Contenu | Navigation | Politique d'accessibilité | Crédits Lettre internet

Les écrivains / adhérents

Françoise Grard

Roman / Jeunesse

Mon amour des livres et des mots remonte si loin qu’il a quelque chose d’originel : le début de ma mémoire se confond avec mes premières lectures…
Lire puis écrire ont contribué très tôt à me rendre la vie plus que supportable, grâce à cette chambre d’échos.
Pour autant, je n’ai jamais perdu mon solide appétit pour la réalité, et son contact roboratif. J’enseigne depuis vingt-cinq ans les Lettres à des lycéens dont le commerce est une source toujours renouvelée d’émotion et d’échange. Mais ma plus grande ambition satisfaite reste d’avoir fondé une famille de trois enfants. Un pari chaque jour relancé de mener cette barque à travers les écueils de l’existence.
Reste la musique. Pianiste médiocre, je puise néanmoins de grands bonheurs dans les moments de musiques volés aux contraintes. C’est une source de vitalité que je recommande farouchement.

Thèmes
Écrire pour la jeunesse s’est imposé pour moi quand j’ai compris que l’adulte que je tentais de devenir n’était que la grande sœur, lourde de mémoire, de l’enfant que j’avais été. Mes choix professionnels le prouvaient suffisamment, ainsi que cette solidarité profonde, qui n’est même pas un choix, qui me lie aux élèves qui me sont confiés. Pour parodier un psychologue célèbre, je serais tentée de dire que tout ne se joue pas forcément avant six ans (!), mais avant douze. Comme l’emboîtement des poupées russes, il me semble être en contact permanent avec les enfants successifs que j’ai été.
Si la lecture a joué un rôle fondamental dans mon enfance, un rôle initiatique et consolateur, je me suis sentie aussi « à ma place » dans les caractéristiques de l’écriture pour la jeunesse. C’est à la recherche d’une certaine clarté, d’un soucis de la sensation, de l’émotion, au détriment du discours, dans la conviction d’un certain optimisme à transmettre qui n’est rien d’autre que l’amour, que j’ai trouvé mon identité d’auteur.
A partir de là, écrire pour la jeunesse, c’est surtout écrire sur la jeunesse, adresser à la solitude de l’enfance cette parole d’accompagnement et de réfléchissement qui mettra des mots sur un vécu souvent opaque. Que ce soit dans la série policière que j’ai écrite, ou dans les romans psychologiques où je raconte « des histoi-res », je me suis plus particulièrement attachée à évoquer la famille et ses tempêtes, l’école, ses bonheurs et malheurs, l’amitié, les premières amours, la confrontation à l’adulte, les situations singulières.
Je m’adresse essentiellement aux années collège, avec des incursions chez les plus petits et d’autres en direc-tion des grands adolescents.

http://www.fgrard.com
Bibliographie

Publications
– Rouge paprika. Editions Gulf-stream 2006
– Claire Obscure. Editions Gulf-stream 2006
– Emmène-moi, Gallimard, Hors-piste, 2009
– Graine d'Ortie, Oskar, 2009
– Portée absente, Belin Jeunesse, 2010
– La Proie pour l'ombre, Belin jeunesse, 2010
– La Comtesse de Ségur, collection L'Histoire en images, éditions Gulf-Stream, 2010

– Wanda Actes sud junior 1998
– La baguette de Mikado. Actes sud junior 1998
– La mansarde. Avtes sud junior 1998
– Les ombres de novembre Actes sud junior 1999
– Le silence de Solveig Actes sud junior 2001
– Quentin sur le quai, Actes-Sud Junior, 2008
– Moi, je reste, Actes-Sud Junior, 2009
– Une drôle de maman, Actes Sud Juniior, 2011

Dans la collection "les petits polars" :
– Le rôdeur de St André . Actes sud junior. 1999
– Le loup de Manigod. Actes sud junior. 2001
– Les corbeaux de Fourlaud. Actes sud junior 2003
– Impasse des ténèbres 2005

– Dis merci à la dame. Actes sud junior 2000 (album illustré)

Collection "les premiers romans"
– Vous avez un nouveau message. 2002
– Un éléphant dans la neige. 2004
– C'est la soupe à la grimace. 2008

– Je t'attends. En collaboration avec Thierry Lefèvre. Editions Flammarion 2005

– As de trèfle. Editions Bilboquet 2005 (album illustré)

Extraits

Extrait de « Je t’attends », en collaboration avec Thierry Lefèvre, Flammarion, Collection Tribal, 2005

Saint-Martin Le 5 Juillet.

Salut, Léa,
Je crois que notre correspondance amorcée réussit à me tirer de ma torpeur. Il est dix heures du matin, un record pour moi, et il me semble que l’univers recroquevillé s’ouvre un peu. Le Morvan se réveille. C’est le pays le plus reculé du monde ; en celte, ça veut dire « mont noir ». Noir comme les eaux du lac qui t’intrigue, ou les forêts du bout de notre chemin, que je connais bien mais où j’ai toujours un peu peur de me perdre. C’est toujours avec un petit frisson que je marche sous les grands sapins. Ils ont si serrés que l’ombre qui tue ne laisse rien pousser à leurs pieds.
Léa, tu sais que je pense à tout malheur, excuse-moi si j’emploie un mot aussi creux, je me dis que nous avons couru ensemble cette année, sans le voir venir, et que tous les bons moments nous y menaient, en douce.
Je dis « nous », parce que, même si c’est un peu prétentieux, à dire, je reste frappé en pleine figure par ce qui t’est arrivé. Je me lève, je trouve Clémence-Camille en train de prendre son petit déjeuner, elle me saute au cou : « Léo, je vais te préparer une super tartine, mi-confiture, mi-Nutella ».
Et moi, je pense à toi, et à ce qui s’est passé…
Tu te souviens, l’hiver dernier, tu m’avais parlé de ton père, j’avais l’impression que c’était ton grand mal-heur. Cette absence de père. Maintenant qu’il joue au revenant, et aux chaises musicales, en plus, j’imagine que tu dois avoir du mal à lui faire une place. D’après ce que tu as l’air de dire, il se fait tout petit, parce que tu l’intimides peut-être, et puis parce que le métier de père ça ne s’improvise pas. Pour te donner un exemple, le mien, il ne s’y est jamais vraiment fait.
Comment tu le trouves ce père tout neuf, quoique vieux ? Vas-tu lui donner sa chance ? Ou bien est-il grillé entre vous ?
Quand je vois la peine que j’ai à communiquer avec le mien, alors que toutes les cartes, il les a, le premier sourire, les premiers pas, et tout ce qu’il a suivi, je me dis que la partie n’est pas facile. Votre chance, s’il y en a une, c’est que tu es une fille. Je crois que mon père n’a jamais eu pour moi l’indulgence qu’il a pour Clémence-Camille.
Tu ne m’as jamais dit à quelle époque de ta vie ce père que tu retrouves s’est fait la malle, ni pourquoi. C’est peut-être le moment de creuser la question. Quitte à loger un rocher, un caillou, un gravillon fond de toi, profites-en pour faire des fouilles, et pour m’en faire profiter. Ne me laisse pas au bord de la route ; que je le veuille ou non, je suis du voyage.
Allez, je vais faire, en pensant à toi, un plongeon dans les eaux noires de mon lac. Sur le bord, en soulevant les pierres, des vraies, cette fois, on trouve des petites écrevisses qui grouillent. Dans l’eau qui est douce comme de la soie tiède, il n’y a rien à voir, à part le ciel, en se renversant sur le dos, ou les branches des chê-nes qui plongent sur la rive. J’ai toujours peur pour Clémence-Camille qui nage comme un petit poisson, droit devant elle, en oubliant qu’après l’aller il y a le retour.
Si tu étais la, on nagerait longtemps. Ensuite on s’assiérait sur les pierres en mangeant des gâteaux. C’est le meilleur moment.
Si tu étais là… Ça ne te dirait pas ? Tu peux toujours y penser un peu, comme ça, sans t’attarder sur l’idée, histoire de « on ne sait jamais »…
Ma mère, qui a le cœur trop large (mon père ne lui a accordé que deux enfants, quand elle en aurait voulu six), ne demanderait que ça. Il faut qu’elle protège, ma mère, il faut qu’elle aime, qu’elle s’oublie, quoi. Par-fois quand je rencontre son regard trop lourd d’amour, ça me gêne Je voudrais lui dire : »Arrête de m’aimer comme ça, c’est mauvais pour toi ». C’est vrai, qu’est ce qu’elle va devenir quand on sera partis, Clémence et moi ?
Ta mère, à toi, elle est partie la première. Te voilà toute seule avec ta colère et tes remords, avec l’horreur et le silence. Mais moi, je suis là. Je te l’ai assez dit, mais je le répète.
Et je t’embrasse, petite Léa-caillou.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire