Contenu | Navigation | Politique d'accessibilité | Crédits Lettre internet

Les écrivains / adhérents

Patrick Beurard-Valdoye

Poésie / Essais
photo Patrick Beurard-Valdoye

Il est né en Alsace romane au bord de la Savoureuse, et vit à Paris.
Ses publications traversent les champs de la création littéraire, de la critique d’art et de l’histoire des arts. Pratiques qu’il a regroupées sous sa seule activité de poète, développant le concept élargie de poésie : les arts poétiques.
Entre 1980 et 1988 paraissent sous sa direction dix numéros des Cahiers de Leçons de Choses, revue de littératures, d’arts plastiques et de musique contemporaine (la revue fut saluée notamment par John Cage et Claude Simon).
Lors d’un séjour à Berlin en 1982, il commence le premier livre du Cycle des exils, qu’il poursuit actuellement (6 ouvrages parus). C’est au préalable un travail de recherche et d’enquête sur des lieux d’exil en Europe.
Il a traduit Kurt Schwitters (avec Isabelle Ewig) et Hilda Morley (avec Séverine Daucourt-Fridriksson) dans la revue Action Poétique.
Il a réalisé plusieurs livres bibliophiliques avec des artistes plasticiens (Pierre Alechinsky ; Isabelle Vorle ; Germain Roesz ; Ruedi Baur, etc.)
Il a donné une centaine de performances poétiques et récitals dans une douzaine de pays.
Préoccupé par l’oralité et l’oralisation du texte, autant que par la présence des arts poétiques dans l’espace public, il dirigea à Lyon “L’Écrit-Parade”, où sont intervenus plus de trois cents auteurs. Pierre Guyotat y donna sa première lecture en France. Il y a invité notamment Ghérasim Luca, Edmond Jabès, Robert Pinget, Claude Ollier, Oskar Pastior, etc.
En prolongement de sa démarche d’auteur, il enseigne la pratique des arts poétiques à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon. Il y conduit avec Jérôme Mauche la Station d’arts poétiques.

Il a obtenu une bourse d’année sabbatique du centre national du livre en 2003, ainsi que trois Missions Stendhal (Ministère des Affaires Etrangères en 2000, 2003 et 2005).
Membre de la commission « poésie » du Centre national du livre de 1989 à 1992.
Membre de l’Association Internationale des Critiques d’Art depuis 1987.

Photo LD : Isabelle Vorle.

http://www.archivesdelacritiquedart.org‎
Bibliographie

Arts poétiques
Le « cycle des exils » :
– Allemandes, MEM / Arte Facts, 1985.
– Diaire, Al Dante, 2000.
– Mossa, Léo Scheer (Al Dante), 2002.
– La fugue inachevée, Léo Scheer (Al Dante), 2004.
– Le narré des îles Schwitters, Al Dante, 2007.
– Gadjo-Migrandt, Poésie / Flammarion, 2014.

Autres (sélection)
– Le Cours des choses, MEM / Arte Facts, 1990 (dessins de Pierre Alechinsky).
– Couleurre, éditions du Limon, 1993. Publie.net (coll. L’inadvertance), 2008.
– Lire page région, Tarabuste, 1998.
– Itinerrance, sites-cités-citains, Obsidiane, 2004.
– L’Europe en capsaille, Beauséjour, Maison de la poésie, Rennes, 2006.
– Théorie des noms, Textuel (coll. L’œil du poète), 2006.
– Le messager d’Aphrodite, Obsidiane, 2009.

Les revues Il Particolare (n° 17-18, Marseille, 2007), Faire-Part (n°24-25, Privas, 2009) et Fusées (n°22, Auvers-sur-Oise, 2012) ont publié un dossier sur son travail.

Arts plastiques (sélection)
– Singulièrement la couleur, Rupprecht Geiger, Fondation nationale des Arts, Paris, 1996.
– Du trou de mémoire à la trouée météorologique, typologies de l’intermédiaire, éditions du Limon, 1996 (français/allemand)
– Comment commémorer autrement (sous la direction de), école nationale des beaux arts, Lyon, 2002.

Cf. le fonds “Patrick beurard-valdoye” sur www.archivesdelacritiquedart.org‎

Extraits

passe un chiriklo qui tend l’espace
en effet les tsiganes volaient des poulets parfois des enfants ils étaient même des voleurs de langue empruntant où ils passaient des mots et sans les rendre allant jusqu’à corrompre leur sens les savants réputés considéraient l’idiome tsigane comme fait d’éléments de bric et de broc volés aux langues pures l’emprunt étant souvent et explicitement interprété en terme de perte de l’identité linguistique et si l’on avait interdit l’usage de ces mots détournés qu’auraient–ils donc eu à dire sinon à se taire ? aussi les instituteurs faisaient-ils payer une couronne aux garçons surpris parlant le rromani les filles on leur rasait la tête
quant aux gitanes autant jeteuses de sorts que voleuses d’hommes on se souvenait justement de cette affaire du paysan Janik disparu avec la tsigane sans laisser d’autres traces qu’un journal intime versifié publié en feuilleton valache dans le morave Lidové Noviny
le parti agraire prêtait désormais l’oreille aux pétitions paysannes et la loi du 14 juillet combattant la peste tsigane obligeait les nomades et tous mauvestis se livrant à ce mode de vie réputé tsigane à se déclarer pour obtenir l’indispensable carnet anthropométrique – la CIKÁNSKÁ LEGITIMACE – avec empreintes des dix doigts mention de noms et surnoms – mais le prénom rromani que la mère souffle une seule fois à son nourrisson l’administration ne l’aurait jamais – et tout détail hauteur poids visage cheveux barbe yeux front menton nez lèvres dents suivi de dix–neuf pages destinées aux observations particulières (à la rubrique profession de ces illettrés qui n’en avaient pas vraiment le fonctionnaire écrivait TSIGANE) des panneaux d’interdiction fleurissaient accrochés aux branches des hêtres ou chênes vénérables parce que les tsiganes illettrés savaient tout de même lire dans l’essence et l’écorce d’un des vingt-quatre hommes-arbres – la skuarc des rukka l’écorce qui cache le mystère seule sa partie supérieure le tronc vêtu en effet regardable à l’instar d’un humain – peu à peu on cernait mieux l’idée qu’il fallait sédentariser les juifs noirs pour les interner un jour
l’herbe plie sous le vent elle tient encore quand le vent est passé : : te trais

à peine quelques jours après l’application de cette loi deux enfants rroms voleurs de pommes dans un verger furent lelled les journaux moraves en ont fait des tonnes on les emprisonna si bien que le vieux Janácek allegro furioso protesta rédigeant ils ont déjà trouvé un toit sur la tête en leur honneur écrivant livret et musique de pour quelques pommes
gerj il y avait de l’orage dans l’air

(extrait de l’amour en cage in Gadjo-Migrandt, Poésie/Flammarion, 2014)

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques