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Les écrivains / adhérents

José Morel Cinq-Mars

Essais
photo José Morel Cinq-Mars

Psychanalyste et psychologue de formation, José Morel Cinq-Mars est « née à Montréal dans une famille normale » ; elle réside en France depuis une trentaine d’années. Elle a publié en 2002 Quand la pudeur prend corps aux PUF et a participé au Dictionnaire du corps chez le même éditeur. En 2010, deux titres sont parus quasi simultanément : Le Deuil ensauvagé, aux PUF et Psy de banlieue chez Erès. En 2013 est paru au Seuil Du côté de chez soi. Défendre l’intime, défier la transparence. Membre du comité de rédaction du site littéraire remue.net, elle poursuit ses activités d’écriture et réalise des collages papiers parallèlement à son travail de consultation dans des centres de PMI de la région parisienne.

Photo : Dominique Dussidour.

Bibliographie

Respirations
– Membre du comité de rédaction du site littéraire Remue.net
– Expositions de collages, "Sage comme une image", Centre culturel de la Juine, 1989 ; édition de cartes postales avec cARTed, ; expositions collectives avec l'association Montreuil-Culture, 1996, 1997, 1998 ; page couverture de Champs Psychosomatiques, janvier 1998. Illustrations dans Psychologues et psychologies, juillet-août 1997, n°138.
– En collaboration avec Élizabeth Bourget, Deux adolescentes en 1970, texte dramatique présenté au Théâtre d'Aujourd'hui dans le cadre de "Règlements de compte avec la mémoire", Montréal, octobre 1990.

Publications
– Du côté de chez soi. Défendre l’intime, défier la transparence, Paris, Le Seuil, coll. La couleur des idées, 2013.
– Le Deuil ensauvagé, collection La Nature humaine, Paris, PUF, 2010.
– Psy de Banlieue, Érès, Paris, PUF, 2010.
– Quand la pudeur prend corps, collection Partage du savoir, Paris, PUF, 2002.

Ouvrages collectifs
– Dictionnaire du corps, sous la direction de Michela Marzano, Paris, PUF, collection quadrige, 2006; rubrique « pudeur », « voile » et « deuil ».
– « D’un impossible cadre : travailler au domicile de familles ayant perdu un bébé », in À l’écoute des bébés et de ceux qui les entourent, sous la direction de Sylviane Giampino, et la coordination de Danièle Delouvin et Dominique Ratia-Armengol, (ed) Erès, coll. Mille et un bébés, 2006.
– « Le secret professionnel partagé: une pomme de discorde », in Psychologues auprès des tout-petits, pour quoi faire ? sous la direction de Danièle Delouvin, Erès, coll. Mille et un bébés, 2006
– Encyclopédie de la vie de famille, sous la direction de Maryse Vaillant et Ariane Morris, Paris, La Martinière, 2004, Rubriques « Devine qui j’ose aimer », « Dire oui ou dire non », « La déception amoureuse », « Le prénom qu’on donne ».
– Avec Sylviane Giampino, « Filmer dans les lieux d’enfants : quel cinéma ! », in Vidéo et accueil des jeunes enfants, sous la direction de Geneviève Appel et Elisabeth Sherrer, Paris, Érès, 2002

José Morel Cinq-Mars a par ailleurs écrit de nombreux articles pour des revues spécialisées telles que Che Vuoi ?, La Lettre de l’enfant et de l’adolescent, Psycho Media, etc.

Membre du Cercle freudien
Membre fondateur de l'A.NA.PSY.p.e. (Association Nationale des Psychologues de la Petite Enfance)
Membre d'AML soins intensifs (Association pour le maintien du lien psychique)

Extraits

Extrait de Quand la pudeur prend corps, Paris, PUF, 2002, p. 290.

Tournant le dos à la maxime moderne qui veut que l’on vive les yeux grands ouverts et au surmoi féroce qui murmure en permanence « Regarde ça ! » à ceux qui n’ont pas appris que ce qui est donné à voir n’est pas toujours à regarder, constatant qu’on est passé de l’interdit de montrer à la prescription de voir, sans mesurer le risque d’aveuglement qui s’attache au regard sans paupières, déplorant la réticence commune à définir les territoires où l’on ne pénétrait qu’avec précaution et observant la dissolution d’un désir collectif de pudeur qui servait autrefois à installer des seuils et à poser des voiles dont la responsabilité et la défense n’incombaient pas au seul sujet, une seconde piste de recherche pourrait s’ouvrir du côté de l’invention des formes nouvelles pour une pudeur publique dont le sens serait de partager nos vulnérabilités ». Il s’agirait en somme de voir comment offrir et protéger des bulles d’intimité qui soient nichées au cœur d’un espace public devenu envahissant et d’imaginer comment le monde moderne pourrait utiliser les stratégies de la pudeur pour inventer un abord pacifié de la rencontre avec l’autre. La notion du partageable serait sans doute la mieux à même d’orienter cette question pour le temps présent, tant il est vrai que la complaisance à l’exhibition et au voyeurisme s’accompagne en retour d’une immense solitude. On peut tout montrer, mais qui regarde encore ? On peut tout dire, mais qui veut bien écouter ?
(…)
En accord avec la formule de Didier Anzieu inspirée de Freud, selon laquelle « toute fonction psychique se développe par appui sur une fonction corporelle dont elle transpose le fonctionnement sur le plan mental » , nous achèverons ici notre travail, mais pas notre recherche, en suggérant que la pudeur se construit à partir du mouvement des paupières. Parce qu’elle voile et dévoile le regard et parce qu’elle lui offre parfois le voile supplémentaire des larmes, la pudeur serait ce qui lui donne le rythme par lequel il s’accorde ou se déprend du regard, de la demande et du désir de l’autre.
La pudeur formerait ainsi les paupières du désir, ce qui nous permettrait de conclure avec le poète René Char :
Si l'homme parfois ne fermait les yeux,
il finirait par ne plus voir ce qui vaut d'être regardé.

*****

Extrait de : « deuil », Dictionnaire du corps, sous la direction de Michela Marziano, Paris, PUF, coll. Quadrige, 2006,

C’est ainsi que le deuil, ce chagrin particulier de celui qui sait la mort irréversible, et définitive la perte du défunt, apparaît désormais comme un état embarrassant dont on préfère se détourner, à moins qu’il ne soit suspecté d’être le signe d’une fragilité ou d’une défaillance psychiques. À ce que l’humoriste désigne comme l’inacceptable manque de savoir-vivre du défunt est supposé répondre un « faire son deuil » accéléré de la part des vivants qui lui étaient attachés. Ce que Sigmund Freud avait pu théoriser du « travail de deuil » dans « Deuil et Mélancolie », un texte dont P. Ariès a pu dire qu’il prolongeait une version romantique de la mort, se vit transformer en une injonction à rapidement remplacer le défunt, désigné comme « objet perdu », par un autre objet sensé apporter les mêmes satisfactions. Les seules questions d’importance parurent se réduire à déterminer si le deuil était pathologique dans sa durée, s’il satisfaisait aux attentes sociales de discrétion maximale et si le mort avait été suffisamment bien « traité » pour ne pas venir troubler les jours de ceux qui préféraient oublier qu’ils sont mortels. L’injonction fut d’autant plus ferme que les avancées de Jacques Lacan à propos de l’objet dans la pulsion - dont il soutenait qu’il n’avait « à proprement parler, aucune importance » et qu’il était « totalement indifférent » - semblèrent donner du poids à la thèse selon laquelle le deuil était une opération intime par laquelle un objet perdu s’en voyait substituer, sans perte, un nouveau, vivant, disponible et duquel l’endeuillé obtiendrait les mêmes jouissances que du précédent.

Lieu de vie

Île-de-France, 93 - Seine-Saint-Denis

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Rencontres en milieu scolaire