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Les écrivains / adhérents

Cathie Barreau

Poésie / Roman / Nouvelle / Récits
photo Cathie Barreau

Je suis née au pied du Mont des Alouettes en 1957 en Vendée. J’ai passé ma jeunesse près de l’océan. J’ai commencé à écrire à 10 ans dans un petit cahier jaune. Poèmes et proses. J’ai écrit pour moi-même longtemps. La rencontre avec les ateliers d’écriture, l’OuLiPo, Elisabeth Bing et Claudette Oriol, a changé mon rapport à l’écrit. J’ai ainsi pu me mettre « au travail » et envisager l’écriture à la fois comme un artisanat et un choix de vie. J’aime partager sur tout ce qui concerne la lecture et l’écriture, la littérature d’aujourd’hui. Je lis Julien Gracq, Marina Tsvetaeva, Jean-Paul Goux, Virginia Woolf, Pierre Michon, Svetlana Alexievich, François Bon, Albane Gellé, Jean-Loup Trassard… Leurs livres sont des compagnons qui me rassurent et me bousculent.

Je vis dans une ville à ciel ouvert, une rue penchée, une maison veloutée. Le monde me traverse sans cesse ; j’ai souvent l’impression de ressentir ce qui se passe loin et c’est parfois douloureux. Les sensations et les pensées bouillonnent ; j’aime les gens et la solitude tout à la fois. Je suis passionnée de peinture sans avoir de formation, comme une sensibilité qui cherche quelques éléments de repérage dans l’histoire et la lumière du pinceau.
Mes recherches s’intéressent au processus d’écriture et posent la question : qu’est-ce qui se passe en moi quand j’écris, comment j’écris ?

Thèmes
La ligne qui soutient mes romans s’attache à la traversée d’un moment de vie, d’une expérience personnelle des personnages. Je travaille cette idée de la renaissance. J’explore plusieurs possibilités d’écrire « Je » et de créer ainsi un personnage qui parcourt la nature, la ville, le temps et les rencontres des humanités qu’il croise. Le cheminement intérieur est aussi celui du monde, ce monde qui heurte et malmène, celui qui console et émerveille. C’est la rencontre de l’adulte et son enfance, sa vie passée, son présent très ancré dans la modernité qui lui échappe.
Le rythme de la phrase est ma préoccupation. Chaque livre est une nouvelle recherche de structure de phrases, d’agencement mais je ne distingue pas fond et forme. C’est la sensation de mon corps, la vision, le souvenir d’une odeur, qui imposent un rythme. Le livre est un souffle. Je cherche à moduler ce souffle d’un bout à l’autre. J’aime les images que provoque un livre, j’aime les histoires racontées à voix basse dans les souterrains, j’aime la lecture à haute voix dans des lieux improbables.

http://editionlaurenceteper.com
Bibliographie

Livres
Trois jardins, éditions Laurence Teper 2006
Journal secret de Natalia Gontcharova, éditions Laurence Teper, 2006
Visites aux vivants, éditions Laurence Teper, 2007
Forgé verni, livre d’artiste, atelier de Villemorge, 2007
Parlez-moi du feu, atelier du Bief, 2007
Écoute s'il neige, roman, éditions Laurence Teper, 2009 - Prix de la ville de Pouliguen, 2010
Les premières choses mais les oiseaux, récit poétique, éditions Laurence Teper, 2009
Résonnent les voix des hommes, Publie.net
www.publie.net/fr/auteur/11188
Refuge sacré, Publie.papier.fr, 2012
publiepapier.fr/mot/barreau-cathie
Comment fait-on l'amour pendant la guerre ?, éditions Buchet Chastel, 2014
Solstice et au-delà, poésie, Tarabuste, 2018

Publications en revues
Tempêtes sous un crâne 1998, Vagabondages 1999, Inventaire Invention 2005, Remue.net 2004 et 2005, Tarabuste éditeur 2004, Le nouveau Recueil, 2005, Le texte pense, revue Les Chaintres, 2005, Les cahiers de Bissexte, 2007

Participation à des anthologies et ouvrages collectifs
En Vendée Voilà, le dé bleu, 1990
L’évidence d’aimer, le dé bleu, 2000
Dictionnaire du roman populaire, 2007
Nos bibliothèques et nous, Joca Seria, théâtre le grand T, 2008

Études
Mémoire DHEPS université Rennes II : De l’écrit figé aux signes déliés 1993
Mémoire de DEA : le procès d’écriture 1994
Histoire de vie et écriture : collectif sous la direction d’Alex Lainé 2008

Bourse
Mission Stendhal, ministère des affaires étrangères, 2007
CNL, bourse, 2008
Bourse de création du CG de Seine-Saint-Denis dans le cadre d'une résidence à Ville-Evrard, 2010
Bourse de création de la ville de Dax, 2010

Prix
Prix Marguerite Audoux pour Visites aux Vivants 2007
Prix de la ville du Pouliguen pour Visites aux Vivants, 2008
Prix de la ville de Pouliguen pour le roman Écoute s'il neige, 2010

Extraits

Écoute s’il neige
Roman, édition Laurence Teper, 2009

Elle reprit la cafetière en glissant les doigts avec précaution juste au-dessus de la table ; et, à mon insu, me vint le souvenir d’un ruisseau au bas d’une prairie attenante aux derniers vergers de mon père à l’ouest, une prairie que nous atteignions, mon frère et moi, les grands jours de chaleur d’été. Nous y trouvions un trou profond où l’eau claire du ruisseau passait lentement, égayée par les percées de soleil, les ombres délicates des feuilles et des insectes planant ça et là et formant ainsi un tableau mouvant que je restais longtemps à regarder sans rêver mais précisément dans l’observation interminable de la vie du cours d’eau. J’aimais particulièrement les libellules et alors que je regardais les mains de Blanche s’emparer délicatement de la cafetière, ce sont les libellules bleues turquoise qui me revinrent en mémoire parce qu’elles étaient plus lentes que les autres, moins furtives dans leur vol, appliquées à se poser sur le bout émergé des branches tombées dans l’eau, immobiles un instant, près de moi qui les contemplais.
Blanche se taisait en attente de ce que j’allais dire après sa révélation. J’étais dans ma rêverie, dans le tableau du ruisseau et je lui demandai si avant d’avoir trois ans elle avait vu des libellules. Son visage se figea une seconde, puis elle mit sa main sur la mienne :
« Paul, le souvenir des images s’est effacé, mais raconte-moi les libellules. »
Elle prit une tasse et me la tendit.
« L’eau du ruisseau coule et ça cliquette sur les cailloux qui résonnent ; des insectes volent, on entend le bourdonnement de quelques-uns ici et là et une brise juste au faîte des arbres ; les libellules, on ne les entend pas, c’est du silence parfait, mais dès qu’on entre dans la fraîcheur de l’ombre et du ruisseau, dès que l’odeur de l’eau et des berges se fait sentir, on sait qu’on peut voir des libellules ; celles de chez moi étaient bleues turquoise, comme un bijou posé sur une feuille à même l’eau ; on peut souhaiter les garder mais elles sont libres sur l’eau, gracieuses. »

Un sourire sur le visage de Blanche se fit peu à peu et la gravité de nos propos précédents s’effaça.
- Paul, je les entends : écoute, li-bel-lulle, libellule, libellule.
Je répétai comme elle « libellule » et nous rimes tels des enfants qui ont trouvé la sortie d’un chemin perdu.
« Je vois les choses dans les mots, je les entends. Libellule suffit tout seul. »
J’éprouvai à nouveau une admiration éperdue pour elle tant sa capacité à s’émerveiller ne faiblissait pas : la légèreté tout emprunte de profondeur avec laquelle elle abordait la vie réveillait en moi des joies quotidiennes et petites qui peuplaient mes jours d’une façon inédite. Les heures étaient faites de pointillés de sensations subtiles qui ensemble formaient la texture même de la vie et chassaient toute pensée élaborée, toute spéculation sur l’avenir, toute explication. Là il s’agissait d’inventer la libellule, il s’agissait que je donne à Blanche tout ce qu’était la libellule pour moi et qu’elle, de son côté, me fasse entendre sa libellule, qu’un instant nous ayons l’impression de nous comprendre en un poème d’un seul mot.

Ma bibliothèque

Virginia Woolf avant tout
Marina Tsvetaieva, beaucoup,
Toutes deux parce qu'elles inventent dans la langue, et parce qu'elles se donnent la mort en 1941, et que je suis persuadée que l'Histoire les malmène, les torture, et qu'elles en meurent, traversées par les événements et la lucidité.

La liste est ensuite très longue, s'il faut choisir aujourd'hui, en vrac voici :
Jean-Paul Goux, Adalbert Stifter, Rick Bass, Jean-Loup Trassard, Julien Gracq, Nicole Caligaris, Emmanuelle Pagano, Camille de Toledo, Anne Dufourmantelle, Charif Majdalani, Patrick Deville, François Bon...

Lieu de vie

Pays de la Loire, 44 - Loire-Atlantique

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire