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Les écrivains / adhérents

Marie Lébely

Roman
photo Marie Lébely

Je m’appelle Marie, je suis née en 1981, je vis dans les Alpes-de-Haute-Provence, et j’ai toujours aimé les histoires. Toute petite, je racontais mes rêves, et puis j’ai su lire, et écrire. Alors j’ai lu, beaucoup, et j’ai écrit aussi.
Adolescente, j’ai tenu des journaux intimes, et j’ai eu besoin d’écrire des poèmes. Je me rappelle très précisément de la première fois qu’un débordement de mots m’a prise : je rentrais du collège, seule, à pied, et quelque chose s’est envolé dans mon ventre. Les mots m’ont transportée, j’ai eu comme une extase. Les hormones, peut-être bien (pourquoi pas, peu importe après tout), toujours est-il que j’ai ressenti le besoin d’écrire, pour la première fois, comme une nécessité physique.
Je suis devenue adulte, enfin je crois (même après avoir fait trois enfants je ne suis toujours pas sûre de cela), professeure des écoles (en 2005), et j’ai continué à écrire. Un jour, j’ai envoyé une sélection de nouvelles à René Frégni, parce que j’aime ses livres et qu’il habite tout près. Il m’a encouragée, puis je l’ai rencontré, et peu de temps après, j’ai appris qu’il avait donné mes manuscrits à Jean Darot, le fondateur des éditions Parole, et que mon texte le plus long allait être édité. Un petit roman, une histoire que je m’étais efforcée de mener à son terme, une écriture que l’on a qualifiée parfois d’ « adulescente ». Et le livre a existé. J’ai écrit la suite, qui a été éditée par Parole également en 2017. Mes personnages ont 20 ans, ils vivent comme ils peuvent dans notre monde contemporain. Les thèmes abordés sont ceux de l’adoption, des liens familiaux, amicaux, amoureux, de la recherche de chemins personnels, et d’une possible réinvention de tout cela.
J’ai obtenu des résidences d’écriture pour les ateliers théâtre de la ville de Digne. Plusieurs projets collectifs ont été menés jusqu’à la scène avec les groupes d’enfants ou de jeunes du centre culturel dirigés par Sylvie Beaujard. Je me suis investie dans de nouveaux projets d’écriture, courts-métrages, recueils poétiques, nouvelles, chantiers plus longs…
J’anime régulièrement des ateliers d’écriture auprès de lycéens, du public de la médiathèque de Digne, et à l’Université du Temps Libre de Peipin. Je suis en formation actuellement, en 2023/2024, à l’université d’Aix-Marseille, pour obtenir un Diplôme Universitaire d’animatrice d’ateliers d’écriture.
Je crois en l’émotion que soulèvent les mots, et je voudrais la partager.

Bibliographie

- Le large dans les poubelles, éditions Parole, 2014.
- L’horizon d’un événement, éditions Parole, 2017.

Extraits

« Il voudrait parler encore, mais les mots restent bloqués, même pas dans sa gorge, ailleurs. Un éclat de voix lui est tombé dans le cœur. Il en viendrait carrément à souhaiter qu’il y ait une coupure d’eau chaude, voire d’eau tout court, une alarme, un tremblement de terre, n’importe quoi d’assez catastrophique pour que le langage à nouveau ait un sens. Tout est normal, c’est exaspérant. Alors il écoute attentivement les petits bruits marquant les étapes de la toilette de l’inconnue en appuyant machinalement sur son robinet dès que la pression diminue. Enfin, l’eau se tait dans la cabine d’à-côté. L’étrangère y frotte son corps sous une serviette, défroisse ses vêtements, les enfile. Il ne s’est pas savonné, vite, il se rhabille pour affronter la réalité. Les deux portes s’ouvrent en même temps dans le silence de l’eau coupée. Son shampooing lui échappe des mains, comme dans les plus mauvaises comédies américaines, et il bafouille quelques mots à peine audibles sur sa maladresse. Elle sourit et se tait. Le contourne, se retourne, le dévisage, et dans un balancement s’enfuit. Elle n’a pas atteint le rectangle de ciel formé par l’ouverture de secours qu’il sent son cœur exploser.
Du sommet de l’escalier extérieur il plane. Elle, est d’abord engloutie par le tourbillon des marches de béton. Et puis elle surgit enfin, au bout d’une éternité, et s’engage à travers les pins jusqu’à la faille d’un grillage avachi de rouille.
Elie. Il s’appelle Elie et retourne sous la douche pour calmer ses ardeurs. Par fétichisme il choisit celle qui enfermait tout à l’heure la nudité de l’inconnue. Quelques cheveux auburn s’enroulent autour de la grille d’évacuation. Avec la plus grande précaution, il les dépose dans la poche de son short. Elie est romantique, il a toujours cru aux contes de fées. »
Le large dans les poubelles


« Ils marchent longtemps en espérant s’approcher de la mer, ils marchent dans la nuit noire orangée, dans l’air collant de sable, dans le vent abandonné qui tourne en rond. Les rues s’enchaînent au rythme saccadé de leurs pas, de leurs souffles, et puis enfin ils arrivent au bord. Au bord du monde. De l’autre côté, ce pourrait être l’espace infini, l’univers noir et vide. Ils s’aperçoivent qu’ils marchent sur du sable. Un sable si fin, qui couvre la digue comme un voile. Un muret en pente, un toboggan de pierre à descendre en glissant sur les fesses, et les voici sur la plage. La mer est enfin visible. Sous la lune, elle brille comme un miroir brisé en mille morceaux. Il y a tant de temps qui ne sert à rien, qui passe trop discrètement, se fait oublier dans l’espace, et puis il y a des moments comme celui-ci où chaque pas compte, où chaque seconde est une dégustation vivante. Ils en sont là, ils marchent sur cette plage comme s’ils alignaient leurs premiers pas sur la lune, et la lune, au-dessus, joue le jeu. Quelques méduses échouées offrent leurs gros corps visqueux à la lumière nocturne, Elie les tapote du bout de son pied, elles bougent, toutes flasques, comme des extra-terrestres. C’est marée basse, le chuchotis au loin de l’eau noire, les flaques de mer qui s’engloutissent dans le sable, les coquillages dessalés, fragmentent leurs perceptions sensorielles en mille émotions primitives. Au bord de l’eau le sable est mouillé, c’est plus facile pour marcher.
Du côté des hommes la digue s’allume, des fenêtres sont éclairées, de grandes baies vitrées d’où l’on doit parfois contempler des tempêtes, bien à l’abri. Nastia pense à sa couette, là-bas, à Kolding, dans sa chambre, chez ses parents. »
L’horizon d’un événement

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