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Les écrivains / adhérents

Michel C. Thomas

Roman / Récits
photo Michel C. Thomas

Né en 1952 sur le plateau du Devès (Haute-Loire) par une nuit de neige et de froidure. Après, on se réchauffe comme on peut.

Bibliographie

– De la paresse des sentiments, Bleu autour, 1998
– La discorde, Bleu autour, 2000 (traduction en espagnol, Lom Ediciones, 2009)
– Je pense à vous, Bleu autour, 2006
– Nu dans la cage (collectif, atelier d’écriture en maison d’arrêt), Le Temps des cerises, 2006
– Rebeyrolle ou l’obstination de la peinture, Gallimard, collection L’un et l’autre, 2009
– Le vent amènera la pluie (« vu par Denis Monfleur »), Éditions du Chemin de Fer, 2013

Extraits

C’est un jour de brume, un soir d’automne, je crois. Il n’y a pas de ciel, la brume occupe tout l’espace au-dessus du chaume. Une brume comme un linge gonflé de vent, mais il n’y a pas de vent, un linge humide, bleuté, qui ne pèse pas, qui prend tout l’espace, le résume, le simplifie. On voit, devant soi, jusqu’à la butée du champ voisin. On voit, à droite, un arbre émondé qui a l’air d’un poing serré contre le ciel absent. À gauche, on ne voit que l’aplomb de la brume tombant sur le chaume. Le gamin ne se retourne pas, il sait que dans son dos il n’y a rien, la brume a tout emporté, le village, le calvaire et le chemin creux qui mène au village en passant par le calvaire. Il regarde les bêtes, qui sont paisibles, simplifiées. Il les regarde fixement, sans les perdre de vue un seul instant, la brume les emporterait.
La harde surgit à gauche, elle est là d’un coup, et passe. Une laie meneuse suivie de trois marcassins, une autre laie fermant la marche. Deux femelles et leurs marcassins. Les mâles reprennent leur vie de solitaire sitôt après le rut, n’importe quel chasseur vous le dira. La harde passe, forte et souveraine, dans la brume bleutée. Les brebis ne s’effraient pas, elles continuent de brouter et laissent passer la charge. Le chien, assis, droit sur ses pattes avant, laisse passer la charge. Dès qu’on voit un sanglier, on a en tête des idées d’éventration, de carnage, de remise ensanglantée, n’importe quel chien de berger vous le dira. Le gamin regarde passer la charge qui disparaît d’un coup derrière l’arbre émondé. Si la harde était son œuvre, s’il était plus savant en peinture, il dirait en montrant du bras : « Je reconnais que c’est pas mal, quand ça passe comme ça. »
Le gamin sait que les chasseurs l’interrogeront, le soir, à la veillée. Ils veulent toujours savoir s’il a vu des bêtes et de quel côté elles fuyaient. Alors, en ramenant le troupeau par le chemin creux, il cèle son secret dans un trou du mur ou bien entre deux pierres disjointes du calvaire. La harde est passée comme passe la beauté, si la beauté est bien l’autre nom de la force, de la puissance souveraine, si la brume est bien une éventration simplifiée. Quand on a vu ça, et si l’on n’a pas trahi, on peut voir la peinture de Rebeyrolle. On le doit.

Extrait de Rebeyrolle ou l’obstination de la peinture, Gallimard, 2009

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Il était front contre la vitre, les épaules aussi, contre le carreau, bras ballants, les mains de chaque côté, paumes ouvertes. Il était large, échine ployée. Il bouchait presque toute la fenêtre. J’ai vu qu’en s’appuyant il avait brisé une branche de la patience. Au début, c’était une bouture de rien, elle avait pris, elle se trouvait bien, là, au rebord. Je tourne le pot chaque semaine, le dimanche, pour qu’elle prenne bien la lumière, qu’elle fasse sa végétation. Mais c’est fragile, ces plantes, les branches c’est comme de l’eau. Il a dit, en ayant l’air de parler pour lui : le vent amènera la pluie qui effacera les traces.
J’ai vu le fusil posé sur la table, cassé en deux comme au retour de la chasse. Et lui, front contre la vitre.

Extrait de Le vent amènera la pluie, Éd. du Chemin de Fer, 2013

Ma bibliothèque

Bibliothèque ?… simplement, ceux auxquels on revient toujours : Aragon, Le roman inachevé ; Rimbaud, Une saison en enfer ; Sophocle, Œdipe roi ; Pascal, Pensées ; Cendrars, Les Pâques à New York, La Prose du transsibérien ; Bernanos, Journal d’un curé de campagne ; Nietzsche, Le Gai savoir ; Richard Hoggart, 33 Newport street ; Borges-Sabato, Conversations à Buenos Aires… Montaigne aussi…
Ceux-là encore (dont on recommande, ou offre, les livres) : Georges Hyvernaud, Alain Chany, Pierre Autin-Grenier, Marie Depussé, Frédéric Pajak, William Kennedy, etc.

Lieu de vie

Auvergne-Rhône-Alpes, 63 - Puy-de-Dôme

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