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Les écrivains / adhérents

Yaël Cange

Poésie
photo Yaël Cange

Si “ portrait ” il y a …
J’écris. J’ai grandi dans une maison sans livres. Où les livres n’avaient pu trouver leur place. Où le temps n’était déjà plus le temps.
Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant un petit recueil de couleur grise, demeuré là on ne sait comment. C’était une anthologie de la poésie du 19ème siècle. Ainsi, ai-je su ce qu’Etre - voulait dire : écrire – ne se dissociant pas de lire, c’est tout naturellement que j’ai lu. Que je lis encore. Toujours. Et toujours davantage. Il s’agit seulement de pouvoir respirer. Jusqu’à maintenant, il n’est pas un de ces poèmes, de tous les autres après – que je ne porte en moi sans même le secours du livre.
C’est à peu près tout. Hormis que je n’ai pas souvenance d’avoir eu un crayon en main – sans que cela fut pour en appeler à la page.

Thèmes
Qu’elle en appelle au repos : à la demeure, la lettre – ici – s’époumone en vain. Pourtant, comment nier qu’elle est le seul recours – quand bien même nous ne savons pas qui l’écrit, ni à qui elle s’adresse ?
Sans doute, il y a cette faim réitérée du lieu, mais du lieu en tant qu’il est l’Autre, et comme tel, perdu dans la nuit. Retrouvé ? Jamais ! Pas plus que tous ces noms que nous ne pouvons que balbutier, puisqu’aussi bien – les disant, nous ignorons tout de qui les a portés.
L’absence, une fois de plus – l’emporte sur tout, et la lettre – écrite à qui l’on ne sait pas, au loin – est seule à tenter d’en garder la trace. Trace, oui, de cela qui n’est pas. Ne fut pas. Qui dans tous les cas, ne saurait être – s’il n’est de corps – qu’irretrouvable : s’il n’est de possible que là où quelqu’un nous attend.

Les voici réunis en ces quelques lignes rédigées lors de la parution de La lettre :
L’absence
L’Autre – comme impossible demeure, ou lieu.
Le nom, la mémoire.
Le froid, la nuit. L’attente.
Sans doute - faudrait-il ajouter le rêve : la maison. La flore andalouse. Le patio.

Bibliographie

Après une enfance et une adolescence marquées au sceau du nazisme, c’est en 1969 que Yaël Cange fait la rencontre décisive d’Edmond Jabès.
Elle publie dans différentes revues, des plaquettes de poésie (collection C’), puis Par telle étreinte au creux perméable de la mort, préfaces de G. Olivier Châteaureynaud et Hubert Haddad (Le Point d’Etre, 1978), ainsi que Les marches (Editions Plasma, 1982).
Ses Stridences paraissent dans Poémonde (1989), dans L’Autre n°2 (1991), dans Sarrazine (1993).
Nouvelle parution dans L’Autre n°4 de L’Ange de la gondole des morts (1992), toujours par les soins de François-Xavier Jaujard, V. Catherine Richez et Michel Camus.
C’est aux éditions Dumerchez qu’elle doit la publication intégrale des Stridences (1993), puis de L’Infigurable (1995).
Les poèmes présentés par Bernard Desportes dans “ ralentir travaux ” (1996 et 1998) sont extraits du deuxième volet de sa trilogie : Plus même un lilas dans ma tête !
1997 : Où – cette fois-ci – où ? fait l’objet de la page de journal “ Le Poète d’aujourd’hui ” de Dominique Grandmont.
1999 : Comme tout blesse ! parait dans “ Poèmes de femmes du Québec et de France ” à l’occasion du Salon du livre. Editions “ Le temps des cerises ” et “ Les écrits des forges ”.
2000 : Parution de La Lettre dans Ralentir travaux. (Extraits).
2001 : Double hache, éditions Dumerchez, publie en différentes pages des extraits de ses livres accompagnés d’articles qui leur ont été consacrés.
2002 : Parution de Petites pièces pour voix seule, Sarrazine. (Extraits).
2003 : La grille parait aux éditions Alain-Lucien Benoît.
2005 : Publication intégrale de La Lettre, éditions Dumerchez.
2006 : " Edmond Jabès : Pour une hospitalité du désert ", Conférence donnée dans le cadre du Colloque des " Images limites ou le vertige des images ". Institut National d'Histoire de l'Art, 2 rue Vivienne 75002 - Paris.
2007 : Publication intégrale de Petites pièces pour voix seule, Préface de Claude Louis-Combet. Editions L’Harmattan.
2008 : Parution de Edmond Jabès, pour une hospitalité du désert, editions Champ Vallon, sous la direction de Muriel Gagnebin et Julien Milly.
2009 : " De la nature, conçue comme émanation d'un principe divin, dans l'oeuvre de Claude Louis-Combet. Colloque international. "Mythe, sainteté, écriture dix ans après". 4, 5 et 6 novembre 2009, Besançon-Dijon.
2012 : J'ai regret de vous, éditions Æncrages & Co (préface de Claude Louis-Combet).
2013 : L'En-allée, avec Pierre Cordier et Gundi Falk, édition Jean Marchetti.

- Présentation et lectures du livre à Chaumont dans le cadre du Printemps des Poètes.
- en résidence à la Maison de Chateaubriand.
A participé, par ailleurs, à de nombreux débats, entretiens, colloques, lectures publiques (Festival d’Avignon, France Culture, Sorbonne…), ateliers d’écriture.

Extraits

(Extrait 1)

Ainsi j’avance – tremble, peu s’en faut. Défaillerais presque : n’est-ce bientôt le cyprès que je vois ? : le laurier, le lierre grimpant, le palmier central, les bougainvillées, les célestines sur les colonnes ? Autre chose – serait de dire que je le sais. J’avance, oui. J’imagine. Ça je le sais et que là où je me trouve il y a les mots. Ces mots que je dis. Me redis dans ma tête. D’autant que c’est pour enfin me taire. Pour continuer après. Vrai, Mma. Que je continuerai. Le referai ce chemin.
Même chose pour toi, Mma. Pourquoi n’avoir rien dit ? Pourquoi est-ce que personne ne dit rien ? Et qu’est-ce donc que ces bruits, sons – dont on croirait, à peine on les entend – qu’ils exigent de nous l’intolérable : du moins, la solitude sans appel ?
Ah ! Vous, quelque part : quelqu’un – et toi ! s’il te plaît : pense à eux, les tristes – tant ils sont ridicules à force d’abois – qui pleurent sans une épaule.

Petites pièces pour voix seule, L’Harmattan, 12/2007.


(Extrait 2)

C’est une parole de lave et de consumation qui vous traque et vous dénude jusqu’aux os – comme si, Dieu sait dans quels repères d’inconscient, la femme qui s’exprime et se révèle, se déchirant elle-même dans le tissu de ses incantations, s’élevait de notre propre âme ténébreuse et scindée, avec l’autorité toute brûlante et pathétique de ce que nous tenions enclos et qui accède au jour pour clamer enfin ou, plus simplement, murmurer, ces bribes d’existence qui témoignent du fond. Ainsi conviés au seuil, lecteurs que nous sommes, nous savons dès les premiers mots, que nous nous trouvons devant une œuvre rare et essentielle, de vérité, d’authenticité et, par-delà, de beauté douloureuse et forte.

Préface de Claude Louis-Combet (Extrait), Une voix seule.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics