De double culture française et libanaise, je vis à Paris depuis 1985. Journaliste, documentaliste, productrice et distributrice dans l’audiovisuel, j’anime depuis plus de dix ans des ateliers d’écriture à partir de photographies.
La nécessité d’écrire prend sa source dans un sentiment d’étrangeté et d’errance. Une vie de l’entre-deux, entre le Liban et la France, en passant par le Canada, a forgé cette écriture comme espace de familiarité. Appréhender le monde en tenant au jour le jour, carnets, journaux, prises de vues photographiques, textes de fiction.
J’ai commencé par l’écriture de nouvelles, puis, en quête d’une nouvelle forme, j’ai monté un atelier “Ecriture et photographie” qui m’a permis de découvrir les travaux des écrivains-photographes. J’y ai trouvé mon objet d’étude et de recherche. C’est dans cette esthétique que je reconnaissais ma sensibilité. Depuis, mon travail s’occupe à créer des liens entre textes et photographies.
A la manière des historiens qui appuient leurs démonstrations sur des documents tangibles, je me suis mise à utiliser la photographie comme appui à l’exploration du réel, même si elle est est tout autant fenêtre que miroir, et laisse aux textes cette liberté de s’évader vers l’anamnèse, les associations et l’anachronisme. La mise en rapport texte-photo favorise le cheminement vers de nouveaux horizons, de nouvelles pistes.
Mon écriture tend donc par le fragment à imiter la photographie, comme une découpe dans le réel. Ces fragments sont les restes d’un tout qui a disparu. Il s’agit de les rassembler et d’imaginer l’ensemble d’où ils proviennent. Revenir sur ses pas et retrouver des traces, recoudre les fils d’une surface lacunaire. Agir comme l’archéologue au milieu de ruines qui époussette patiemment pierre après pierre. Tendre vers l’unité, et si elle est introuvable, cela n’a pas d’importance. L’écriture est poursuite inquiète de l’idée d’achèvement.