Contenu | Navigation | Politique d'accessibilité | Crédits Lettre internet

Les écrivains / adhérents

Jean-Louis Tallon

Roman / Essais
photo Jean-Louis Tallon

Né en 1973 à Lyon, Jean-Louis Tallon est écrivain. Il est l’auteur d’un récit intitulé Composition de l’atmosphère (Le Grand Souffle, 2007). Il réalise, depuis plus de vingt ans, de nombreux entretiens d’écrivains et d’artistes, dont certains ont fait l’objet de publications telles Un écho lacunaire, avec Pierre Bergounioux (Fata Morgana, 2014), Philippe Hersant, portrait d’un compositeur (Cécile Defaut, 2015), Gavin Bryars, en paroles en musiques ou Meredith Monk, une voix mystique, respectivement parus aux éditions Le Mot et le reste en 2020 et 2022. Son projet littéraire l’a conduit depuis plusieurs années à lier notamment écriture et musique, biographie et réflexions esthétiques, sous la forme de livres d’entretiens avec de grands noms de la création musicale contemporaine.

Photo : © Fabien Thouvenin

Bibliographie

Meredith Monk une voix mystique, entretiens, Le Mot et le reste, 2022 (1ère version, aux éditions Nouvelles Cécile Defaut, 2015)
Gavin Bryars, en paroles, en musique, entretiens, Le Mot et le reste, 2020
Philippe Hersant, Portrait d’un compositeur, entretiens, éditions Nouvelles Cécile Defaut, 2015
Un écho lacunaire, entretien avec Pierre Bergounioux, éditions Fata Morgana, 2014
Composition de l’atmosphère, récit, éditions le Grand Souffle, 2007

Extraits

Extrait de Composition de l’atmosphère


« I. Azote

Elle ouvrit la bouche, respira profondément, aspira autant d’air que pouvaient en emmagasiner sa gorge et ses poumons, la fraîcheur de l’air dans ses poumons. Elle avait légèrement renversé la tête, comme en suivant une courbe régulière. Ses cheveux, ramenés en chignon et maintenus à l’arrière par une barrette, n’avaient pas bougé, à l’exception des accroche-cœurs. Les yeux clos, elle semblait sourire, apprécier, vouloir goûter au simple plaisir de se caler dans la lumière chaude du soleil et d’être en vie. Sa bouche légèrement entrouverte laissait apparaître une dentition des plus fines et non pas, comme elle continuait à le dire de temps en temps, même en plaisantant, une mâchoire de vampire ; l’idée lui était venue parce que, petite fille, elle avait pris l’habitude de mordre ferme jusqu’au sang ceux de son âge qui l’agaçaient, comme la fameuse fois où le poignet d’un garçon qu’elle avait mordu avait gardé les empreintes, bien nettes, de ses petites canines, et sa mère, à elle, convoquée pour être témoin des agissements « inouïs et inqualifiables de ce petit vampire », de la jouer confuse, pour la forme, et de rire intérieurement, somme toute, de ces quelques gamineries.
Puis elle ouvrit enfin les yeux, simplement pour voir, scruter au loin le concret et l’abstrait, le fond du ciel, dans l’azur, les oiseaux — pourquoi pas ? — les imperceptibles stratus, et ce quelque chose que personne, mais absolument personne, ne pouvait déceler dans son regard à elle, même en examinant avec attention, à l’aide d’oculaires, le cœur de ses pupilles, de ses iris, de ses grands yeux noirs : des pensées mystérieuses, insondables, des rêves, mettant parfois en scène un chevalier aux armoiries indéfinies, mais revêtu d’une armure éclatante, jouaient des coudes au sein de raisonnements complexes, peuplés de fantômes et de spectres, d’amours ou de passions irrésolues, que certains qualifieraient d’enfantillages, à tort. »

Extrait de l’avant-propos d’Un écho lacunaire

« Il est des œuvres qui résonnent davantage, s’installent durablement en soi, demeurent. Celle de Pierre Bergounioux m’accompagne depuis une quinzaine d’années. Qu’il s’agisse de Cuba, de Descartes, (…) des aviateurs du Mississippi dont il est question dans B-17 G, (…) ou qu’il s’agisse encore du quotidien, restitué avec précision, force détails, dans les trois Carnet de notes, chaque fois, j’ai retrouvé ce style, ce phrasé, cette manière de voir, de penser le monde et de le décrire, avec l’impression, troublante, heureuse – sinon, je n’y serais pas revenu – d’avancer, dans ma lecture, en un territoire à la fois connu et inconnu, mystérieux et familier. Mon histoire personnelle n’y est pas étrangère : ma mère est née à Figeac, dans le Lot, mon père, à Campagne-sur-Arize, dans l’Ariège, j’ai passé de nombreux étés à Capdenac, où vivait l’une de mes tantes, où vécurent, un temps, mes grands-parents. Mon enfance, mon adolescence, ont ainsi été marquées par des noms de localités, de vallées, telles Conques, Decazeville, Saint-Julien-d’Empare, Rocamadour, Maurs, Neussargues, de vallées – le Célé, par exemple – de régions, comme le Quercy. Quant à Brive-la-Gaillarde, ce fut, pour moi, longtemps, une gare où nous allions prendre, ma mère et moi, la micheline, jaune, qui nous attendait, sur l’une des voies, pour nous emmener vers Capdenac-Gare. D’où ma surprise, mon émotion, bien souvent, à voir mentionner, dans les œuvres de Pierre Bergounioux, des noms de villes, de lieux, que personne ne connaissait – combien de fois ai-je lu dans le regard de camarades de classe, au collège ou au lycée, lorsque nous évoquions nos lieux de vacances, cette inconnaissance, quand je citais Capdenac ? Dans Carnet de notes 1980-1990, par exemple : «Passent, en coup de vent, la rue Louis-Lalue, le tunnel, sous la ligne de Capdenac, que nous empruntions, Papi et moi, autrefois, puis la micheline, suivie de son petit wagon bleu, s’enfonce dans la gorge.» Tout y est : la micheline, le tunnel, Capdenac. »

Ma bibliothèque

Classique
La Divine Comédie, de Dante
Souvenirs d’égotisme, de Stendhal
Les Fleurs du mal, de Charles Baudelaire
Le Spleen de Paris, de Charles Baudelaire
La Légende des siècles, de Victor Hugo
Tête d’Or, de Paul Claudel
Poésies, de Stéphane Mallarmé
Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, de Stéphane Mallarmé

Contemporaine
Toute l’œuvre de Patrick Modiano
Toute l’œuvre de Pierre Bergounioux
Toute l’œuvre d’Annie Ernaux
Toute l’œuvre de Saint-John Perse
Toute l’œuvre de Jacques Brel
La Nuit remue, de Henri Michaux
Lambeaux, de Charles Juliet
L’Enterrement, de François Bon
Les Aventures de Blake et Mortimer (période Edgar P. Jacobs)

Lieu de vie

Centre-Val de Loire, 45 - Loiret

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu scolaire