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Les écrivains / adhérents

Roxana Páez

Poésie / Essais / Traduction
photo Roxana Páez

Poète, essayiste et traductrice argentine, agrégée d’espagnol, Roxana Páez a traduit, entre autres, des textes de Pierre Klossowski, Rachid Boudjedra, Michel Serres, Cornelius Castoriadis, Henri Méchonnic, Marcel Duchamp, Georges Bataille, Mamhoud Darwich, Josée Lapeyrère, Geneviève Huttin et d’elle-même. En 2018 sont apparus en castillan Impasse de la Baleine (livre transgenre ayant comme axe un quartier de Paris où des migrations humaines convergent ce siècle et aussi le dernier), ainsi que La Tiza de Poe. Elle a publié douze titres à Córdoba et à Buenos Aires. En français, Lettera rarissima et Le journal de la china. Là où le diablo perd le poncho et le renard et le lièvre se disent bonne Nuit, chez Fidel Anthelme X et Brindilles à sa flambée chez Reflet de Lettres (éd. bilingues). Elle a reçu des bourses pour la traduction et la création de la Direction du Livre en 1998 et en 2012, ainsi que des prix dans son pays, à plusieurs reprises, pour des livres de poésie et pour des essais sur l’oeuvre d’autres écrivains. L’adaptation de sa thèse de Doctorat sur poésie et espace a obtenu dans son pays le 2ème Prix d’Essai du Fond National des Arts. En 2016 a été en résidence à la Biennale des Poètes de Val-de-Marne avec le soutien de la Région Ile de France. La même année est sortie en deux volumes l’Oeuvre réunie et annotée de Francisco Madariaga (poète fondamental du XXe siècle) sous sa direction.

Bibliographie

LIVRES DE POESIE:
2018 : La Tiza de Poe. La Plata, Malisia.
Impasse de la Ballena. Córdoba, Alción.
2017 : TraVersEe (en français, plaquette). Marseille, Fidel Anthelme X.
2016 : Contradegüellos. Œuvre réunie de Francisco Madariaga (direction et projet, préface, notes, essais). Sous presse.
2015 : Impasse de la baleine. Voyage autour de nos maisons (inédit)
2012 : Brindilles à sa flambée (traduction de Fogata de ramitas y huesos, édition bilingüe). Paris, Cordoba, co-édition de Reflet de Lettres/ Alción.
Le journal de la china (Là où le diablo perd le poncho et le renard et le lièvre se disent bonne Nuit), édition bilingue. Marseille, Fidel Anthelme X./ Córdoba, Sofía Cartonera, 2012.
2011 : Serie de banda rumorosa. Córdoba, Alción.
2007 : Madre Ciruelo. Córdoba, Alción.
2007 : Lettera rarissima (antologie bilingue). Marsella, Fidel Anthèlme X.
2002 : Fogata de ramitas y huesos. Córdoba, Alción (réédité en 2009)
1999 : La indecisión. Buenos Aires, La Marca.
1995 : Las vegas del porvenir. Buenos Aires, La Marca.
1994 : Gran distracción animada. Buenos Aires, Seis Sellos.

Parmi ses ESSAIS :
2013 : Poétiques de l’espace argentin. Juan L. Ortiz et Francisco Madariaga. Buenos Aires, Mansalva.
1995 : Manuel Puig. Del pop a la extrañeza. Buenos Aires, Almagesto.

Parmi ses DISTINCTIONS :
2012 : Second Prix d’essai du Fond National des Arts (Argentine) pour Poétiques de l’espace argentin.
2010 : Premier Prix International Juan L. Ortiz aux livres de la décennie pour Fogata de ramitas y huesos.
1993 : Premier Prix National de Poésie du Concours Enrique Pezzoni, Facultad de Filosofía y Letras, Universidad National de Buenos Aires.
1994 : Second Prix de Poésie LA PIEDRA MOVEDIZA (Tandil, Buenos Aires).

Extraits

traVERSée

A travers le travail je vais
vers les vers voire les travers
du vers pour trouver le rail.

Le papier traversé vient du tri,
des trouvailles des traversées.
Il s’agit de se verser. Se bercer

ou ser res jusqu’aux vers.
Traduction, la traversée pour
le travail. FATIGUE TRAVAILLER.

Figues ! miei figli, mes fils
sont restés là-bas, se sont
soustraits à moi, les vaillants,

moi, traversant la mer, les saisons,
l’océan du surcroit, transbordant,
débordée par les tracas, non travail.

Débord à bord d’une chaloupe,
d’un radeau au ras d’eau, d’or
de l’imagination trépidante,

trébuchante. On se perd, on
se trouve tirebouchon, on se
tire ? une balle parfois imaginaire.

Transfuge ! traverser a été
une fugue. Fugit irreparabile
tempus me traversant

les tempes, la trouille de ne pas
trouver du travail, la traversée
tragique parfois comique,

contrats trash, le tri de tracts
pour le triomphe des traiteurs
du travail sans trêve, les traitres !

Fils de truie, fils d’autrui, pour
la fin du cdi, pour le tri de
travailleurs sans cri, jetables.

Va trouver comment traduire,
cette transe avec le seul corps.
Va, va trobar au Trobar Club.

La traversée pour le travail
devient tragique, trop. Trip
tribulation, transport de morts.

Des tourbillons où trouvent
leurs turbes les partants en tour
sans retour, dépouillés, après,

dépouilles des profondeurs.
Les survivants en surface sont
traversés par leurs versets.

L’eau travaille à l’écrire.


La traduction, la traversée et le travail

Devenir escaliéteur, en faisant des repos et plus de repos.
Comme le silence.
Le photogramme était le silence.
Mais quoi que ce soit
ce qui le déclenche,
le stoppage de l’information
devient la possibilité de.


Les langues sont des façons de garder les secrets.


Nous montons dans l’ascenseur qui vient du subcontinent.

Le troisième jour de la résidence je, tu, elle n’étions pas toujours assignée à.


Les romans réalistes tellement tendance
sont si inintéressants. On ne peut pas se laisser
enfermer entre leurs pages qui disparaissent
façon « journal d’hier ». On s’évade
d’un livre de ce genre, comme d’un foyer.


***

On n’a plus qu’à danser : claquettes !
Touches qui clapotent doucement,
laissant le soin du reste au soleil.
La lumière c’est l’espace, l’objet de luxe, la dépense,
ainsi que le goût de la vie délestée, nomade, frugale.
Par amour des particules,
par haine de ce qui transforme
chaque occasion de liberté, en produit.

Pour l’instant toute la pensée
aboutira à un plan d’action marketing.

***

COMMENT S’EN SORTIR SANS RENTREE
L’idée de la vie comme une école

Une ânesse peut-elle être comique ? — Rire sous un fardeau que l’on ne peut ni porter ni rejeter ?... Le cas de la poète. Elle a compris son admiration pour les ânes en ces temps de crépuscule des idoles.
L’issue de l’homme est à la rentrée, s’il est romancier à succès.

L’idée de la vie comme une école :
On n’a jamais supporté l’idée de la rentrée,
mais celle du livre à venir.

La notion de dépense
autour de nos chambres nous a offert
une poétique de l’espace.

Ce sont des livres
de développement personnel.
Qui voudrait rentrer ? Revenir à l’école
est un cauchemar répétitif pour pas mal
de gens. Rentrez !

Valéry dit que la prose n’existe pas.
Et un maudit argentin disait :
« dès qu’il y a de la prose,
zas! (vlan!), poésie »,
la principale industrie du luxe.

Pourtant Samuel Johnson a proclamé que
seul un âne écrirait pour une autre
chose que l’argent. Nous trouvons sublime
la beauté des ânes.

Un train passe.
Fugit irreparabile tempus
vers des usines du nouveau.

L’être à mécanisme poétique raisonne par des condensations, des sauts ; des intuitions où la vérité fragmentaire et relative se révèle fulgurante, par des bribes ou des excès de vitesse de la pensée.

L’extraordinaire aptitude à réagir sur l’instant ..., elle l’a apprise en côtoyant les Indiens de son quartier et au cinéma, mais surtout avec les administrations de ressources humaines, la mort et les oiseaux, ici sur les toits, là-bas en traversant les rues de sa ville natale. Il y a longtemps la traversée a commencé, mais s’il y a un instant qui puisse être déterminé comme celui du début, il lui semble tout près, comme si c’était hier. Son bateau n’a pas coulé, les conséquences sont toujours d’actualité. Je, tu, elle commence : Je travaille/ Amis, je me remets à travailler/.../ Je travaille. A quoi ? Mais... à tout


Elle a déjà allumé le sampler. Elle se répète : j’ai pris, j’écris, je songe. Et puis : j’entends le bruitage du papier gratté ou les doigts clapoter. Applique à ces bruits un traitement.
Mixe... ! pour la mixité. Remixe ! pour la multiplicité et pour le SILENCE productif, le luxe de l’ouïe. Black-out.


D’Impasse de la baleine :

Sans poser de question, le quartier-village abrite la mémoire d’une fuite, les raisons de celle-ci, mais surtout les expériences de la traversée de chacun pour devenir un autre et soi-même. Les accidents encourus au long du parcours le rendent initiatique. Les scènes de rue, les obstacles se combinent avec les pensées de l’expérience de la dépossession et du décollement forcé ou volontaire.

Dans ce livre, comme dans les précédents, les poèmes ne sont pas isolés.
(Qu’est-ce qu’il y a dans un nom ?)
Mon travail quotidien consiste à contenir les vagues de ce qui est perçu dans des « boîtes à rythme », des « machines à gazouiller ».

Migrants anonymes,
faune du nouveau millénaire,
s’agit-il du passé ou de l’avenir ?


Quelqu’un avait dit : l`homme étranger est trop nombreux. La femme aussi.
Je suis retournée ici après chaque éloignement, ce côté chat, sans boussole et sans me rappeler du parcours ni du chemin, là où ma table se levait, comme un désir réalisé et portatif :
appuyée sur la façade d’un trottoir, quelqu’un avait laissé une surface vitrée couleur d’eau volcanique.
Dans une cave d’autrui, j’ai trouvé deux tréteaux, des anciens arbres qui avaient poussé au bord d’un lac au pied d’un volcan en Patagonie.
Et voici ma table de travail !


………………………………………

... Déplaçons sans cesse notre table sur terre pour comprendre où et comment nous avançons : c’est ainsi que la pensée va –solitaire et splendide- s’effondre de syllabe en syllabe.
Novarina

ESPERANTO
(déployer)

Ici : signifie seulement pour nous.

Ici : refuge brouillant toute géolocalisation.

Ici le lieu propre est sale.

Ici je porte sur toi, étranger, un regard.

Ici je porte sur moi un regard étranger.

De La Tiza de Poe :
« Motte de boue » (fragment)


...............................

Petits monstres, en voyant tout, vous ne voyez
pas comment la réserve libère. Distraits
par la répétition du reflet, vous n’avez pas vu
les petites pierres ni la mousse, aïe,
du passage, ni la sève ni la fourmi
dans le trou du tilleul.

Une dent de lait s’est sauvée
dans un écrin à bijoux.

Qu’est-ce que tu vois ? La semelle dure et plate
d’une espadrille sèche, des matelas éventrés,
des restes de chaises et de bois pourri,
les appareils pour connecter
privés de communication et les traces
biodégradables des habitants invisibles.

Baraque et carton. Motte de terre.

Terreur de la destination inachevée. Tout
a changé de place. Et pourtant
qu’est-ce que tu vois ?

...............................

Voltigements dans la lumière, entre le paco* et la boue.
Liserons phosphorescents sortent d’un bidon.
Une autre orage s’approche.
Je l’entends chanter dans le vent, irai faire un tour
pour calmer l’agitation.
Cric cric cric cric cric.
Lucioles, grillons, grenouilles m’apporteront de la joie.


Fragments du Journal de la china
(Là où le diablo perd le poncho et le renard et le lièvre se disent bonne Nuit)

Dans la forêt, je perçois le son des choses
qui vont mourir,

les préparatifs d’une naissance.

Créature noire.

La langue me donne les mots,
les rêves, les insultes qui font tourner la roue.

Je peux fixer les gauchos dans les yeux
je peux les voir se soulever,
sur leurs bêtes galopantes.

Personne ne m’a transmis l’art de monter
mais j’ai appris, comme à lire, à nager et à écrire.

Les vaches lâchées dans les terres sont les mots
d’un message que je ne comprends pas.

Je regarde leurs yeux noirs au milieu de l’angoisse blanche.

Un indien saoul s’approche de moi
vêtu de plumes d’autruche.

Il se tient en silence,
me sourit à peine.
Entre les fentes, les yeux apparaissent
à moitié verts, crachat de maté.
Sang-mêlé d’italien, paraît-il.

«Comme un cheveu sur la soupe»,
il arrive au moment où le maté infuse.
..............................
Bipède implume ! Tu perturbes
ce silence qui est à moi.
Et le début d’un rire
qui n’éclate pas.

Éclate !

Tu n’as pas non plus rangé ta peine.
.............................

Le temps est beau,
la route étoilée,

les tours et le flottement
me parviennent dans cette mer intense
au bord de la mer même.


Ma branche, un cheval sur le vent.
Maintenant, l’air devient turbulent. Mais
je ne perds mon temps et ma maison
qu’apparemment.

Je bats et je me barre,
il sera difficile
de vaincre cette impulsion de carte.

Je peux le voir dans mes jumelles,
le survoler. Mes yeux allaient là-bas.
Et moi, l’envahisseuse,
je le voyais apparaître comme
l`oiseau dans la vie d’un homme,
comme une surprise dans son champ visuel.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

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