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Les écrivains / adhérents

Agnès Verlet

Roman / Essais / Théâtre
photo Agnès Verlet

Agnès Verlet est née à Paris où elle vit et travaille.
Si comme le dit Barthes, « est écrivain celui pour qui le langage fait problème », elle devrait être écrivain et l’est sans doute un peu, bien que, pour la même raison (que le langage fasse problème), elle soit aussi psychanalyste.
Pour la même raison encore, elle enseigne la littérature et fait occasionnellement de la critique. Auteur d’une centaine d’articles sur la littérature, elle écrit également sur la peinture (Gallimard, Folioplus classique), et sur des artistes contemporains.

Bibliographie

Romans, théâtre et essais
– Le Bouclier d'Alexandre, La Différence, 2014
– Les Violons brûlés, roman, La Différence, 2006. Réédition en 2014.
– Ecrire des rêves, Gallimard, 2006.
– Chateaubriand, Les aventures du dernier Abencerage, Gallimard, 2004.
– Les Vanités de Chateaubriand, Droz, 2001.
– Pierres parlantes, Paris/Musées, 2000
– La Messagère de rien, roman, Séguier, 1998.
– Yseut et Tristan, théâtre, L’Harmattan, 1978.

Extraits

« Ils y ont presque cru, d’abord, aux paroles des gendarmes qui ne leur voulaient pas de mal. Ils y ont presque cru, sauf ceux dont on a brûlé les roulottes sous leurs yeux : les cris, les chevaux abattus d’un coup de crosse ou de revolver, et cet instant d’horreur, pour les manouches, quand les gendarmes leur ont donné l’ordre de mettre tous leurs instruments de musique dans une roulotte, les accordéons, les guitares, les tambourins qu’ils posaient avec précaution sur le sol. Eux, les gitans, ils croyaient que c’était pour le transport qu’on réservait une roulotte à leurs biens les plus précieux. L’un après l’autre, en bon ordre, d’abord dans le calme, puis, le mouvement s’accélérant, l’angoisse montant, dans une certaine panique, ils ont déposé dans la roulotte, comme en un écrin, leur trésor de violons, de statuettes de la Vierge, de napperons et de tissus brodés. Tout ce qu’ils aimaient, tout ce qui les suivait dans leurs voyages.
Mais quand la lente procession vers la roulotte s’est terminée et qu’ils ont vu soudain deux gendarmes repousser du pied les objets qui dépassaient, les entasser en vrac au risque de les abimer, les recouvrir de brassées de joncs et de bottes de paille, et même des tissus, des rideaux, des fleurs en papier qui leur servaient de décorations, puis bourrer la roulotte de foin, tandis que deux autres gendarmes éloignaient les hommes et les femmes avec leur crosse et les plaquaient contre le mur du cimetière, sur ce terrain vague, à l’extérieur de la ville où ils étaient tolérés depuis quelques jours, alors ils ont compris, les femmes aussi ont compris, et tout s’est passé très vite. Antonin et Louison ont voulu se précipiter vers la roulotte, mais ils ont été abattus d’un coup, sans sommation. Et dans une odeur d’essence et une fumée noire à cause des tissus humides et des joncs verts, la roulotte s’est embrasée, sous leurs yeux, avec les violons. Les chevaux qui n’avaient pas été abattus se sont cabrés en hennissant, se déchirant le poitrail aux cordes qui les retenaient. »
Extrait de Les Violons brûlés

« La voix du ténor rayonne comme un soleil dans la pénombre de l’église.
J’entends cette voix lumineuse et je regarde Vita, debout comme une ombre, appuyée à la balustrade de la tribune, les yeux baissés. Je la verrai ainsi souvent, à contre-jour, le regard plongé à l’intérieur.

Aux derniers accents de l’exubérant récit d’Orphée, la voix d’Eurydice lui fait écho et traverse la nef comme un tremblement.
Quelques monosyllabes d’une mélodie proche du silence.

Je ne m’attendais pas, cet après-midi-là, à entendre Vita Nicholson dans le rôle d’Eurydice.
Jusqu’à ce jour où nous étions dans l’église Santa Barbara, je n’avais jamais entendu Vita chanter seule, puisque je n’avais assisté qu’aux répétitions avec chœurs où elle était emportée par les rythmes dansants de la pastorale.

La voix que j’entends alors m’est étrange, comme m’est inconnue celle qui, en cet instant, chante les paroles d’Eurydice : c’est presque un murmure, que ce chant d’amour qui dit au même instant le bonheur et son anéantissement, tellement de bonheur qu’il en est la négation. »
Extrait de La Messagère de rien

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences