Les écrivains / adhérents
Véronique Breyer
Poésie
Ce qui constitue mon chemin d’écriture c’est une sorte d’ascèse par laquelle je tente de penser le rapport que certains événements du monde entretiennent avec moi-même et comment ce rapport, profondément intime, pensé aussi loin que possible à l’intérieur de moi, va pouvoir devenir un texte qui questionnera l’état du monde, de manière poétique, c’est-à-dire aussi philosophique et politique.
J'ai publié deux recueils de poésie. Le premier lever les murs est paru chez Fourbis (Farrago). C'est un livre né de la rencontre avec un environnement et des faits frappés de dureté et de violence : le Val Fourré, et la vie là, des enfants et des adolescents, forcés à exister en un lieu où l’avenir n’est pas permis. Horizon de l’écriture: faire que la violence ressentie à la lecture des textes soit un echo véritable de la violence faite aux êtres au Val Fourré.
Le second, Plus rien ne pense aux restes a été publié chez Comp'act en 2006. Il obéit à une nécessité de tenter de mettre au jour les formes de la destruction et de la violence dans la seconde moitié du XX° siècle, par le recours aux livres et aux documents sonores, dans un passage par le corps de celui qui écrit dans lequel vivent le corps de ceux qui témoignent, le corps des témoignages. Nécessité du passage et de l’anéantissement, du passage par l’anéantissement pour trouver l’écriture de la destruction : exil, génocides, viol.
Bibliographie
Poésie
– lever les murs, Fourbis, 1998.
– Plus rien ne pense aux restes, Comp'act, 2006.
Publications en revues
Action poétique, Le Nouveau Recueil, La Polygraphe, Passage d'encres.
Extraits
mémoire
Rapporter l'objet qui représente son pays.
La petite fille aux tresses.
Elle montre un objet. Elle dit que, bien sûr,
il ne vient pas de son pays mais que c'est la seule chose
qu'elle a trouvée et que ça lui a plu.
Elle a dans sa main un cendrier.
J'ai quitté mon pays à l'âge de sept ans et dix jours.
Personne ne m'a demandé mon avis.
J'ai laissé ma mère avec le monde autour.
Bien sûr, je connais d'autres gens.
A eux, je ne parle pas.
Elle pense.
C'est que, dit-elle, les enfants comme moi
n'ont pas de souvenirs.
Femmes
son corps silence
regarde
avance
robe
voile
morte aux
yeux
ciment
murs où
elle est
lever les murs, Editions fourbis, 1998.
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Rwanda
Je traverse un pays où les arbres sont nus, où la terre est fertile.
Dans l'eau verte qui coule, les roseaux sont des morts.
Le long des chemins et sous la boue, il y a des hommes, des femmes et des enfants coupés.
Le tronc survit deux à trois jours.
La bouche appelle.
Assise sur le devant de la scène, elle dit son histoire.
Survivante, sous l'évier, elle pensait son pays.
Quand elle sort elle apprend
que sa fille est tombée
dans la fosse
Elle hurlait
maman
Eteinte par les morts
Elle se lève et sa voix traverse le théâtre : ceux qui n'ont pas la force d'entendre ne sont pas dignes de l'humanité.
Elle vit.
Pour sauver son enfant, elle l'habille comme une fille. Une fille, pense-t-elle, on ne la tuera pas.
Mais il est dé couvert. Sa mort est décidée : elle devra l'enterrer.
L'enfant croit que le jeu du déguisement continue. Il crie : « Maman, arrête de jouer. »
Elle a perdu son fils.
Elle creuse son ventre,
enfonce la pelle.
Folle
Lieu de vie
Île-de-France, 95 - Val-d'Oise
Types d'interventions
- Ateliers d'écriture en milieu scolaire
- Rencontres et lectures publiques
- Ateliers / rencontres autres publics
- Rencontres en milieu scolaire