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Les écrivains / adhérents

Violaine Bérot

Roman
photo Violaine Bérot

Je suis née en 1967 au fond d'une vallée pyrénéenne. Ensuite il y a eu les études, la ville, une belle situation – informatique, aéroports et voitures de location, parfaite jeune cadre dynamique... A 30 ans, j'ai tout lâché, me trouvant ridicule dans cette vie-là. Suis retournée vivre au plein cœur des Pyrénées. Loin. Adossée aux arbres, avec la montagne en plein regard.

Par chez moi, on sait peu que j'écris, on l'oublie, ça n'importe pas. Écrire ne ressemble pas à un travail. Le seul métier que l'on me reconnaisse dans ma vallée, est celui d'éleveur. On ne fait pas appel à moi pour parler littérature mais lorsqu'une mise-bas est difficile, ou parce que mes mains savent traire et qu'il faut remplacer quelqu'un. Pour les gens de mon pays, que j'écrive n'est pas gênant, c'est seulement comme superflu.

J'écris pourtant. En-dehors du travail des bêtes, je crois même ne faire presque que cela. Quand je n'ai pas l'air d'écrire, j'écris encore. Je lis au soleil, et c'est pour écrire. Je marche des heures durant, et c'est encore écrire. Je ne dors pas la nuit mais c'est toujours écrire. Parfois je m'assieds à ma table, il ne me faut presque rien, un stylo, un papier – et puis, oui, une chose encore, cela surtout : me refermer très fort sur moi. Écrire c'est me retrouver seule, intensément.

http://www.violaineberot.wordpress.com
Bibliographie

Jehanne, Denoël 1995, réédition Lunatique 2013, roman.
Léo et Lola, Denoël 1997, roman.
Tout pour Titou, Zulma 1999, réédition Lunatique 2012, roman.
Notre Père qui êtes odieux, Baleine 2000 (collection « Le Poulpe »), réédition Cairn 2014, roman policier.
L’Ours : les raisons de la colère, Cairn 2006, témoignage.
Pas moins que lui, Lunatique 2013, roman.
Des mots jamais dits, Buchet-Chastel 2015, roman.
Nue, sous la lune, Buchet-Chastel 2017, roman.
Tombée des nues, Buchet-Chastel 2018, roman.
Comme des bêtes, Buchet-Chastel, 2021, roman.

Extraits

Tout pour Titou, Lunatique 2012.

J’aime bien quand on mange. On s’assied tous les trois autour de la table. J’aime bien quand on est assis tous les trois autour de la table.
Je fais attention à ne pas faire de bruit. Il faut que je fasse attention quand je mange à ne pas faire de bruit en mâchant. Je fais très attention.
Je sais qu’elle n’aimerait pas que je fasse du bruit en mâchant.
En posant la fourchette et le couteau aussi je fais attention. Il faut que je les pose doucement sur la table.
J’aime bien quand on mange parce qu’on est ensemble.
Mais il ne faut pas que je fasse de bruit.
Je mange très lentement. Si je mange lentement je reste plus longtemps avec eux. C’est pour ça que je mange très lentement.
Quand j’ai fini de manger je retourne dans mon endroit. Je mange lentement pour y retourner le plus tard possible. Je m’applique à mâcher. Il ne faut pas que je fasse du bruit en mâchant. Je mâche lentement et sans bruit.
Au bout d’un moment je suis obligé d’avoir fini. Il n’y a plus rien à manger dans mon assiette. Je pose doucement le couteau et la fourchette sur l’assiette. Je pose la fourchette d’abord, très lentement, et puis le couteau par-dessus en travers. C’est difficile de ne pas faire de bruit, mais elle n’aimerait pas que je fasse du bruit alors je ne fais pas de bruit.


Des mots jamais dits, Buchet-Chastel, 2015.
Il était une fois une vilaine petite fille qui venait de naître. L’histoire commence là.
Sa peau presque mauve, ses cheveux plutôt longs disséminés par touffes, son crâne étrangement tordu vers la gauche, tout ce que l’on regarde d’elle est laid. À sa décharge, on doit admettre qu’elle revient de loin – l’accouchement a failli tourner au désastre. Sans doute était-elle trop grosse mais ce n’est pas seulement cela. La vérité, si l’on peut se permettre de la rapporter, est que la mère n’y a pas mis du sien. Ou, plus exactement, la mère a fait tout son possible pour ne pas mettre au monde l’enfant. Elle, pourtant, se savait prête, ne demandait qu’à éclore, mais la mère résistait autant qu’elle le pouvait, au risque de l’étouffer dans son ventre. Presque morte et refusant néanmoins de mourir, l’enfant s’accrochait à vivre, luttait à coups de pied, de poing, de bras, à en faire crever de douleur la mère – en vain.

Ma bibliothèque

- Laurent Mauvignier, Seuls.
- Sylvie Germain, Jours de colère.
- Marguerite Duras, Dix heures et demie du soir en été.
- Christian Gailly, Un soir au club.
- Emmanuelle Pagano, Les Mains gamines.
- Christian Oster, Mon grand appartement.
- Laurent Gaudé, Ouragan.
- Marie-Hélène Lafon, L'Annonce.
- Thierry Illouz, La nuit commencera.

et puis, indispensable : Le Petit Robert.

Lieu de vie

Occitanie, 09 - Ariège

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
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