Contenu | Navigation | Politique d'accessibilité | Crédits Lettre internet

Les écrivains / adhérents

Philippe Di Folco

Roman / Essais
photo Philippe Di Folco

Après un gros chagrin d’amour, j’ai commencé d’écrire vers l’âge de quatorze ans, des poèmes, ou plutôt des listes de mots, au départ inspirées de Baudelaire-Rimbaud puis de Sade-Jarry, et bien entendu, du rock : c’était en Angleterre, à Reading et elle s’appelait Jane. Longtemps, je me suis dit que ces poèmes ne valaient pas un clou. C’est Dominique Joubert qui m’a encouragé. Il est mort en 2004. Il avait été anarchiste. Il chantait la place d’Italie comme personne. Je l’avais rencontré à la Maison des Arts de Créteil. Il m’a présenté à une sorte d’enchanteur, Michel Bouvet, un affichiste. Dans les couloirs mauves et bleus, un soir, j’ai croisé une fée qui ressemblait à Mile Davis qui aurait fait l’amour avec Nina Simone et John Coltrane. Dix ans plus tard, nous avons fabriqué un enfant qui occupe désormais le cœur de mes pensées. Michel est devenu son parrain, c’est aussi lui qui m’a publié mon premier texte. Après d’ennuyeuses études, et sur les conseils de François Di Dio, l’inventeur du Soleil Noir, j’ai travaillé dans les métiers du livre : les premiers outils de PAO, les premiers modems internet, me firent espérer le partage des savoirs et la baisse tendancielle du taux de bêtise. En avril 1996, alors que je venais de me faire licencier par une multinationale allemande, je suis allé voir Jean-François Bizot pour lui demander de m’offrir les moyens de faire des reportages à la Hunter S. Thompson. Nous avons fait équipe ensemble, sur ses archives, à la radio, partout, pendant 7 ans. En 2000, Marie-Laure Dagoit publia mon premier poème, aux éditions Derrière la salle de bains. La suite est une liste d’ouvrages publiés :

Il y a :
des romans, des essais, des beaux-livres (comme on dit), des dictionnaires, des livres avec des artistes, des livres sur des artistes, des plaquettes de poésie (je les aime infiniment ces plaquettes).

En mai 2010 est sorti sur les écrans un film, Tournée, réalisé par Mathieu Amalric dont j’ai été le co-scénariste.

Souvent, les visages de Dominique, Michel, François, Jean-François, Marie-Laure, Pierre-Antoine, Mikel, Mathieu, Pascal, Hafida, Inès peuplent mes pensées. Si je ne suis que le produit de tous ces visages aimés, écrire dirait-on n’a rien à voir avec ces visages : au siège de l’écriture, il y a mon cerveau, qui tel un parlement, tente de rédiger une constituante, avec appel à témoins, séance de dissection et de projection, déclaration de principes ou motion de censure et dès que la paix revient, mes députés écoutent alors les scandaleuses forces révolutionnaires du passé et embrassent l’aube d’été. L’Idiot devint alors tyran et je me sens heureux. Sur les bancs de mon congrès intérieur, le seul parti que je craigne est celui du ressentiment. Il en faut alors des efforts pour tendre vers demain. Autant dire que le sommeil, l’ennemi de la raison, ne nous est pas permis.
D’où vient cette assemblée ? De la nuit et du brouillard ? Du cabaret fataliste ? De la mariée mise à nu ? Des mascarades ? Des espaces interstellaires ? De l’enfant bercé aux sons du chant de la Terre ?
Je ne sais pas.

Photo de Michel Monteaux.

Bibliographie

Sélection d’ouvrages
– Citizen Data, Beyond Electronic Resistance, Sens&Tonka, 2001
– Tentatives de sourires et autres plongeons, Denoël, 2002
– Peau, tatouages et piercings, Fitway, 2004
– Dictionnaire de la pornographie [conception & direction], PUF, 2005
– Les Grandes impostures littéraires, Écriture / L’Archipel, 2006
– Salva™, Denoël, 2006
– Le goût de Tunis, Mercure de France, 2007
– Le goût de Madrid, Mercure de France, 2008
– Le goût du Sexe, Mercure de France, 2009
– A table avec la Mafia, essai culinaire, Agnès Viénot Editions, 2009 (avec C. Dixhaut)
– Dictionnaire de la mort [conception & direction], coll. In Extenso, Larousse, 2010
– Chien, Textuel Éditions, 2010 (avec Hervé Le Tellier)
– Petit traité de l'imposture, coll. « Philosopher », Larousse, 2011
– Histoires d'imposteurs, La Librairie Vuibert, 2012
– My Love Supreme, Stéphane Million éditeur, 2012 (Denoël, 2001)
– La Littérature gourmande. De François Rabelais à Marcel Proust, Éditions Eyrolles, 2012
– Lavomatic, Stéphane Million éditeur, 2013
– Les Secrets de la mafia, La Librairie Vuibert, 2013

Extraits

Petite cure de riens
publié chez Derrière la salle de bains dans la revue "Behind"

« Tu es un type bizarre tout de même… »
Sortis de la bouche de proches, ces mots, loin de me froisser, semblent me définir au plus juste. Est-il vraisemblable que je cherche non pas « l’or du temps » mais du temps ? du temps pour soigner une partie de moi-même à l’aune des variétés du monde et de fait, en chasser l’ordure en effectuant une sorte de tri ? Dans mon esprit, tantôt ça hurle, tantôt ça gémit – pour qui, comment et pourquoi ? Je ne saurai trop le dire précisément, comme si cerner, identifier, nommer ce qui me taraude, m’excite et me tient debout jour après jour, suffisait à détruire le désir.

Cupidon
Putto aiguillonnant la flèche dont la trajectoire reste insoupçonnée, comme je t’aime et comme je t’attends à chaque carrefour… Jadis, tu te maintenais suspendu dans un angle du plafond. Ma main se dirigeait vers la bibliothèque. Tu décochais. Un picotement dans ma nuque marquait l’instant précis où, délicatement, j’extrayais du rayonnage le livre d’aventure. Je partais ensuite sans quitter mon studio. Être non voyageur mais qui, pourtant, s’évade. Et puis sont venus les déplacements. Je me suis investi touriste. J’ai amassé des tours Eiffel, des boules à neige, des galets peints, des polaroïds. Mon corps fut marqué par quelques suçons. Je n’aime pas les tatouages, il fixe l’éternité. Je suis un navire en dérive. Aucun port ne me convient.

Locus solus
Quelque part existe une grange abandonnée aux vents et aux araignées qui m’attend. Elle se tient au creux d’un vallon, non loin d’une rivière baignant les réacteurs d’une centrale nucléaire. J’échangerai quelques curies pour un cancer plus noble encore, celui qui ronge passionnément mes appartements intérieurs. Je veux les remplir avec soin non pas de souvenirs réels mais d’inventions. Comme je craignais autrefois de ressembler aux copieurs, ni Bouvard ni Pécuchet, je vais je viens dans ma grange meublée de petits riens. Il y aura, au centre, un grand lit. Je n’aurai pas froid. Le plafond sera comme un fond de cale. Quelques bouteilles à portée de main. Un chat phosphorescent signifiera le temps absolu en lissant ses moustaches. Un appentis desservira la loggia, bourré d’échantillons sans aucun lien entre eux. Le chat sera dressé pour aller et venir, un objet différent entre ses crocs à chaque fois puis, sa tâche achevé, s’assoupira sur un tapis de tourbe.

Sérendipité
J’essaye sans cesse. Comme je travaillai ma pate, mêlant farine, beurre fondue, sucre et jaunes d’œufs, l’idée me vint d’y ajouter des quartiers préalablement caramélisés de cœurs d’artichauts. Un jour, je mélangeai chair d’avocat et sucre. Une autre fois, je fixai l’arôme de quelques petites tomates olive du Vésuve d’un jet de lacrima christi. Il faut dire que mes rêves de métier, enfant, furent longtemps l’archéologie et la chimie. Les temps d’Albert le Grand sont révolus mais Capitaine Némo veille. J’ai remisé la cornue en pyrex, les éprouvettes, le permanganate ; la boîte Chimie 2000 pourrit sans doute en quelque cave. Sur une étagère, j’accumule des objets trouvés. Quand j’organise un dîner, mes hôtes font face au petit cabinet couleur acajou. Ils s’exclament souvent, à peine la bouchée singulière déglutit « mais qu’est-ce donc que CELA ? ».

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire