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Les écrivains / adhérents

Marianne Jaeglé

Roman / Essais / Scénario
photo Marianne Jaeglé

Agrégée de lettres modernes, j’écris des livres et des films documentaires.

Mon centre d’intérêt le plus constant est la pratique de l’écriture, je lui ai consacré un livre Ecrire, de la page blanche à la publication, (Scrinéo, 2010, réédition 2014) et un film documentaire Tu veux écrire, réalisé par Jean-Luc Cesco (52', Mozzaïk, 2015). Ces travaux sont nés de ma pratique de l’atelier d’écriture : je suis animatrice aux Ateliers d’écriture Elisabeth Bing après avoir moi-même suivi des ateliers dans cette association.

Mon deuxième roman, Vincent qu’on assassine, est publié chez Gallimard, dans la collection l’Arpenteur (2016). Il traite des relations entre l’artiste et le monde, mais aussi de la création en général.

Je suis aussi intéressée aux questions du monde contemporain (Une Poupée qui dit non, Calmann-Lévy, 2006, en collaboration avec Galina Valkova ; Le sang noir de Médée, film documentaire réalisé par Nico Di Biase, 52', KTO, 2008 et Sant'Egidio, les artisans de la paix, film documentaire réalisé par Nico Di Biase, 52', Arte,2002).

J’ai travaillé sur les œuvres d’Alberto Moravia et de Jean-Paul Sartre : (Sartre, éditions Nouveau Monde, 2005 et Moravia, l'homme qui regarde, film documentaire de 52', collection « Un siècle d’écrivains » (coproduction France 3, RAI et INA) 2000.

Membre du Conseil d'administration de la Mel de juin 2016 à mars 2017.

http://mariannejaegle.over-blog.fr/
Bibliographie

– Histoire de Paris et des Parisiens, 2005, CIE 12
– Jean-Paul Sartre, 2005, Septentrion (Poche, Nouveau Monde Edition en 2005).
– Une poupée qui dit non, en collaboration avec Galina Valkova, 2006, Calmann Lévy
– Vous n'aurez qu'à fermer les yeux, 2010, Jacques-Marie Laffont
– Ecrire, de la page blanche à la publication, 2014, Scrineo
– Vincent qu'on assassine, 2016, Gallimard

Documentaires
– Tu veux écrire, réalisé par Jean-Luc Cesco (52', Mozzaïk, 2015)
– Le sang noir de Médée, film documentaire réalisé par Nico Di Biase, 52', KTO, 2008
– Sant'Egidio, les artisans de la paix, film documentaire réalisé par Nico Di Biase, 52', Arte,2002

Extraits

Voilà ce que, depuis toujours, vous savez, ou croyez savoir à son sujet : une promenade dans les blés, le 25 juillet 1890. Un pistolet emprunté, on ne sait pas trop à qui, on ne sait pas trop pour quoi, pour effrayer les corbeaux, dit-on, qui survolent les champs de blés par dizaines. Et puis voici l’homme. On le voit partir seul, en début d’après-midi, son chevalet sous le bras. Dans son autre main, la mallette tachée dans laquelle il transporte ses couleurs et ses pinceaux. Sur sa tête, le chapeau de paille qui lui donne l’air d’un paysan abruti de fatigue et de chaleur, oui, celui-là même que vous avez vu sur l’autoportrait au fond bleu.
Ce jour-là, donc, en cet après-midi de juillet écrasé par un soleil implacable, il sort, comme chaque jour, et on le voit partir lentement, s’éloigner sur le chemin qui conduit de l’auberge Ravoux aux champs derrière le cimetière, où il a l’habitude de peindre. Rien dans cet après-midi-là qui signalerait que quelque chose de différent va se produire. Non, les secondes s’écoulent paresseusement, en apparence toutes identiques et le temps qui semble continu et interminable s’étire, dans ce village de l’Oise où il ne se passe jamais rien. Où pour toujours le vent souffle sur les blés, les corbeaux volent en croassant, les jours s’écoulent saison après saison, sans que nul événement jamais ne vienne troubler la paix imbécile. Où les gens naissent, vivent, meurent, sans partir, sans même changer. Cet après-midi-là, comme tous les autres, se passe dans la torpeur du quotidien.
Et puis le soir, comme vous le savez, il rentre, chancelant, une main pressée sur la poitrine. Il n’a plus ses affaires. Si on le voit, on le considère d’un œil torve : le voilà saoul, pense-t-on charitablement, en donnant un coup de coude à la commère, pour lui faire admirer l’état dans lequel le toqué revient de son “travail”.
Il monte en titubant l’escalier de l’auberge Ravoux et va s’effondrer dans son lit. Le temps passe, passe encore. Au dîner, contrairement à ses habitudes, il ne descend pas dans la salle commune de l’auberge. Quelqu’un le remarque et s’en étonne, alors Gustave Ravoux monte s’enquérir de lui, découvre une tache rouge, apparue sur son gilet, qui n’est pas de la peinture. Et c’est l’affolement.
On mettra cela sur le compte de l’alcool ou de la tristesse, du découragement, de la folie aussi, qui fait qu’on a dû l’enfermer, quelques mois auparavant. On mettra cela sur le compte du désespoir, et de la peinture, car dans le fond, s’il avait eu un travail véritable, rien de tout cela ne serait arrivé. On rapprochera cela des signes avant-coureurs, car il y en a eu : sa dispute avec un autre peintre plus reconnu, l’oreille qu’il s’est coupée dans un moment de délire, sa défaillance à gagner sa vie comme un homme. Rien d’étonnant à ce qu’il ait voulu en finir, le pauvre, pensera-t-on et tout cela est fondé, bien évidemment.
Pourtant, ce n’est pas ainsi que les choses se sont passées.

Extrait de Vincent qu’on assassine, Gallimard, 2016

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire