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Les écrivains / adhérents

Quentin Biasiolo

Poésie
photo Quentin Biasiolo

Quentin Biasiolo est né en 1991 à Besançon. Normalien, agrégé de philosophie, ses recherches témoignent d'un intérêt pour les croisements entre philosophie et littérature et il prépare actuellement une thèse de doctorat sur « L'amour chez Jean-Jacques Rousseau ».
Après avoir fait paraître des poèmes en revue, il publie en 2016 aux éditions de L'Amourier son premier livre, intitulé Restes et préfacé par le poète et critique Jean-Michel Maulpoix.
Actuellement, il travaille à son prochain ouvrage, intitulé Arias, qui tâche de remettre la poésie au service de la narrativité, et qui prolonge les questions déjà suggérées dans Restes : constitution d'une subjectivité, connaissance de soi, relation à l'altérité – autant de problèmes que l'on peut réduire à la classique et vieille formule : Qu'est-ce que le moi ?

Bibliographie

Publication :
– Restes, (L'Amourier, 2016, poésie)

Extraits

« Chutes », Extrait de Restes :

En silence tu descends il n'est pas question que tu parles. Qu'aurais-tu donc à dire que tu n'aies jamais dit. Il n'est plus question que tu prennes la parole. Si je me retourne il y a ta poitrine pâle après l'averse – et qui cherche dans le ciel quelque chose comme un vêtement. Quelque chose comme une vie nouvelle.
Mieux vaut s'épargner quelques redites. Au-dessous d'un plafond ni vraiment gris ni vraiment blanc nous nous recueillons. Tu sais j'ai une certaine inquiétude des mouvements. Toi tombée alentour – il y a eu très souvent ta figure clarifiée. Toi réduite à ta peau à la surface du corps – et puis il y a ces taches qui te succèdent.
En suis-je moi-même couvert. J'aimerais que tu me le dises mais sans avoir à prendre le risque. J'aimerais que tu te rassembles un peu – en une sorte de réconciliation. Que ta dispersion n'aille pas à l'infini.
Et tu ne cesses de revenir – droite contre nos étendues. Moi je reste comme cloué sur ce morceau de terre molle. N'es-tu pas épuisée de ces cérémonies ne voudrais-tu pas à la fin te reposer quelques minutes – le temps que la pluie s'arrête. Se reposer calmement en attendant le soir.


« Monuments », Extrait d'Arias :

Prisonnier désormais des énormes cités je me heurte à certaines sortes de contradictions nouvelles – voyant là le lieu seul où je pourrais te trouver tout en sachant qu'à la fin c'est ailleurs qu'il faudrait aller vivre. Toujours les rues m'apparaissent alors comme ce lieu impossible où pourtant il faut être – la ville et ses si grandes façades sans cesse bloquant ma vue tout en risquant toujours d'y donner son objet je me rappelle nos anciennes demeures en d'anciennes cités et je vois combien les paysages que l'on désire tiennent en nos pensées et à chaque moment infiniment plus de place que le lieu quelconque où en effet l'on reste parce qu'il se trouve qu'on y est sans que l'on sache pourtant par quel hasard on y est arrivé.
Alors aux anciens monuments parfois je reviendrai – ayant besoin encore de rouvrir quelques portes et croyant sans doute que personne depuis lors n'a jamais eu l'occasion de les franchir – portes et fenêtres illusoirement vierges depuis nos récents départs. Revenant ainsi sur les marques de nos passages déjà tellement vieux je ne veux parcourir ces places ni en simple curieux ni même en voyageur. De retour en ces vieilles terres je puis dire qu'il n'y aura ni visite ni photographie d'aucune sorte – mais une fois loin des villes seule maintenant comptera notre situation commune d'autrefois cette campagne mouillée qu'au commencement des heures l'on semble voir comme au travers d'une vitre sale et certainement vieille.
Mais ces places je crois pouvoir le dire ne me contenteront pas. Sans doute y serai-je en fait comme j'eusse été ailleurs – rendant par la simple avancée de mes pas chaque lieu identique à tout autre et croyant parce que j'aurais retrouvé quelque endroit pouvoir en même temps ramener quelques heures. Mais ces places je le sais jamais ne parlent assez haut – je n'y vois pas ce que je voudrais voir et je sens qu'à force de ne plus me trouver dans les choses j'en viendrai à ne plus figurer au-dedans de moi-même – sentant bien que me fait défaut celle qui seule aurait su faire le lien entre l'ancien monde et les sphères nouvelles ouvertes face à moi. Mais les pavés où nous fûmes ensemble je le sais ne sont plus – les lieux que nous avons connus se sont retirés du monde de l'espace et je comprends désormais que les maisons les portes et les rues sont fugitives – comme sont aussi les heures. Et parce qu'à la fin jamais je ne t'y trouve chaque rue chaque ville chaque trottoir à l'arrière de mes pas s'effondre et disparaît tandis qu'en moi reste seule l'impression incertaine d'avoir connu pour rien une nouvelle aire du monde qui pourtant me semblait familière et dont j'oublie déjà les détails singuliers – conservant seulement la pensée que ce séjour à la fin me fut bien inutile.

Ma bibliothèque

Apollinaire, Augustin, Baudelaire, Céline, Cioran, Albert Cohen, Dante, Descartes, Diderot, Flaubert, Gide, Hegel, Victor Hugo, Jaccottet, Kafka, Kant, Kierkegaard, Laclos, Lamartine, Leibniz, Marc-Aurèle, Maulpoix, Musset, Bernard Noël, Pascal, Pessoa, Platon, Proust, Racine, Rousseau, Saint-John Perse, Sartre, Schopenhauer, Senancour, Sénèque, Stendhal, Thérèse d'Avila.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
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