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Les écrivains / adhérents

Catherine Soullard

Roman / Essais

Née le 11 Novembre 1955 à Paris.
Etudes, puis travail dans l’édition (Hatier, Bordas, Flammarion, Le Seuil,…), le journalisme et la critique de cinéma (7 à Paris, Le Monde de l’éducation, Etudes, La Revue des deux mondes).
De 1989 à 2004, productrice à France-Culture (Les Chemins de la connaissance ; Une vie, une œuvre ; Nuits magnétiques ; Surpris par la nuit,…).
De 2003 à 2006, membre de la Commission de poésie du CNL.
Actuellement : comédienne (lecture de textes) et chroniques (cinéma) dans la Revue Secousse.

Bibliographie

– Livret Henry Miller, INA/Radio-France, 1998
– Judas, éd.Autrement, 1999
– Palmito d’évian, Calmann-Levy, 2005
– Livret Julien Gracq, INA/Radio-France, 2006
– Bouchère, Calmann-Levy, 2006
– Johnny, éditions Le Rocher, 2008
– Les 100 plus beaux films du monde, éd.Les Cahiers du cinéma, livre collectif (Amarcord, Johnny Guitar, L’aurore, Manhattan, Rome ville ouverte, La Passion de Jeanne d’Arc), 2008
– Les asperges, éditions Le Passage, 2010
– Livret Albert Camus, INA/Radio-France, 2010
– François Mauriac, livret Radio-France/INA, 2010
– Mal dedans, éd. PG de Roux, 2011
– Albert Cohen, livret Radio-France/INA, 2011
– Vous avez Jupiter dans la poche, éd. Pierre Guillaume de Roux, 2015
– Freud, livre collectif (sous la direction de Sarah Contou-Terquem), Bouquins, Laffont, 2015 articles : Yvette Guibert, John Huston, Freud à l’image, Freud et le cinéma.
– Vous avez Jupiter dans la poche, éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2015
– Roger Judrin, cour et jardin, Préface, Librairie du Labyrinthe, 2017
– Le paradis français d'Eric Rohmer, Collectif (chapitre: Pour les couleurs, les fleurs et les petites filles, les escaliers et les mots, les hasards, l'amour et les lisières), éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2017
– Suzanne, 1947, éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2017

Extraits

Deux extraits de « Bouchère » (éd.Calmann-Lévy, 2006)

« …Le bruit mat et mouillé de la viande qui s’abattait, branlait un peu, prenait, occupait sa place, s’élargissant sur le bois, la vue de cette masse de chair étendue devant moi à portée de mes doigts, et l’odeur qui, pourtant presque insoupçonnable, m’arrivait, âcre et douce, tout, ce matin-là, me paraissait appartenir à un jeu dont je n’avais pas les règles ; ça me saisissait quelquefois, cette sensation d’étrangeté, cette façon d’être là sans être là, de tourner autonome, solitaire, dans un monde que je ne reconnaissais pas. En général, j’étais tonique, conquérante ; ma façon d’être, à moi, c’était d’y être et ce matin, ça n’allait pas, je comptais sur Patrice et il n’était pas là.
Je sortis le matériel, feuille, scie et poinçons. J’attaquai par le haut comme on me l’avait appris, je m’insinuai autour de l’os pour décoller la chair, passai, repassai et insistai encore. Mon couteau effilé s’enfonçait un peu plus chaque fois, chaque fois se frayant un chemin plus souple, plus long et plus profond. Je le posai un instant ; avec mes mains, je tirai, recommençai, et ça venait doucement. La chair se détachait de l’os dont apparaissait la tête blanche aux reflets bleutés. J’essuyai mes mains à mon tablier qui se couvrait de traînées rougeâtres et repris mon couteau pour poursuivre le travail au plus près du fémur, je décollais les chairs ; dans le haut-parleur au-dessus de moi, Joe Dassin chantait L’Amérique.
La nuit était moins noire, je le voyais à travers les stores baissés et dans le bas des vitrines. Je changeai de station pour mettre les informations, un jingle envahit l’espace, il était six heures et demie, on annonçait un renforcement du froid, de la pluie verglaçante pour les jours à venir, un léger réchauffement mercredi, peut-être de la neige pour la fin de semaine. »
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« …Sur les murets de pierre, sur et sous les feuilles, dans les coins sombres, derrière les hortensias ou dans le verger, à côté du noyer, sur la terrasse près des tilleuls, autour de la niche que faisait la boîte aux lettres dans le mur de la porte d’entrée, derrière les volets attachés ou derrière la plate-bande sous la fenêtre de la cuisine, partout, je cherchais la trace magique, la brillance, la marque toute neuve – je l’imaginais pourtant très ancienne – qui me menait à eux, comme un filet jeté sur l’herbe, la terre et la pierre, un treillis transparent ; elle me disait que de petits êtres passaient, leur maison sur le dos, qu’ils allaient et venaient et faisaient leurs affaires, sans que les humains ne s’en préoccupassent, qu’ils adhéraient au monde en avançant de toute la vitesse dont ils étaient capables, leurs antennes tendues, captant tout, cheminant avec nonchalance et persévérance, sans cesse sur le qui-vive, se rétractant d’un saisissement soudain quand survenait un danger perceptible et perçu.
J’en prenais un dans ma main et je fixais sa coquille, la spirale, son centre, le début de tout. Je cherchais le point originel, je tapotais, l’animal s’énervait, il se recroquevillait et sur la coquille, je suivais le dessin, je faisais des tours, je me demandais s’il sentait mon doigt, un chatouillis, un déplacement d’air, quelque chose ; parfois il se réfugiait dans sa carapace et je pensais qu’il avait peur; je le reposais, histoire de voir s’il reprenait confiance lorsqu’il était seul... »

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques