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Les écrivains / adhérents

François-Henri Désérable

Roman / Nouvelle

Né à Amiens en 1987, François-Henri Désérable a publié sa première œuvre littéraire, Tu montreras ma tête au peuple, aux éditions Gallimard, en avril 2013. Le livre est récompensé par le prix Amic de l’Académie française, le prix littéraire de la Vocation et le prix Jean d’Heurs du roman historique.
Il collabore à la Revue Décapage et à la revue L’Infini.
Il est également joueur de hockey sur glace professionnel, et poursuit une thèse de doctorat en droit.

Bibliographie

Ouvrages
– Un certain M. Piekielny, Gallimard, 2017
– Évariste, Gallimard, 2015
– Tu montreras ma tête au peuple, éd. Gallimard, coll. « Blanche », 2013.
– Clic ! Clac ! Boum !, nouvelle de l’ouvrage Histoires en creux, éd. Buchet/Chastel, collectif rassemblant les textes des lauréats du Prix du Jeune Écrivain, 2012.

Revues
– « Quelques jours à Beyrouth », Revue L’Infini, n° 126, mars 2014.
– « 1820 signes », Revue Décapage, n° 49, hiver-printemps 2014, p. 50.
– « Sur les toits », nouvelle illustrée par Élis Wilk, Revue Décapage, n° 48, automne-hiver 2013, pp. 113-117.

Extraits

Ecoutez les chevaux qui hennissent dans la chaleur de prairial, leurs sabots qui claquent sur le pavé du quai de l’Horloge, l’incessant clapotis des rames sur la Seine. Quittez le fleuve du regard, pivotez la tête à droite et levez les yeux au ciel. Vous voyez la tour crénelée, avec sa poivrière en ardoise ? C’est la Tour Bonbec. Les prisonniers, sous l’ancien régime, y étaient soumis à la question. Et puis voici la Tour d’Argent, la Tour de César, la Tour de l’Horloge. Tournez à droite, sur le boulevard du Palais, faîtes arrêter le carrosse dans l’angle Nord de la Cour du Mai, descendez-y en prenant garde de ne pas crotter vos bottes - vous êtes un gentilhomme -, fouillez vos poches, sortez-en le laissez-passer. Donnez-le au porte-clefs édenté, crânement campé devant le guichet, patientez pendant qu’il le lit et vous toise, le déchiffre et vous dévisage. Il vous fait signe d’entrer ? Courbez l’échine – d’autres se sont brisés le crâne contre la pièce de traverse - et faîtes un pas en avant. La porte, basse, étroite, presque enfoncée sous terre, se referme bruyamment, vous tressaillez en entendant le bruit du verrou. Voilà, vous y êtes. Ou presque. Encore quelques mètres. Passez devant le greffe, le bureau du concierge, la salle de toilette : vous êtes là en visite, on vous fait grâce de l’inscription sur le registre d’écrou, du rapiotage, de la coupe à la victime. Allez, n’ayez pas peur, entrez dans la souricière. Ça y est. Les cachots sont là, à droite, à gauche, il y en a partout. Vous sentez la puanteur, le renfermé, la crasse, la merde, le fumier, le souffle intact de la mort ? Inspirez un grand coup, si le cœur vous en dit. L’air est à vous, aux rats et aux vermines. Voyez ces cellules où les prisonniers sont cinq, parfois six ou sept, allongés sur des lits à sangle, dans le froid, l’humidité, l’obscurité la plus totale. Il est encore tôt, ils dorment. Leur sort vous rebute ? Ceux-là ne sont pourtant pas les plus à plaindre. Ils ont un lit et c’est un luxe qu’ils ont payé : la sacro-sainte égalité de la Révolution s’arrête aux portes des prisons. Les autres, les pailleux parce qu’ils dorment à même la paille, s’entassent par dizaines à même la paille, chient à même la paille, crèvent à même la paille, avec de la paille sous la langue et pas une obole pour Charon.

Tu montreras ma tête au peuple, éd. Gallimard, coll. « Blanche », 2013.

Ma bibliothèque

Emmanuel Carrère, D’autres vies que la mienne
Albert Cohen, Belle du Seigneur
Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo
Victor Hugo, Quatrevingt-treize
Primo Levi, Si c’est un homme
Pierre Michon, Les Onze
Pierre Michon, Rimbaud le fils
Jean d’Ormesson, Histoire du Juif errant
Jean-Paul Sartre, Les mots
Stefan Zweig, Le monde d’hier

Lieu de vie

Hauts-de-France, 80 - Somme

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques