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Les écrivains / adhérents

Paola Pigani

Poésie / Roman / Nouvelle / Récits
photo Paola Pigani

Née dans une famille d’immigrés italiens en Charente dans les années soixante, Paola Pigani vit à Lyon. Romancière, elle est venue à l’écriture avec la poésie puis le conte, la nouvelle. Longtemps éducatrice, elle est restée sensible au langage et à l’observation des enfants, des sans -voix. Inspirée par le monde rural de son origine, elle aime aussi écrire sur la ville, l’exil, la marginalité, la photographie et la peinture. Une certaine mélancolie accompagne ses héros comme une façon d'être au monde sans vouloir renoncer à leur chagrin parce qu'il parle encore du bonheur perdu, de l'esprit d'enfance qui se décline contre le souffle de la mort. Ses nouvelles et sa poésie sont composées d’instantanés urbains quotidiens qui composent une chronique de la difficulté d’être, d’aimer et de survivre, dans une société qui (…) se défie de l’altérité. Ce n’est ni sur le mode de la compassion ni sur celui de la rhétorique démonstrative qu’elle témoigne mais avec son regard et sa parole fraternelle de poète, s’attachant à décrypter les signes furtifs et les gestes infimes du vivant. Michel Ménaché

Ses activités littéraires l’ont amenée à collaborer à la revue Le Croquant, à divers jurys (concours de nouvelle et poésie) ainsi qu’à Aleph écriture. Depuis 2013, elle participe à des rencontres régulières en milieu scolaire et carcéral. Ses romans sont présentés au baccalauréat en option littérature et société.

http://paolapigani.hautetfort.com/
Bibliographie

– Venus d'ailleurs, Éditions Liana Levi, 2015.
– Indovina, La Passe du Vent. 2014.
– (Se) correspondre : tandem Rhône-Alpes-Suisse romande, avec Bettina Stepczynski, Lettres Frontière. Editions Jean-Pierre Huguet, 2015
– N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures, Liana Levi, 2013. Premier roman distingué par 9 prix. Lauréate du 27 ème Festival du Premier Roman de Chambery et de Laval. Finaliste du Goncourt du premier roman.
– Concertina, Le Rocher, 2006. Prix Prométhée de la nouvelle. Préface de Marie Rouanet
– Le Ciel à rebours, Jalons. Presses de la Cité, 1999.

Textes publiés dans les revues et ouvrages collectifs
Jalons, Euro poésie, ACD , Le Croquant, Fout’Art, Microbe, Bacchanales,Liseron.
Textes inédits régulièrement présentés sur son blog
La renouée aux oiseaux paolapigani.hautetfort.com/

– Une si longue étreinte avec le théâtre,
avec le groupe Signes et Claude Chalaguier,2010.

– Des stèles aux étoiles avec le peintre Winfried Veit 2009. Impression l’Atelier et Ville de Pierre Bénite.

Bourse de l’Arald en 2011
Bourse du CNL en 2014

Extraits

Elle veut revenir sur le marchepied de la caravane du temps où il n’y avait qu’un petit frère, du temps où la soupe était épaisse, du temps où elle voyait les gamins rire des pitreries de son père et bâiller d’admiration devant ses tours de passe-passe, du temps où la mère enlaçait de sa voix claire chaque heure du jour. À présent, la méfiance les taraude. Alba se blottit contre sa mère endormie, la secoue et lui avoue ce qu’elle vient de faire pour empêcher les hommes de partir.
– Un Manouche n’abandonne jamais les siens. Ils ne seraient pas partis sans nous.
Ces seuls mots murmurés l’apaisent. Au petit matin, elle se lève avant tout le monde, s’occupe du feu et va récupérer les chaussures trempées de rosée. Elle les pique sur des bâtons qu’elle enfonce de toutes ses forces dans la terre pour les faire sécher. La brume est encore épaisse sur les prairies alentour. Un peu honteuse, elle fait cuire des pommes ramassées la veille dans une cocotte en fonte. Le parfum des fruits éclate à la chaleur, se mêle doucement à l’odeur de cuir et de bois humide. Tous dorment encore dans les roulottes. Peu à peu, la fumée, les parfums et la brume l’envahissent et soulèvent son âme bien au-dessus du campement. Elle voit ce petit monde s’éparpiller sur les routes, dans les forêts. Elle voit s’étendre sur tous les siens le même voile de cendre qui cache les yeux de sa mère.
N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures. Editions Liana Levi.2013

Aimer la langue. Aimer le pays qui vous accueille. Entrer dans les chairs de la France à travers des mots aux contours de beurre fondu, aux accents d’étoupe. Des mots qui dansent, une approche improbable. Des mots qui enrobent le désir d’être Autre. Nouvel être en ce pays, vierge et attentif. Ils se toisent, se détestent de partager le même rêve et la même désillusion. France, terre d’asile et la crasse au cœur pour tous ceux qui tentent de le croire. Si Dieu le veut, nous resterons, nous gagnerons argent, amour, voiture. Inch’allah, Puta Madre. Mirko entend les murmures dans les kleenex et les crachats sur le trottoir, juste en sortant. La petite professeur sourit toutes peaux tendues. Elle fait ce qu’elle peut. Simona est aux anges. Elle répète : Je suis résidente française depuis un an, je travaille dans un commerce et je cherche l’amour. Son rire éclate dans la rue. Son frère manque de tomber. Elle marche comme on saute à la marelle, grisée de joie à petit prix. Mirko pense à Agathe. Un désir de froisser ses cheveux entre ses doigts, de les sentir électriques. Un désir de toucher l’épaisseur de ses lèvres qu’il ignore, qu’il devine.
Venus d’ailleurs. Edition Liana Levi . 2015

Tu dois quitter ce jour si clair
Oublier l’éternité
Qui tremble dans ces bruissements d’arbre
Ton sang pagaie dans ton corps d’avant
Tu dois dire merci à ceux là
Lever les pièges un à un
Dans les bouches des femmes
Tu traverses ta rue
Tes yeux s’enfoncent là où
L’ouvrier turc casse l’asphalte
Au marteau piqueur
Tu vois son visage secoué
Plus paisible pourtant
Qu’un pain sur la table du soir
Tu pourrais être un voyageur
Aller vers le fleuve
Traverser un pont
Quitter ce jour si clair
Mais tu dois regagner ta vie
Par l’arrière
Trouver la serrure rouillée
La porte qui a bu tous tes automnes
Tu n’aurais qu’un coup d’épaule à donner
A l’intérieur il n’y aurait pas de lampe
Pas d’éclair dans ta mémoire
A peine quelques objets latents
Un verre vide et ses traces de lèvres

Indovina Edition La passe du vent 2014

Terre et mer
Tout se confond
Dans l’utopie et la rage
Le lieu de vous n’existe plus
La rage n’existe plus
Sauf l’écume aux lèvres mortes
Aujourd’hui a ses morsures
Vos yeux voilés de sel
Vos peaux gonflées ne sont rien
Toi Vous Ils
De ta gorge à ta peau
Ni guerre ni paix
Lampés par la nuit
A Lampedusa le 3 octobre 2013.

Extrait de Ni guerre ni paix publié dans le n° 51 de la revue Bacchanale

Ma bibliothèque

Van Gogh, Alfon, De Luca, Haddad, Steinbeck, Duras, Dickinson, Juarroz, Paz, Guillevic, Rilke…

Lieu de vie

Auvergne-Rhône-Alpes, 69 - Rhône

Types d'interventions
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  • Rencontres en milieu scolaire