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Les écrivains / adhérents

Reine Marguerite Bayle

Jeunesse / Théâtre / Contes
photo Reine Marguerite Bayle

Apres avoir été journaliste à Bayard Presse, Reine Marguerite Bayle choisit le théâtre et fonde sa compagnie "le Clownambule-Théâtre" au sein de laquelle elle écrit et joue 22 pièces en majorité pour le jeune public.

Baccalauréat philo-lettres. Licence de Lettres à la faculté de Censier à Paris. Parallèlement, concours des Beaux Arts de Paris, atelier d’Etienne Martin en sculpture (3 ans). Ecole de mime du Nouveau Carré Sylvia Montfort (2 ans) une année dans la troupe de Gérard Le Breton. Stages de formation professionnelle avec Bylan puis Gaulier sur le clown, l’art dramatique avec J.L. Martin Barbaz et le théâtre de la Jacquerie. Stages AFDAS avec Nicole Juy (chant), Jacques Templeraud du théâtre Marnaf (le rapport à l’objet), Alain Gautré (clown) et Norbert Aboudarahm (le burlesque et les excentriques.)
De nombreuses expériences pour le théâtre : auteur, interprète et metteur en scène de la compagnie Clownambule.

http://www.reguy-arts.com
Bibliographie

Littérature pour la jeunesse
Mon ami Pedro, Bayard Presse (« J’aime Lire- »)

Dans la collection "J’accuse!" chez Syros Jeunesse :
Prich,l’enfant blessé, 1998, à propos des mines antipersonnel.
Souviens-toi, Akeza!, 2000, sur le génocide au Rwanda.
Dolma la rebelle, 2001, sur la sinisation du Tibet.
Les petits soldats, 2003, sur les enfants-soldats de Sierra-Leone
Mamie Fugue, 2006, pièce de théâtre pour une classe aux éditions Le Griffon Bleu

En préparation chez Hachette poche, collection Histoires de vie, un roman sur les indigènes du nord de l’Argentine : les M’bya Guarani menacés d’extinction à cause de la déforestation

Extraits

J'accuse !
Les Petits soldats

Montagne du Lion, original pour un nom de pays, non? C’est celui qu’un navigateur portugais a donné à ma terre en la découvrant au quinzième siècle. Regardez le continent africain. Vous le voyez ce petit morceau d’Afrique, à l’ouest, entre Guinée et Libéria, au bord de l’océan Atlantique ? Il est magnifique, fertile, peu peuplé. Il pourrait être un bel endroit pour vivre. Oui mais voilà, contrairement à vous, je n’ai pas la chance d’être citoyenne d’une démocratie pacifique et prospère. Je vis en Sierra Leone pour le malheur et pour le pire. Ici l’espérance de vie est de trente neuf ans. C’est la plus faible du monde. Naitre sierra-leonaise, c’est très vite ne plus être. Nous ne naissons pas tous égaux sur cette planète.
Ma langue d’origine est le temné qui est celle de l’ethnie à laquelle j’appartiens. Les Temné viendraient du Fouta-Djalon, en Guinée actuelle. Des ethnies, il y en a beaucoup d’autres : les Mendé qui ont inventé une écriture originale le ki-ka-ku, les Limba, les Koranko, les Kono ... A l’école on apprend le Krio dérivé de l’anglais, parlé par la majorité des sierra léonais. L’anglais, notre langue officielle, nous vient des britanniques qui nous ont colonisés au début du 19 ème siècle. Devenus indépendants en 1961, nous avons tous eu le droit de vote mais la démocratie n’est pas venue pour autant à cause du tribalisme et de la corruption. J’ai poussé mon premier cri de nouvelle-née à Mano, un petit village près de Bo, chef lieu de la province du Sud que nous appellons “la deuxième ville” et qui se trouve à environ 250 km de notre capitale, Freetown. Ville Libre, voilà encore un beau nom, pour une capitale! Il lui a été donné pour avoir accueilli les premiers esclaves affranchis, les créoles, venus d’Amérique et des Antilles. Freetown, Ville Libre ? C’est de l’histoire ancienne, périmée. Pour moi, c’est toujours une ville d’esclaves. D’esclaves de la violence et de la haine .
Comme la majorité des habitants de Sierra Leone mes parents sont agriculteurs dans les environs de Mano. Ils cultivent le manioc et le riz. C’est beaucoup de peine et peu de bénéfice. Ma mère essaie de vendre une partie de notre production sur les marchés de Bo. Notre région est connue pour son “gari” dont je raffolle. C’est de la farine de manioc séchée qu’on mange en bouillie, mélangée le plus souvent avec de l’eau et du sucre. Mon père a monté une toute petite forge où il travaille le fer pour fabriquer des outils agricoles. Du courage, mes parents n’en manquent ni l’un ni l’autre. lls nous élèvent, mes deux frères

Hassan et Abdul, ma soeur Memuna et moi, prénommée Hawa, avec beaucoup de sagesse et de sollicitude. N’ayant jamais fréquenté l’école ils sont analphabètes comme près de 80% de notre population du reste. Ils le regrettent vivement. Aussi, ils font tout leur possible pour payer nos droits de scolarité très élevés pour leurs minces revenus. Sans parler de l’uniforme obligatoire pour chacun de nous. Contrairement à certaines familles musulmanes qui n’envoient à l’école que leurs garçons, pour mes parents, musulmans pratiquants, il est hors de question que ma soeur cadette Memuna ou moi soyons privées d’éducation. Sachant que, surtout à la campagne, une majorité d’enfants de ce fichu pays ne mettra jamais un doigt de pied dans une classe, nous sommes bien conscients tous les quatre de notre chance et nous ne la gâchons pas. Faire 14 kilomètres à pied par jour par tous les temps pour aller à l’école quand, depuis l’aurore, on a déjà travaillé au champ ou à la maison pour aider les parents, franchement, cela demande du courage et de la volonté. Abdul est le moins enthousiaste de nous quatre car il aime forger et il pense qu’il peut apprendre avec notre père sans avoir besoin d’aller à l’école. Il resterait volontiers à la maison pour actionner le soufflet et façonner le métal avec papa. A tour de rôle, nous lui disons qu’il aura bien le temps de faire ce métier et qu’en attendant, il peut apprendre à lire, à écrire, à calculer, et surtout à s’ouvrir l’esprit à des choses qu’il n’aura jamais l’occasion de connaitre autrement. En nous regardant partir le matin, Maman, sourire en coin, oeil rieur et mains ouvertes posées sur les hanches selon son habitude, ne peut s’empêcher de nous seriner avec envie et fierté : - Ah ! mes enfants ! Quelle chance vous avez d’apprendre!. Moi, en fait, ce que je trouve génial, c’est d’apprendre à apprendre !

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences