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Les écrivains / adhérents

Jean-François Mathé

Poésie
photo Jean-François Mathé

Jean-François Mathé est né en 1950 dans l’Indre. Après ses études supérieures à Poitiers, il est professeur de lettres modernes en lycée jusqu’en 2010. C’est, vers l’âge de quinze ans, la lecture de Capitale de la douleur d’Eluard qui lui révèle la poésie, son espace de liberté, sa nécessité évidente. Il commence à écrire ses propres poèmes vers 1968, et la rencontre déterminante avec son éditeur René Rougerie le convainc de poursuivre. A côté de l’écriture poétique, Jean-François Mathé se consacre, surtout entre 1970 et 1985, au dessin d’humour, politique ou non : des dessins paraîtront dans différents périodiques dont Télérama, La Vie, Tribune Socialiste entre autres. Membre du comité de rédaction de la revue Friches, il y écrit des chroniques sur l’actualité poétique et des dossiers consacrés à des poètes contemporains : Léopold Sédar Senghor, Claude Michel Cluny, Serge Wellens, Jean Pérol, Pierre Perrin…
On a dit de sa poésie (extraits d’articles) : « On ne saurait rêver poésie plus sobre, voix plus discrète : on croit entendre quelqu’un se parler pour empêcher simplement les ombres du dehors de trop se mêler aux ombres du dedans. Cette poésie ne cherche pas à convaincre de quoi que ce soit, elle procède d’une nécessité intérieure qui trouve dans un art éprouvé (des métaphores, un vocabulaire réduit au service de thèmes classiques) sa juste expression. Alors pourquoi ce miracle d’un ton, d’un univers singulier, pourquoi cette poésie me touche-t-elle comme il m’est arrivé rarement de l’être au plus intime de mon être par cette sorte d’évidence incontournable de la présence ? Je ne saurais le dire. » (Jean-Marie Le Sidaner in Le Mensuel littéraire et poétique).
« C’est une voix sourde qui nous parle. Une voix basse, j’allais dire humble. Et qui s’entretient aussi avec elle-même. Ne tenant rien caché de cette fragilité dont elle paraît faire sa fondation. Mais elle insiste avec une sorte de rectitude qui lui confère la densité de la parole. Et la porte vers une gravité, jamais gratuite, qui nous émeut […] La poésie de J.-F. Mathé ne doit rien aux tendances du moment. Pas plus qu’elle ne s’évertue à dire le quotidien, elle ne vise l’indicible. Son propos, pour concret qu’il soit, se soulève, à l’occasion d’une image ou d’un mot, sans jamais se perdre dans une quelconque rêverie ; nous signalant que nous sommes continûment à naître, que si le temps nous essouffle, il est aussi l’espace de notre séjour. A nous de savoir l’habiter. (Michel Dugué in Le Journal des poètes).
« J.-F. Mathé demeure fidèle à une lumière pure, intérieure, qui fait disparaître la frontière entre le paysage mental et le cadre familier. On songe parfois, avec moins d’arêtes vives, mais une plus visible tendresse, à la belle et rugueuse leçon de Pierre Reverdy. » (Claude Michel Cluny in Le Figaro Littéraire).
« Sans aucun doute à mon sens il s’agit là, aussi bien dans les pages de prose poétique que dans les poèmes en vers de ce livre, d’une réussite. Dans cet alliage entre la transparence de l’expression et la densité de l’inspiration, on reconnaît une présence attachante, une voix juste. » (Lionel Ray in Aujourd’hui poème).
Un certain nombre de poèmes de J.-F. Mathé ont été traduits en allemand, anglais, tchèque, espagnol, prochainement en occitan.
Sur internet, on trouve entre autres une page Wikipedia, une présentation sur le site du Printemps des Poètes, un portrait video réalisé par le collectif Les Yeux d’Izo visible sur You Tube ou Daily Motion…
A reçu le Grand Prix International de Poésie Guillevic-Ville de Saint-Malo pour l'ensemble de son oeuvre en octobre 2013.

Photo : Michel Charrier

Bibliographie

Aux éditions Rougerie
– Prendre et perdre, 2018
– La vie atteinte, 2014
– Chemin qui me suit précédé de poèmes choisis 1987-2007, 2011
– Agrandissement des détails, 2007
– Le ciel passant, 2002 (épuisé), Prix Kowalski de la ville de Lyon 2002
– Le Temps par moments, 1999 (épuisé), Prix du Livre en Poitou-Charentes 1999
– Sous des dehors, 1995
– Saisons surgies, 1993
– Corde raide fil de l’eau, 1991
– Passages sous silence, 1988
– Contractions supplémentaires du cœur, 1987, Prix Antonin Artaud 1988
– Navigation plus difficile, 1984
– Mais encore, 1982
– Ou bien c’est une absence, 1978
– Instants dévastés, 1976 (épuisé)
– L’Inhabitant, 1971 (épuisé)

Autres éditions
– J'ai demain pour mémoire, 1971, éditions José Millas-Martin
– Poèmes poids plume avec des illustrations de François Baude, 1998, coll. « le farfadet bleu », éditions Cadex
– Passages sous silence, 1996, éditions Maldoror (Berlin). Bilingue français/allemand, traduction de Rolf A. Burkart, illustrations de Minos Meininger
– Bibliographismes-Bibliocencenadis, dessins de J.-F. Mathé, textes bilingues occitan/français de Jan dau Melhau, 2011, édicions dau chamin de sent jaume
– La Rose au cœur, 2011, éditions le Cadran Ligné
– Grains de fables de mon sablier avec des illustrations de Charlotte Berghman, 2014, éditions Les Carnets du Dessert de Lune
– Retenu par ce qui s'en va, 2015, Bédée, éditions Folle Avoine
– Vu, vécu, approuvé., 2019, illustré par Marie Alloy, Le silence qui roule

Poèmes, études, textes divers en revues
Poésie Présente, Sud, la N.R.F., Poésie 92, 93, 98, 2002, Autre Sud, Aujourd’hui poème, Le Coin de table, Coup de soleil, Multiples, Friches, Arpa, Lieux d’être, Voix d’Encre, Mange Monde, Jointure…

Présence en anthologies
– Panorama de la poésie française contemporaine. Approche de l’an 2000, Moebius, Montréal
– Anthologie de la poésie française contemporaine, les trente dernières années, par Alain Bosquet, le Cherche Midi éditeur
Poètes en Poitou-Charentes, Poésie Présente, éditions Rougerie
– Una montana de voces, par Jorge Najar, Embajada de Francia en Paraguay, Unesco Asuncion
– Il faudra que je me coupe les doigts, ils m’empêchent d’écrire, éditions Voix d’Encre

Extraits

Dans Le Ciel passant, 2002, éditions Rougerie

Un ciel à fond plat glisse sur le fleuve. Le matin gris n’a rien tranché entre la nuit et le jour. Et je me suis réveillé sans renaître, cueilli dès le premier de mes pas par une grande main de brume qui m’emporte de rue en rue. Des murs longés surgiras-tu, qui que tu sois, vivant visage ? Je te retiendrai dans mes mains, loin de ton corps qui marche dans une chambre à petits bruits d’os et d’horloge.


Dans Agrandissement des détails, 2007, éditions Rougerie

A coups de lumière froide, février taille les jardins jusqu’à l’essentiel. On a l’impression d’y grandir par le silence et la pureté, par des enjambées matinales qui ont gardé du sommeil le pouvoir de tout traverser sans rien abîmer au passage. Et l’on irait longtemps ainsi, du clair au plus clair encore, si les cris des corbeaux ne tiraient soudain du silence les lambeaux de ce qui a secrètement pourri sous le temps.


Dans Chemin qui me suit, 2011, éditions Rougerie

La rose au cœur m’est venue
comme après un coup de feu.
Je n’en suis pas mort
mais je vis désormais
au-delà de mes forces,
à porter cette rose
jusqu’au mystérieux jardin qui l’attend,
hors et loin de moi.

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Dans la maison éteinte
seule la clarté de la lune,
à travers la fenêtre
nous enlève le plus lourd de nos vêtements d’ombre.
Restent les autres,
serrés autour du froid du dedans,
autour de la fatigue qui plie le corps aux moindres chaises.
Et sur la moindre chaise nous nous asseyons
pour écrire aux absents des lettres
dont les longues phrases vont de la page à la neige.
(à la mémoire de René Rougerie)

Ma bibliothèque

Puisque je suis poète, je n’évoquerai que la partie réservée à la poésie, présente, envahissante, dans ma bibliothèque. Les livres de poésie sont classés, autant que possible, par maisons d’édition : les différences de formats aident au repérage. Les étagères sont consacrées aux XXe et XXIe siècles : les surréalistes en bonne place, dont les Belges que je préfère souvent aux Français. Abondance de la poésie étrangère : langue espagnole représentée par Juarroz, Paz, ou Valente ; langue italienne avec Ungaretti ou Saba… ; les Portugais aussi me sont chers, surtout De Andrade ou Pessoa. Pas question d’oublier le Grec Ritsos, l’Allemand Kunze et surtout pas le Tchèque Skacel honteusement méconnu en France et peu traduit, mais que j’ai découvert grâce à Philippe Jaccottet et que grâce à lui je peux fréquenter comme un frère en inspiration et écriture. Il serait trop long d’énumérer les poètes français que j’aime: je me limiterai à quatre noms de poètes auprès desquels je sais que je peux toujours aller me ressourcer, me frotter à leur exigence et puiser à leur profondeur : Claude Michel Cluny, Jean Pérol, Lionel Ray et Fouad El-Etr. Que j’écrive moi-même de la poésie fera comprendre que c’est surtout cette partie de la bibliothèque que je hante pour que lire et vivre coïncident dans un état supérieur de l’être, dans un regard sur le monde sans cesse remis en question, renouvelé.

Lieu de vie

Nouvelle-Aquitaine, 79 - Deux-Sèvres

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu scolaire