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Les écrivains / adhérents

Carole Darricarrère

Poésie
photo Carole Darricarrère

Née à Abidjan d'une famille de voyageurs, Carole Darricarrère se définit volontiers comme une citoyenne du monde échappant de préférence à toute volonté de catégorisation et se prononce en faveur d'un lyrisme incarné inhérent à la condition humaine n'entretenant aucune forme de contradiction avec un réalisme intuitif se défiant des seules apparences. Auteure oscillant entre des valeurs dont elle considère qu'elle ne s'opposent pas mais s'éclairent mutuellement et se complètent, le vers et la prose, le bleu et le rouge, la voie et la relation, les capitales et les minuscules, le lyrisme et le réalisme, la littérature et ce qu'elle appréhende comme des parallèles d'écriture lui permettant d'emprunter des couloirs d'expérimentation et de se recréer ( la photographie, l'outil radiophonique, les arts plastiques, la danse d'improvisation, d'expression libre et de contact ), son projet embrasse spontanément tous les champs artistiques, toutes les disciplines, toutes les ambiances, pourvu que les sens fassent corps avec le sens et que ce que l'on appelle conventionnellement la réalité ne réduise jamais l'être à ce qu'il n'est pas ni quoi que ce soit à une forme finie. Partant, "le texte doit être un maillot moulant choisi de préférence une taille en-dessous du corps de sorte qu'il fera saillir la chair et le baigneur". Ainsi seront abordées les longues nuits abstraites, clefs de voûte de toute existence humaine, avec l'innocence intacte de la joie, en faisant se rencontrer les mots du corps, les maux du coeur et les fulgurances de l'esprit ; en mettant en lumière le jeu infini des corrélations qui sous-tendent les différents plans de la réalité ; en ayant à corps et à coeur d'illustrer jusque dans son travail une citation qui lui est chère : "L'art véritable, c'est de faire de son existence et de son être entier une oeuvre d'art où tout sera poésie, musique, lumière, harmonie des couleurs, des formes, des mouvements". À ce point d'appréhension, il n'y a plus de séparation entre vie et oeuvre : le poète, le poème et le Poème ( petit p et grand P ) se reconnaissent dans l'avènement d'une réalité expansée dans le contexte de laquelle l'un conduit naturellement à l'autre.

Bibliographie

– "Léna ( le chant des sirènes )" et "In solo" dans "Territoires", ouvrage collectif publié par les éditions Fourbis, 1997
– "Combat du Bleu Chant des Chutes", dans "Noir sur blanc, une anthologie", Henri Deluy, éditions Fourbis, 1998
– "La Tentation du Bleu" (poème chorégraphique en cinq mouvements), éditions Farrago, 1999
– "Tectonique des Plaques, une rupture", éditions Comp’Act, 2001
– "Micro allemand. Étoiles et voie lactée. Nuit et aube", création radiophonique en collaboration avec Thierry Génicot, Belgique, 2002
– "Le Sermon sous la langue", éditions Seghers, 2003
– "Le (Je) de Léna", éditions Melville, 2004
– "Son corps opulent d’oiseaux off sky en rappel de ses mains" , "La robe du jour est toujours plus claire que l’œillet sombre de la nuit" , "Quelqu’un aura coupé le son", in "Quantités discrètes" Jean Yves Cousseau, Fage éditions, 2006, en écho au travail de l’artiste Jean Yves Cousseau
– "L ve", Ragage éditeur, 2007
– "Lettre posthume de Vincent Van Gogh à son frère Théo", Nouveau Recueil n°85, décembre 2007
– "Quelle belle journée !", livre d’artiste, texte et photographies de Carole Darricarrère, Nouveau Recueil n°86, mai 2008
– "Demain l’apparence occultera l’apparition", éditions Isabelle Sauvage, 2009
– Monochrome de l'astreinte, éditions Transignum, 2010, en collaboration avec la plasticienne et éditrice Wanda Mihulac.
– Chair de l’effacement (recueil textes et photographies), éditions Isabelle Sauvage, 2014

Des textes inédits ont été publiés par les revues Action Poétique, La Polygraphe, Java, Passage d’encres, Le Nouveau Recueil, La Revue Littéraire, Rétroviseur, et son travail a fait l’objet de critiques dans le Cahier Critique de Poésie du Centre International de Poésie de Marseille, le Mensuel littéraire et poétique de Bruxelles, et la revue Le Matricule des Anges.

L'auteure a obtenu en 1999 du Centre National du Livre une bourse d'encouragement à la création. Elle est lauréate d’une mission Stendhal hors-murs accordée par CulturesFrance en 2008 portant sur un projet d’écriture mixte (texte et photographie) faisant l’objet d’une résidence d’écrivain de deux mois à Pékin à l’automne 2009.

Des traductions de son travail ont été faites aux États-Unis par le poète Guy Bennett pour les revues Faucheuse et Rhizome ; en serbe par le poète yougoslave Slobodan Jovalekic pour le compte de Milan Orlic, éditeur à Belgrade, et de Radomir Uljarevic, éditeur à Podgorica ; en russe d’extraits d’un manuscrit inédit "Les Fragments" en 2007 par Dmitry Kuzmin, et vers le chinois à Pékin à l'automne 2009.

Des aspects de son travail photographique ont été présentés aux États-Unis en Juin 2000 par la revue Faucheuse, en France dans le n°16 de la revue Passage d'encres en Décembre 2001, au Théâtre-Poème à Bruxelles en 2003 dans le cadre d'un accrochage, à Pékin au Centre Culturel Français en novembre 2009 dans le cadre d'une projection.

La revue en ligne Le Nouveau Recueil a présenté son premier livre d'artiste, projet inédit composé d'une collection de photographies et d'un texte, "Quelle belle journée !", en mai 2008 dans le n°86.

Le projet photographique "Homo Domesticus" (125x75cm) a été présenté dans le cadre de l'exposition collective réalisée à l'occasion de la sortie du "Guide ménager et galant de l'homme d'intérieur" ( Richard Belfer, éditions du Seuil ) à La Mercerie, 98 rue Oberkampf, Paris XIème, du 14 Mai au 12 Juin 2001.

Exposition personnelle en juin 2002 à la galerie Jean-Michel Faudemer, 58 rue des Trois Frères, Paris XVIII.

Extraits

Extraits de Demain l'apparence occultera l'apparition, Carole Darricarrère, Éditions Isabelle Sauvage, 2009

Portrait en coupe du cerveau d’un poète : j’ai plongé avec délices dans ses chaussons intergalactiques, traversé les banquises, hélé les voyelles, dès lors je sais.

Que l’été est une chenille déguisée en papillon, quand bien même cette définition ne figure pas dans le dictionnaire : le Poème ne vit pas dans les livres.

Le Poème ne sera jamais un texte, ni un poème, ni même l'oeuvre qui les contient tous. Ceux-ci vivent en bordure du Poème, ( dans ses franges ), ( en sa périphérie ), à l'ombre du Poème ( pure lumière dont ils ne sont que les ombres dansantes dans un jeu paradoxal et contrasté de minuscules et de capitales ).

Dès lors que je le sais, je suis en paix.

Pourtant ce que tu construis avec tes mains me fascine. Le blé. L’organisation des pierres. La physique des poutres. Tout ce qui est bordé, borde, ou vise à le faire. L’huile qui noircit sous le front des moteurs. Les mâchoires qui claquent comme elles se referment sur la pierre. L’armement des étages et les lois qui défient la gravité, me narguent, moi, pauvre poète.

Inutiles mes mains sont sensibles à la beauté, dernière rubrique avant le rien, en supplément des toits.

Tu dis qu’en dernier recours un livre réchaufferait les yeux de ceux qui ont froid, tu le dis parce que tu es bon.

Il neige.

C'est une robe de princesse qui tombe du ciel.

Une robe d’abondance.

Je réalise que je ne suis pas même utile à moi-même.

Et pourtant il s‘agit bien d’une robe d’abondance.

Ton rapport à la matière est pareillement aquatique.

Mon blé contre ta nuit dans le panier de nos mains.

L’île sèche qui contiendra la mer.

Au bord.

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Extrait de Le sermon sous la langue, Carole Darricarrère, Éditions Seghers, 2003

La chèvre qui goélait autour des éclipses I par-dessus jetez I une mer de sentiments

Aux amants perdus. Aux corps percés fluides. Aux lèvres froides cernées de soupçons. Aux mains utiles clouées sur la croix. Chanson du vent plainte des fratries lointaines. Dessein des destins têtus au sort s’acharne. Par insistance les faits

Obsédaient les jours j’ai des doublets au fond des poches

Des marins de misaine m’ont jeté le pompon / de l’araignée aux flûtes de soie je fais mon deuil, l’avenir m’appartient / dès lors, les vestes se retournent

J’émousserai vos dards et les lames I coeur pointu I saigne comme l’épine I saisie à la pince I vous palperai I enfant I chaussé de sciure I persillé à carreaux tête I à l’étalage

Les langues dégorgent I des printemps de vertu

Vous épinglerai par la poitrine mou I saignant I quelques pensées résiduelles I crocheté et vendu les femmes vous aiment I longtemps I gardent I sous la langue I petits morceaux bouchées I menues

Mes nuits bovines I frappées à la serpe I sous l’arbre coiffé de foudre

Vous tendaient l’ongle et les sabots mon train de mouches piqué de la fleur de mes selles

Vous tendaient le drap de mes pensées dans la morve des jours

Assistant aux saillies au fond du pré lentes copulations musclées à connotation sportive médaillé l’étalon roux boulevard du ciel I amorcez les virages I suivez la pente I j’ai des vertiges ma caisse

N’aura pas de ratées

J’épouse la ligne et ses contours mes croupes huilées à plein régime poursuivant les chemins déroulez des coïncidences j’aurai le lièvre à l’allure

Lieu de vie

Île-de-France, 91 - Essonne

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences