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Les écrivains / adhérents

Séverine Daucourt-Fridriksson

Poésie / Théâtre / Traduction
photo Séverine Daucourt-Fridriksson

Séverine Daucourt est née à Belfort, dans une salle d'accouchement où sa mère était la parturiente et son père l'obstétricien. Un conflit éclata entre ces deux derniers, qui détourna leur attention, et elle faillit, en naissant, tomber dans une cuvette chirurgicale. Elle n'osa pas crier tout de suite de peur de déranger. Cette sensation de ne pas débarquer au bon moment ne l'a jamais lâchée. Elle reste animée par le désir d'arriver quelque part, ailleurs si possible, et de ne pas rater la rencontre avec autrui. Sa chambre d'enfant donnait sur une rivière, la Savoureuse. Elle n'apprit que trop tard, par un poète lui aussi belfortain, que ce nom n'avait rien à voir avec la saveur des jours, mais avec les allers et retours sonores (Sa↔Vor) des lames, dans les scieries qui jalonnaient le tracé du cours d'eau. Elle savait néanmoins depuis toujours que les mots ne disaient pas ce qu'ils disaient et c'est d'ailleurs ce qui très tôt la rendit poète, puis, bien plus tard, étudiante en DEA de psychanalyse.
Entre deux livres de poésie, comme récemment entre Dégelle (La lettre Volée, 2017) et Transparaître (Lanskine, 2019), il lui arrive de chanter, histoire d'aller voir les autres, toujours, et de sortir du mutisme, encore. Les questions de la voix, de l'incarnation et de la scène sont centrales dans son travail. Parfois aussi, au gré des rencontres ou du hasard, elle traduit des textes islandais – récemment Oursins et Moineaux, poèmes de Sjon (Lanskine, 2019) et Quand Helgi s'est tu, théâtre de Tyrfingur Tyrfingsson (Maison Antoine Vitez, 2020).
Elle a vécu en Islande et en Angleterre mais elle habite à présent à Paris et sur les bords de l'Yonne. Elle a besoin de la langue pour éclairer sa vie et quand elle n'écrit pas, elle conduit des ateliers dans des Ehpad, des hôpitaux psychiatriques, des prisons, des écoles, en rêvant qu'un poème en contamine les espaces. Elle échoue parfois dans d'autres lieux, a priori bien mieux pourvus, comme la Comédie-Française où elle fait écrire des acteurs ou la Maison de la Poésie de Paris où elle programme un cycle de rencontres intitulé « La Fabrique ».


photo© Arthur Bonnin

http://www.severine-daucourt-fridriksson.com
Bibliographie

Anthologies
– En tous lieux nulle part ici, Anthologie de la Biennale des poètes en Val-de-Marne (Tours, Farago, 2006).
– Gare maritime 2012, anthologie écrite et sonore de poésie contemporaine, Maison de la Poésie de Nantes, mai 2012.
– Anthologie des poètes femmes françaises : "Frumdrög að draumi", Ljóð franska skáldkvenna, ODDUR, Reykjavík, Islande, 2016.
– Donne poeti di francia e oltre, Giuliano Ladolfi Editore, Bogomanero, Italie, 2017.
– Bacchanales n°59 Mars 2018, Duos - 118 jeunes poètes de langue française né.e.s à partir de 1970, anthologie dirigée par Lydia Padellec, Maison de la Poésie Rhône Alpes, mars 2018.
– Gare maritime 2019, anthologie écrite et sonore de poésie contemporaine, Maison de la Poésie de Nantes, mai 2019
– Nous, avec le poème comme seul courage, Anthologie du printemps de poètes, Castor Astral, janvier 2020.

Poésie et récits
– Petits morts, Grenoble, pré carré, 2000.
– L’Ile introuvable, Grenoble, pré carré, 2003.
– L’Ile écrite, prix Ilarie Voronca, Remoulins-sur-Gardon, Jacques Brémond, 2004.
– Salerni, La lettre volée, Bruxelles, 2009.
– À trois sur le qui-vive, La lettre volée, Bruxelles, janvier 2013.
– Dégelle, La lettre volée, Bruxelles, octobre 2017.
– Transparaître, Lanskine, janvier 2019, finaliste Prix Apollinaire 2019.
– Substance noire, Lanskine, octobre 2020.

Traductions
– Des perles et du pain, Thorarinn Eldjarn, Caen, Presses universitaires de Caen, 2001.
– Action poétique, poésie islandaise, avec Henri Deluy et Liliane Giraudon, n°174, 2003.
– Action poétique, Hilda Morley, poèmes, avec Patrick Beurard-Valdoye, n°205, 2011.
– Nouvelles d’Islande, éditions Magellan, Paris, mars 2011, coll. Miniatures.
– Les anges noirs, Aevar Orn Josepsson, Paris, Gallimard, septembre 2012.
– Danse grotesque, Sjon, Remue.net, mars 2016.
– Oursins et moineaux, Sjon, Lanskine, collection Ailleurs est aujourd'hui, mai 2017.
– Bleus (Bláskjá), Théâtre, Tyrfingur Tyrfingsson, Maison Antoine Vitez, 2018.
– Quand Helgi s'est tu (Helgi Þór rofnar), Théâtre, Tyrfingur Tyrfingsson, Maison Antoine Vitez, 2020.

Extraits

1. transparaître, Lanskine, Paris, 2019

les jupes
les robes
les tailleurs
les babies
les ballerines
les derbies
faut être jolie
la première fois que je mets un fute il est bleu marine
en laine à pinces
pas bien fute-fute
je l’adore de suite
une vraie promotion
la maîtresse (j’ai sept ans) s’exclame à mon arrivée
elle n’y croit pas
ça la surprend mes fesses dans un fendant
je la fais fondre de rire
j’ai joué à la poupée jusqu’à
l'âge de mon premier annivortement
je couchais déjà avec des gens
je la mettais au sein sa bouche à la vanille son corps de vinyle
je récupérais l’arche et le temps perdus
tout en suçant mon pouce
et le reste
quel âge avais-je
embrassant toutes les étapes
brûlant la chronologie
n’accédant jamais à mon histoire
*
j’ai commencé à m’aimer
quand je n’étais plus aimable
quand les premières traces d’irrévocables sont apparues
suis devenue possible
l’immersion d’un pan de mort rendait la vie plausible
excitait sa pulsion
drôle de damnation ce trop tard cette paix un poil rétrospective
qui donne au présent sa valeur
seulement quand il s’effiloche
ma chair
acceptable quand elle cesse d’être sous la pression
quand elle élude le vouloir de l’autre
la haine cesse
le corps se rencontre
et se rend compte
qu’il n’a pas de compte à rendre


Dégelle, La Lettre Volée, collection Poiesis, Bruxelles, 2017


la femme croit-on sait reproduire mais les hommes ont acheté le fonds complet des répliques à crédit , ainsi que leurs photocopies . bref qui peut dire qui concurrence qui ? peu importe , les conséquences du concours sont conséquentes . où sont les filles où sont les fleurs où sont les hommes où sont ceux qui furent des folk singer ou des fous sanguinaires ? qui observe l'infamie des désastres autour de soi dans les familles ? et met des mois à se remettre sans relâche et pas beaucoup des coups de cravache d'une histoire de deshéritage ? qui peut encore suivre l’avance des armées sur une carte accrochée en chuchotant sa lullaby à bébé ? qui bien dans sa tête prend le corps de régiment pour une porte (d’entrée) pas périmée ? qui boit le plus de brandy ? et de jus de chéri ? qui peut brandir moins cher et plus égalitaire qu’un uniforme ? dites-moi ! “ sag' mir ! wo die Blumen sind ” ? “ yes, ubi sunt les foutues Blumen ” ? , chantera la blues woman à barbe dans une fête de cosaques en vogue qui diront quèsaco quèsaco d’un air paradisiaque en espérant un monde il/elle sans conflit : mêmes sexes mêmes irréparables mêmes espérances

(...)
chaud c'est jaune sur la faïence blanche et ma peau s'efface en flaque dans le fond de ma bouche ouverte tu avais envie et je voulais me livrer à l'ambre liquide la coulée-projectile qui marque en m'arrivant son territoire tremblé me privilégie m'abreuve jusqu'à la source de ton ébrouement mais la durée impavide se traîne à te vider j'en loue l'auparavant t'avoue que je pourrais me permuter pour permettre à l'or de l'eau de mieux m'imprégner du flux en raffolant des effluves continues du chaud-froid de la cuve ça fume en boucles détrempées le cheveu plaqué à la joue la jolie différence dévisagée par la joie d'être en joue le goût de sel brouillé se brasse à la salive ça commence à tarir à se rompre puis tarder à jaillir je m'allonge sous tes derniers sursis ta réserve de sursauts et j'aimerais tant que tu me laves à présent que je suis ton étendue

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire