes à judas comme autant de vigiles cyclopes, Nogent-les-Chartreux dormait d’un sommeil épais, sans rêve, ses artères ne pompant de la nuit que le silence suspect des déserts sécurisés. La vie s’était repliée vers les appartements coquets des ruelles historiques puis, en cercles concentriques, vers les immeubles, les quartiers pavillonnaires, les tours de la Cité du Bas, les maisons aux volets clos le long du canal et les dernières fermes vétustes des paysans rescapés.
On s’était rincé l’œil au divertissement télévisuel du samedi soir à quatre-vingt-dix-huit pour cent de matière grasse – les miraculeux deux pour cent de matière grise résiduels étant l’œuvre de l’ultime fragment d’humanité des « stars » invitées : chanteurs has-been tartinant les écrans plats de leur bêtise et improbables mannequins, la peau plus tendue qu’une baudruche, échouant à faire croire à leur retour sur scène. Le présentateur vedette s’était une fois de plus déshonoré à coups de galéjades d’avant-guerre : le vichysme des chiens de garde est immortel. Mais le somnifère cathodique avait fait son effet et la ville en écrasait ferme derrière le triple vitrage. Portes blindées, alarmes, caméras de surveillance et patrouilles de gendarmes somnolents veillaient à la tranquillité du vulgum pecus.
Une pluie fine et acide arrosait chichement les potagers de la périphérie. Une délicatesse prolétarienne suintait de cette glèbe où, dès l’aube, des retraités insomniaques désherbaient les fraisiers. À quatre-vingts ans, on s’y sentait mieux qu’à la ville et, pour la pose de 10 h 30, sous la tôle ondulée de la baraque à outils, sur des sièges fatigués, on se tapait un canon entre amis. À peine plus loin, les enseignes géantes de la grande distribution dilapidaient les kilowatts de la communauté, non pour en égayer la nuit, mais pour rappeler, jour après jour, l’ordre fatal de la laideur.

Lieu de vie

Centre-Val de Loire, 37 - Indre-et-Loire

Types d'interventions
  • Résidences