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Les écrivains / adhérents

Michel Séonnet

Poésie / Roman / Essais / Jeunesse / Récits
photo Michel Séonnet

Michel Séonnet est né à Nice en 1953. Il a longtemps accompagné le travail d'Armand Gatti dont il a publié et préfacé les œuvres aux Éditions Verdier. Il a mené des actions publiques d'écriture et de création dans de nombreuses villes et particulièrement avec des personnes en difficulté. Il a publié plusieurs romans aux Éditions Verdier et aux Éditions Gallimard, ainsi que des essais et des albums jeunesse.
Deux lieux de vie dans l'Essonne (91) et dans le Var (83)

Mai-décembre 2014 : Résidence Ile-de-France avec le Centre pénitentiaire sud-francilien de Réau et La Croix-Rouge française, 77. www.m-e-l.fr/fiche-residence.php?id=16

http://petitspointscardinaux.net/
Bibliographie

Aux Éditions Gallimard
– La marque du père, collection « L’un et l’autre », 2007
– Le pas de l’âne, roman, 2005
– Sans autre guide ni lumière, collection « L’un et l’autre », 2002
– La Chambre obscure, roman, 2000

Aux Éditions Verdier
– La Tour Sarrasine, roman, 1996
– Que dirai-je aux enfants de la nuit ?, roman, 1994
Sur l’œuvre d’Armand Gatti :
– Armand Gatti – La parole errante, préface, 2002
– Armand Gatti – La part en trop, préface, 1997
– Et pourquoi avec Rapagnetta sur les bras ? in « Gatti à Marseille », 1993
– Œuvres théâtrales d’Armand Gatti, préface et présentations des pièces, 1991

Aux Éditions l’Amourier
– Petit livre d’heures à l’usage de ma sœur, 2006
– Trois ânes, 2009
– Un peu de toi, 2012
– Le pays que je te ferai voir, 2014

Aux Éditions Dominique Guéniot
Carnet du pays de Langres, avec des photographies d’Olivier Pasquier et des illustrations de Jean-Marc Brétégnier
– Le Musée de Langres, l’invention d’un pays, 2006
– Cognelot, fort sans guerre, 2005
– Le canal partage des eaux, 2004
– Morimond, au fond du monde, 2003
– Auberive, de blanc et de rouge, récit, 2003

Aux Éditions Créaphis
– Le vent vivant des peuples, avec des illustrations de Ronald Curchod, 2006
– Les oubliés de guerre, avec des photographies d’Olivier Pasquiers, 2006
– Tanger, côté mer, 2010

Chez d’autres éditeurs
– Ces canards qui volaient contre le vent, Armand Gatti à Saint-Nazaire, Meet, 2009
– Lacunes, avec des gravures originales de Marcel Alocco, Quadrige, 2005
– Nice, le bleu du galet, Éditions Point de Mire, 2004
– Marnaval pour preuves, in Paysages ouvrier, L’entre-tenir, 2003
– L’Assemblée des pères, l’Entre-tenir, 2002
– Gatti, journal illustré d’une écriture, Artefac, 1987
– Jacques-Stephen Alexis ou le voyage vers la Lune de la belle amour humaine, Pierres Hérétiques, 1983
– Le cycle des hommes couvertures, in « Notes de travail en Ulster » - Pierres Hérétiques, 1982

Littérature Jeunesse
– En attendant les hirondelles, Éditions Thierry Magnier, 2004
– Madassa, Éditions Sarbacane, 2003
– Les trente marchands, Éditions Thierry Magnier, 2002
– Tous pareils, tous pareils, La Bar Floréal, 1997
– Dis papa tu joues avec moi, Bayard, 1981-1990
– Tous pareils, tous pas pareils, Rue du Monde, 2010
– Tous en couleurs, tous en bonheurs, Rue du Monde 2010

Écritures publiques
- Une ville – Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? avec les habitants de Saint-Dizier (Haute Marne), Le Bar Floréal, 1998
- Heureux qui comme Ulysse avec des personnes sans logis accueillis à la Maison des la Solidarité de Gennevilliers, le Bar Floréal édition, 1997
- Pas de ville sans visages, avec des habitants de Chaumont (Haute Marne), Éditions Dumerchez, 1996

Extraits

Petit Livres d'heures à l'usage de ma sœur, L'Amourier 2006 - Extraits


Hermann Broch

Mais peut-être que ça les use, les mots, de trop les recopier, ça les délave, l’œil s’habitue et la bouche se fatigue de les dire, ce n’est plus qu’un filet d’air, ou alors c’est gueulé, tambours et trompettes pour que ça passe malgré tout, qu’est-ce qui fait que malgré tout ça tient, et quand on les regarde c’est comme si on ne les avait jamais vus ? - ça, cette phrase de La mort de Virgile d’Hermann Broch, comme si c’était le ressac des vagues qui l’avait fait sortir du livre, et poussée là : sur le point de mourir, Virgile a décidé de détruire son Enéide, mais peu à peu (poussé par quoi ? par qui ? par l’ange ? par l’enfance encore possible ?) il refait le chemin de la nécessité des mots et reconstruit la croyance : oui, le livre ; oui, ce livre ; oui, le choix toujours à refaire pour que le mot ne s’ensorcelle pas de sa seule habileté, de sa seule capacité à faire trembler l’air des sensations, des prestiges, des honneurs ; oui, L’Enéide : et ce qu’il invoque, alors (ô, ce livre comme si c’était un pan du monde plus vrai que le monde !) c’est quelque chose de honni de bien des littératures : devoir de secourir, devoir de venir en aide, devoir écrit là dans le temps de l’exil puisque Broch vient de quitter l’Autriche, ses livres autodafés, le dernier, Le tentateur, ne faisait qu’annoncer comme à parole d’oracle le désastre qui venait, la puissance de fascination qui allait régner et devant laquelle tout succomberait - que ce soit à ce moment-là que le devoir de secourir s’impose comme devoir de la littérature ! que ce soit dans pareille langue, dans ce qui est un des sommets de cette manière d’inventer le monde que l’on appelle littérature (ô, ce livre, que je lis et relis, parcours inépuisés tellement de page en page la ferveur est intense, la beauté, le vertige tenu à force d’enlacement des phrases), que ce soit à cette époque et dans cette langue : ça qui oblige et qui enhardit à dire que la littérature n’est plus quand au marché aux renoncements, elle se vend en délation et en complicité du meurtre même si usant de tous les effets de langue - et ce mot de devoir, ce mot de secourir, comme si c’était leur première fois.


Eucalyptus

A force de les rouler dans la main, de les faire tourner dans la main comme si c’était ainsi qu’elles devaient révéler leur odeur secrète, les capsules d’eucalyptus, sur le bureau, semblent s’être arrondies en galets, quelque chose de la mer en tout cas, que la vague aurait roulé et usé et qui pourtant conserverait intact sa puissance originelle, ses secrets, ce mystère quand on regarde l’ouverture en forme d’étoile : les bords se sont écartés, l’ouverture a eu lieu (provoquée par le roulement dans la main ? ), et difficile alors de s’en tenir à la simple contemplation, on veut s’en approcher comme de l’ouverture jumelle de la femme, ouverte sur le même invisible, ouverte sur la même promesse, et ce qu’on tourne d’odeur dans la main c’est de la même humeur qui reste alors sur les doigts, on comprend mieux alors le malaise de l’enfant, la gène à s’en fourrer plein les poches, la manière un peu cachée qu’il avait de le faire : c’était d’un mystère si grand, mais quel apprentissage !, et maintenant qu’on peut les étaler sur le bureau c’est avec la conviction que se prêter à ce jeu d’odeurs et de formes, c’est réveiller les correspondances qui relient les fonds de mer aux arbres mûris d’odeurs, aux corps quand ils s’éprennent, et les feuilles sont des mains, les corps sont des vagues, les odeurs des organes, et il suffit alors de tenir au creux de la main ces minuscules capsules pour savoir que l’univers est tout là, avec ses attentes et ses déchirures, ses secrets et ses parures, ses battements, car si petits que soient ces fruits que l’on tient, c’est de toute la conscience de notre présence au monde qu’ils nous gratifient, tout le don, toute la gratuité puisqu’il suffit aux jours venus de se baisser et de les ramasser parmi les feuilles, capsules qui sont des conques, odeur devenue comme pierre, et on pourra les emporter au plus loin de l’exil, au plus sourd de la détresse : à les garder ainsi au creux du poing serré de désespoir ou de rage, ce sera toujours lier un lien – fût-ce la main blessée de serrer si fort une odeur.

Lieu de vie

Provence-Alpes-Côte d'Azur, 06 - Alpes-Maritimes

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences