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Les écrivains / adhérents

Laurence Tardieu

Roman / Nouvelle
photo Laurence Tardieu

Aucune ligne droite ne mène à l’écriture, et c’est bien ainsi. Car pour écrire, je crois qu’il faut accepter de se perdre. C’est le seul moyen de parfois arriver quelque part. Mon premier livre a été publié en 2002, j’avais presque trente ans. Pourtant l’écriture est là depuis l’enfance. Depuis les premières lectures, la découverte de ce monde silencieux et enchanté qui permet les plus beaux voyages. L’écriture, c’est ma respiration, ma manière d’être au monde, aux autres, à moi-même. C’est ma quête et mon chemin.
J’écris pour interroger, inlassablement, ce que je ne comprends pas, et ce qui m’est insupportable : qu’est-ce que ça veut dire, être en vie ? Aimer ? Vivre, n’est-ce pas éprouver le manque ? Comment vivre, en se sachant voué à la perte ?
Mes textes sont des tentatives de mise à nu. Aller au cœur de ce qu’on est, lorsque les masques sont tombés, lorsqu’on ne triche plus. Explorer les moments de basculement, lorsque soudain l’épreuve de la vie fait basculer la vie, lorsque soudain la vie n’est plus comme avant, lorsque soudain le temps a cessé de se dérouler de manière linéaire. Lorsqu’on se tient au bord de gouffres, et qu’on tente pourtant de rester debout. J’écris sur le lien aux autres, sur la difficulté et la beauté d’essayer de rejoindre l’autre, d’être avec lui, d’être traversé par son regard. J’écris sur la solitude, qui parfois envahit tout. Sur le désir, le désir de vie et le désir de l’autre.
J’écris pour tenter de me raccorder au monde, et, ce faisant, pour permettre peut-être à d’autres, que je ne connais pas, de mieux comprendre et éprouver ce que c’est qu’être au monde…

Octobre 2012-juillet 2013 : en Résidence Ile-de-France - Fédération Nationale des Associations d'Usagers en Psychiatrie, Paris 13ème www.m-e-l.fr/fiche-residence.php?id=16

Photo : F. Mantovani

Bibliographie

Romans
– Une vie à soi, éditions Flammarion, août 2014
– A la fin le silence, éditions Le Seuil, août 2016.
– L'Ecriture et la vie, récit, éditions des Busclats, 2014
– La confusion des peines, éditions Stock, août 2011
– Un temps fou, Editions Stock, 2009
– Rêve d’amour, Editions Stock, 2008
– Puisque rien ne dure, Editions Stock, 2006
– Le jugement de Léa, Editions Arléa, 2004
– Comme un père, Editions Arléa, 2002

Nouvelles
– A l’abandon, éditions Naïve, 2009

Ouvrages collectifs
– Collection irraisonnée de préfaces à des livres fétiches, Editions Intervalles, 2009
– Va y’avoir du sport, Gallimard Jeunesse, 2006

Extraits

« Ecrire, est-ce aimer ? Ecrire, est-ce chercher à être aimé ? Y a-t-il une écriture possible sans amour ? Y a-t-il un amour possible sans mots, sans verbe, sans langage ?
Dire, l’amour. Ecrire, l’amour. L’écriture provient d’un désir, qui vient de très loin et s’éprouve au présent. Le désir crée l’écriture. Amour, écriture : le même abandon. Un mouvement de va-et-vient, un roulis, qui ne finit jamais et donne corps aux rêves, les entraînant toujours plus loin. Qu’y a-t-il tout là-bas, là où l’amour se détache du temps, du réel, du cadre ? Là où l’écriture devient vivante ? Trouverai-je quelque chose ? »
Extrait de Rêve d’amour, Stock 2008.

« J’avance dans la nuit qui commence, sans hâte, traversée d’images et de pensées qui vont et viennent en moi, et tourbillonnent, et disparaissent. Je n’ai pas froid. Je n’ai pas peur. Je ne sais pas à quoi va ressembler ce soir, ni demain, ni après-demain, ni les autres jours, je ne connais plus rien de cet avenir qui tout au long de ces années m’apparaissait comme un chemin que je pouvais distinguer, une ligne droite qui s’enfuyait devant moi. Il n’y a plus de chemin, il n’y a plus de ligne droite. Ma vie a pris feu, et cet embrasement soudain a signifié sa mort et sa naissance. J’ignore de quelle enfance, de quels manques, de quelles solitudes est né ce sentiment qui me lie à vous, mais moi qui ai toujours éprouvé la nécessité de chercher quelque chose et qui ne savais pourtant pas ce que je cherchais, qui me suis toujours sentie entraînée dans un mouvement qui me poussait éperdument vers un avant qui me faisait peur, dont je n’osais avouer l’effroi mais que j’ai écrit, parfois, dans mes livres, je songe que, dans vos bras, la course s’est arrêtée. La course s’est arrêtée enfin. Je ne sais pas pour combien de temps, je ne veux pas le savoir : je ne veux pas que l’avenir dessine à nouveau sa trajectoire. Avec vous j’ai compris que le sentiment d’éternité ne s’inscrit pas dans l’avenir, mais dans la profondeur et la défaillance vertigineuse du présent. »
Extrait de Un temps fou, Stock 2009.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Rencontres en milieu scolaire