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Les écrivains / adhérents

Jean-Claude Lalumière

Roman / Nouvelle
photo Jean-Claude Lalumière

Jean-Claude Lalumière est né à Bordeaux en 1970. Il vit aujourd’hui à Paris.
Il écrit dans la revue de création littéraire en ligne, Antidata, puis participe à la création de la maison d’édition du même nom en 2004.
D’abord auteur de nouvelles (publiées dans des recueils collectifs et dans la presse), il a ensuite collaboré avec les Ateliers de création de Radio France (2005 à 2008) pour lesquels il a écrit une vingtaine de fictions radiophoniques avant de publier des romans.
Tous ses romans sont disponibles en format poche (Le Livre de Poche).
Après avoir écrit ce court texte autobiographique, Jean-Claude Lalumière se demande si le fait de parler de soi à la troisième personne est inquiétant ou pas. Il se promet d'en parler à son médecin à la première occasion.

http://jclalumiere.blogspot.fr
Bibliographie

– Ce Mexicain qui venait du Japon et me parlait de l’Auvergne, Arthaud, 2016, roman
– Antoine Blondin, Nouvelles Lectures, 2016, essai
– Comme un karatéka belge qui fait du cinéma, Le Dilettante, 2014, roman
– La Campagne de France, Le Dilettante, 2013, roman
– Le Front russe, Le Dilettante, 2010, roman
– Blanche de Bordeaux, éd. Du 28 août, 2007, roman

Extraits

Le Front russe (Le Dilettante, 2010)
Enfant, je pouvais passer des heures à regarder les motifs du papier peint. Les murs du séjour de la maison de mes parents, recouverts d’un motif végétal rococo post-moderne Vénilia – collection 1972, produisaient des monstres du meilleur effet sur mon esprit si facilement impressionnable ; j’avais tout juste huit ans. Je m’installais sur le canapé en velours marron, fixais mon regard à mi-chemin entre le sofa et le mur et attendais patiemment que les formes au-delà du point flottant dans l’espace que je fixais prissent peu à peu l’aspect de la face grimaçante d’une créature de l’Enfer : les fleurs de lys fournissaient les oreilles et les cornes, les feuilles d’acanthe une gueule hurlante, langue pendante, deux tiges entrelacées, de chèvrefeuille ou de passiflore, filaient vers le haut et formaient au sommet une coiffure serpentine ; au passage deux feuilles disposées de façon symétrique dans le motif dotaient ce monstre de petits yeux sournois et hypnotiques dans lesquels je finissais par être happé. La peur de ne pouvoir me libérer de son emprise me saisissait alors et je m’éveillais. Ainsi se terminait ma fantasmagorie, quand elle avait pu aller jusqu’au bout, car la plupart du temps ma mère déboulait dans le séjour et, me trouvant ainsi, assis avec l’air de m’ennuyer, me proposait de regarder les dessins animés. Je tentais de rester concentré sur mon exercice, en vain, car elle allumait le téléviseur sans attendre ma réponse et me tirait brutalement de ma rêverie.

Comme un karatéka belge qui fait du cinéma (Le Dilettante, 2014)
Très vite, les petits fours et le champagne ont disparu. Comme cela se produit chaque fois, les invités se sont jetés sur le buffet avec la voracité destructrice de piranhas s’attaquant à une carcasse grasse. Pour ma part, je préfère manger avant les cocktails. Je trouve en effet déplorable d’être là comme au guichet de la sécurité sociale, devant une table sur laquelle sont disposées quelques malheureuses feuilles d’endives décorées d’une crevette rachitique ou des canapés que les convives gobent par trois en se demandant ce qu’ils peuvent bien être en train d’avaler. Hormis le champagne, il n’y a jamais rien de très nourrissant sur les tables dressées par les traiteurs, et au fond les invités le savent bien. Mais c’est un comportement irrépressible : toutes ces futilités disposées avec soin sur des plateaux d’argent deviennent, par la magie de l’instant festif, une absolue nécessité. À l’idée que, quelque part au bout de la file, se déroule une distribution gratuite, peu importe de quoi, tels des Moscovites de la grande époque soviétique, ils s’alignent. Si l’on peut dire car, pour tout avouer, le plus souvent, j’ai l’impression d’assister à l’ouverture des soldes dans les magasins des grands boulevards. Il faut jouer des coudes pour obtenir sa pitance. Il y a plus de savoir-vivre dans une distribution de la soupe populaire que dans un buffet mondain.

Ma bibliothèque

Jean Amila-Meckert, Marcel Aymé, Antoine Blondin, Charles Bukowski, Henri Callet, John Fante, Gustave Flaubert, Jean Forton, E.M. Foster, Christian Gailly, Jean Giono, Michel Houellebecq, Jerome K. Jerome, Franz Kafka, Jean-Pierre Martinet, François Mauriac, Elizabeth von Arnim, Oscar Wilde, P.G. Wodehouse

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire