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Les écrivains / adhérents

Frédéric Maillard

Roman
photo Frédéric Maillard

Frédéric Maillard est né le 5 mai 1970 à Angers.
Après un baccalauréat scientifique et deux années de prépa, il intègre l'École Supérieure de Commerce de Poitiers (aujourd'hui ESCEM). Il effectue sa troisième année en Grande-Bretagne, à la Leicester University où il prépare un Master of Arts in European Business Analysis.
De retour en France, il rejoint l'agence de publicité Young & Rubicam.
Au cours de sa carrière, il travaillera pour le compte de différentes sociétés de communication avant de créer sa propre structure FMad, spécialisée en communication institutionnelle et politique.
En 2002, il fonde le collectif Démocratie & Communication, pour redonner aux partis politiques démocratiques les moyens de communiquer face aux mouvements extrémistes.
Père d'un petit garçon, Frédéric Maillard vit aujourd'hui dans le centre de Paris.

http://www.frederic-maillard.fr/
Bibliographie

Roman
– Bleu, blanc, brun, éd. Denoël, 2008

Extraits

Extrait de Bleu, blanc, brun, éd. Denoël, 2009

J’essaie de m’imaginer en train de foncer sur le cortège présidentiel, comme Ravaillac ou comme le serbe qui s’en est pris à François Ferdinand. C’est drôle d’ailleurs, qu’avec le recul, on ne les considère plus comme de vulgaires assassins mais comme des personnages historiques. Combien de tableaux représentent Ravaillac ? Combien de lithos de l’accident de Sarajevo en 1914 ? Est-ce que tuer le Grand Con aurait le même retentissement ? Est-ce que cela résonnerait encore en 2100, en 2200 ou en 2300 ? Et après tout, lui aussi a du sang sur les mains. Beaucoup de sang. Dans tous les pays où il a envoyé l’armée, officiellement comme au Kosovo ou plus discrètement en Afrique. Personne ne le lui reproche ; personne n’interroge les familles éplorées ; personne ne veut connaître son bilan humain. De peur peut-être de se sentir complice. De l’avoir élu, puis de l’avoir laissé faire. Cet homme mérite d’être jugé et de terminer comme les Ceausescu. Mais comme ce ne sera jamais le cas, bien que les points communs ne manquent pas entre Elena et Bernadette, il faut que quelqu’un se dévoue. C’est clairement un sacrifice, que ne compensera jamais l’argent. Le meurtrier, s’il n’est pas tué pendant l’opération, finira ses jours en prison. Certes, j’ai parfois rêvé de passer quelques nuits à la Santé pour connaître ce milieu. De là à y passer son existence, ça fait beaucoup…
Non, le seul intérêt de ce genre d’action, c’est d’en finir en beauté. Après tout, c’est un suicide qui en vaut un autre. C’est un ticket pour l’histoire assuré. La seule question, c’est « Ai-je envie d’en finir ? ». Et la réponse est « Certainement pas maintenant ». Bien que fondamentalement, je sois seul dans la vie, je sens actuellement que l’on s’intéresse à moi, que l’on m’écoute. Les choses sont même allées très vite ces dernières semaines. Le syndicat, le parti, l’élection…Il est trop tôt pour dire si c’est un signe du destin, si c’est le début pour moi d’une nouvelle vie. Quand j’étais jeune, je pensais comme beaucoup de mômes avoir un destin. Et devenir un jour Président de la République. Toutes les épreuves que je traversais n’avaient pour seul objet que de me fortifier pour me préparer à cette très haute fonction. J’étais un élu. Et quel élu n’a pas subi d’épreuves ? De temps à autres, généralement au moment où je doutais le plus, je recevais des signes. Pour n’en citer qu’un, mon dictionnaire avait chuté une fois de mon lit sur la tranche et pendant une bonne minute les feuilles sont tombées de part et d’autres, lentement, très lentement. C’était bizarre. Je sentais que quelque chose se passait. Je me suis dit que la page sur laquelle il s’ouvrirait définitivement contiendrait un mot clé. J’ai espéré que ce serait « politique ». Et au bout d’un temps qui m’a semblé très long, le dictionnaire s’est effectivement ouvert sur la bonne page. Cela m’a redonné du tonus pour plusieurs semaines. Mais peu à peu, les signes se sont faits plus rares. Ils n’avaient plus le même caractère évident. Et je me suis demandé si je ne me racontais pas des histoires. Si tout cela n’était pas le fruit conjugué du hasard et de mon imagination. Et je n’y ai plus repensé. Et les idées noires ont envahi mon cerveau. Et là, de nouveau, depuis quelques jours, je ressens quelque chose. De façon diffuse. Ca ne chasse pas mon amertume, mais ça l’atténue. Voire la supprime quelques heures durant. Un peu comme une drogue. C’est ça : je suis drogué à l’illusion. C’est en tous cas ce que je me dis quand ça ne va pas. Mais après tout, quand on réfléchit un peu, on s’autorise à croire que tout est possible. Il suffit mentalement de s’imaginer sur cette terre, planète perdue dans un univers que le mot « immense » ne saurait qualifier. Une terre ronde ! A partir du moment où l’on se dit que c’est possible, alors tout le devient. Je suis donc obligé de me demander si, en ce qui me concerne, tout ça ne fait pas sens ? Est-ce qu’il y a quelqu’un, en haut, qui m’a choisi ? Et si oui, pour quoi faire ? Dans tous les cas, ça vaut le coup d’attendre. C’est un peu comme le pari de Pascal. Je n’ai rien à y perdre.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
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