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Paloma Hermina Hidalgo

Poésie
photo Paloma Hermina Hidalgo

Paloma Hermina Hidalgo est une écrivaine, poète, nouvelliste, dramaturge, critique littéraire et critique d’art d'origine franco-andalouse. Tenue pour « amorale », elle est notamment l’autrice de Cristina, son tout premier livre, « chef-d’œuvre de la poésie contemporaine » et Rien, le ciel peut-être, lauréat de la SGDL, deux « œuvres d'un génie intempestif qui, sans l'ombre d'un doute, marquera la poésie française » (Marianne).
Elle poursuit une formation en philosophie, littérature et linguistique à l’École normale supérieure d’Ulm-Paris et en commerce à HEC Paris. Critique d’art autodidacte sous divers pseudonymes depuis ses dix-sept ans, elle a durant ses études également signé des centaines de chroniques sur la littérature, la philosophie, le théâtre pour Le Monde, Le Monde diplomatique, France Culture, Esprit, Europe, The Times Literary Supplement… avant d’enseigner à Sciences Po, tout en menant des missions pour l’UNESCO.
Michel Deguy, tout d'abord, la publie. « Subversifs », ses premiers livres, « autobiographies féeriques », mêlent cruauté, baroque, conte et mystique, abordant notamment la psychose, la jouissance sexuelle de l'enfant ou, une première en littérature, l’inceste mère-fille. Son écriture est à ses débuts rapprochée de celles de Bataille, Genet et Rimbaud.
Paloma Hermina Hidalgo publiera en 2024 Matériau Maman, « premier roman magistral » et conte de fées psychotique inspiré de sa propre vie.

© Ewen Barraud 2

Bibliographie

RECUEILS DE POÉSIE

. Rien, le ciel peut-être, Sans escale, 2023, sous le nom de Paloma Hermine Hidalgo, préface de Dominique Sampiero, lauréat de la Bourse Chenouard de la Société des Gens de Lettres.
. Cristina, récit poétique, Le Réalgar, 2020, paru sous l’hétéronyme de Caloniz Herminia, rééd. sous le nom de Paloma Hermine Hidalgo, préface d’Alain Borer, 2023.

ROMAN

. Matériau Maman, Éditions de Corlevour, 2024.

SÉLECTION DE NOUVELLES ET CONTES

. "Féerie, ma perte", Edwarda, 2024.
. "Lace, vanille, lace", Sur Zone / Poesibao, 2024.
. "La Neige tatouée", Frictions, 2021.
. "Fragments", La Revue littéraire, 2017.
. "Jardin des oliviers", Europe, 2017.
. "Magnificat", Po&sie, 2017.

SCÈNE

. La Danse des étoiles, Marie de Testa et Carolina Castaneda, Théâtre de la ville, 2012, performeuse.
. Zelda and Fitz, American Center for the Arts, Paris, 2011, également actrice.
. Paris, Texas, d’après Wim Wenders, American Center for the Arts, Paris, 2010, également actrice.

THÉÂTRE

. La Reine cousue, présentation de Bernadette Bost, Frictions, 2023.

SÉLECTION DE PRÉFACES ET D'ESSAIS BREFS

. "En langage trahir l’esprit", Absys, Centre Wallonie-Bruxelles, 2024.
. "Parti de rien, j’ai atteint la misère", Absys, Centre Wallonie-Bruxelles, 2023.
. Ironiques, les abîmes ultimes, de Valéry Molet et Dalibor Frioux, Sans escale, 2023.
. "L’aube de toute éternité" in Fanny Ferré, monographie collective, Galerie Capazza, 2023.
. "Day-glow mysticism", Almine Rech Editions, 2023.
. "About Hajime Sorayama", Almine Rech Editions, 2023.
. "De crasse et de roses", Esprit, 2022.
. "Le bouffon et l’usurpateur", Esprit, 2022.
. "Abrupte fable", Les Lettres françaises, 2022.
. "Tarjei Vesaas", Europe, 2022.
. "Lucia Joyce", Europe, 2022.
. "Tomás Saraceno", artpress, 2018.
. "Écrire à l’oeil", artpress, 2017.
. "Gao Bo", Maison européenne de la photographie, 2017.

ANTHOLOGIE

. Ces instants de Grâce dans l'éternité, Printemps des Poètes, Le Castor Astral, 2024.

LIVRES D’ARTISTE

. De cette ombre indigo qu’on voit aux baies d’açai, œuvres de Jacky Essirard, Atelier de Villemorge, 2023.
. Sacrilège, œuvres de Jacky Essirard, Atelier de Villemorge, 2023.

FILM

. Puzzle, de Sebastien Loghman, 2010, actrice.

RADIO

Écriture d’émissions littéraires radiophoniques pour le Centre Wallonie-Bruxelles.

FONCTIONS

. Jurée du Grand Prix de poésie Robert Ganzo.
. Secrétaire générale du Prix du poète-traducteur Robert Ganzo et du prix du traducteur-poète Robert Ganzo.
. Jurée de la Bourse Gina Chenouard de la Société des Gens de Lettres.
. Jurée du Prix de critique littéraire de Sciences Po Paris.

Extraits

EXTRAIT 1

— Nieve !

Je me penche sur la rampe d’escalier. Dans le salon, les femmes pleurent. Les enfants gémissent. Tous sauf moi, dressée sur la mezzanine. J’affecte la froideur, cette forme achevée d’héroïsme.

Ce matin, je palpite, suce des pastilles dont les arômes – cassis, violette, citron –, me consolent du monde. Et je regarde d’en-haut la petite foule. À sa droite, Cara. Une robe de jais dévoile ses omoplates. Ses cheveux s’échappent en boucles folles. J’épie son visage, la saillie des pommettes. Elle aussi pleure. Yeux fermés. Buste aminci par l’étoffe de la robe. Cara et moi sommes, à quatorze ans d’écart, deux plantes siamoises.

C’est elle qui, le jour même, m’a murmuré : Maman est morte.

— Nieve !

Elle pleure, donc, ma sœur, au pied des escaliers. Moi, je ne pleure pas. J’ai le cœur tourné. La nausée. Maman est morte. Je serre les poings. Je ferme les yeux. Sa mort coule en moi.

Cara me rejoint à l’étage. Je vois ses muscles à travers la maigreur, les jambes où tressaillent les tendons. Ses lèvres sont craquelées. Ses tempes glacées. Je vois la traînée de mascara sur sa joue. La sueur de son décolleté. Sa blondeur, aiguë, contre la vitre. Et la brûlure de son regard, si artificielle que sa douleur même paraît fausse. Elle m’effleure la nuque :

— Nieve !

Mon cou s’offre. Elle presse ses doigts sur ma bouche, son innocence de peau tendre. Mon front recule. Mon regard s’enlise. Sous les fossettes, la boursouflure de ses lèvres. Une face pauvre : ni sens, ni expression humaine.

— Fais-toi belle, dit-elle, on va voir Maman une dernière fois.

— Je peux me maquiller ?

— À dix ans ? D’accord.
Je gagne la salle de bain. Au mur : un leurre, le miroir. Mes cheveux : une auréole brune. Elle ondule. Elle s’étoile dans la glace. Ça vacille. Ça frémit. L’œil, surtout.

Sous ma peau, un masque se modèle.

Matériau Maman, roman, Éditions de Corlevour, 2024.

EXTRAIT 2

Maman ! Blonde toscane, d’une paume ouvrière, tu boudes, un soir, l’aulne et le tremble, cisèles dans le pin quelques poupées de sang. Pupa ! Il n’est guère anodin, Maman, que ton art ait renouvelé la légende des dieux sylvestres, suscitant les premiers pantins. Des Pinocchias, Maman ! Des prune, des vermeilles… Pupa ! Pupa ! De si frêles, que je ne peux me défendre de les croquer. Les mauves, je n’y eusse osé toucher : des infantes, des madones, mignonnes qu’à chaque pas la fortune sollicite, promises à quelque gloire d’outre-bois. Certaines, je les suçote. D’autres, je les nique simplement (les presse entre mes doigts : voyez comme c’est facile). Les plus roses, je les déchire dans mon désir, pleure sur leurs grâces éparses. Leur babil en est la cause : ce qui fait la luxure des corps de nature boisée n’est que chuchotis d’indolence :

O giglio giglio quanto sei crescente
Ricordati del ben ch’io ti vo’ sempre

Oh ! Ce castelet, Maman, d’un culte étrange... THÉÂTRE, dit sa façade, et ce mot cèle un cortège d’enseignes, tous les vices et maléfices du corps… Maman ! Ta chambre ! Backroom d’acajou ; PolyPocket ! ronces et volières en treillage ; mousselines de bambous, de nymphéas violines ; et cette poupée aux yeux d’huître, exhibée à la clarté lunaire – uno, due, croupe qui tangue, fait crisser les cuirs, martèle sa cadence. Marie-Cyprine, qu’elle s’appelle. Gueule camarde, pétard onctueux des Ménines de Botero, doigts de mauve et d’or, pointés comme des griffes de sphinge – un de ses gants éclate.

Marie-Cyprine – tu sais ? – casse tout, perd tout, confond coquelicots et violettes. Or, la daltonienne n’a pas de couleur propre. Elle est réverbération du ciel. On la saisit dans ses fureurs, lorsqu’elle est blême, méchante : une couleuvre d’argent sur une flaque de sang. Marie-Cyprine… Tu sais, Maman ? Sa pâleur est lumière. Le soleil est son chien. La suit comme tu peux voir. Une autre merveille d’elle : Marie-Cyprine fait chaque nuit affûter ses tétines à la longueur d’une pointe de topaze. Nous eussions douté de l’éclat du jour, non de la pureté de sa gorge roussâtre, rêvant qu’une couche praticable apparût en quelque niche de ce boudoir – où tout coin deviendrait, par l’alchimie du sexe, l’alvéole d’un sérail. Sa paume, au soir, égrène sur ma langue amandes, pétales de souci. Mélange premier choix. Tisane des Florides. Eh ! Quel chic pays, Maman : le viol de la terre, lentes roches floridiennes pour y glisser dessus, dérive, basalte, orangers en larmes. Torpeur. Pleurs d’oisiveté. L’air qui les sécrète. Lotophages. On chie des jujubes. Fruits qui n’ont plus la force de. Pas de ciel où rattraper le temps…

Féerie, ma perte, conte poétique, Edwarda, 2024.


Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Résidences