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Les écrivains / adhérents

Alessandro Mercuri

Roman / Nouvelle / Essais / Scénario / Récits
photo Alessandro Mercuri

Alessandro Mercuri est un auteur et réalisateur franco-italien. Après des études en hypokhâgne, khâgne et de philosophie, il a poursuivi aux États-Unis des études de cinéma à CalArts (California Institute of the Arts - Master of Fine Arts).

Il est l’auteur de Kafka Cola (éditions Léo Scheer, 2008), variations inspirées d’un célèbre ”aphorisme“ : « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible. » Peeping Tom, un recueil de textes mêlant essais et récits, parait en 2011 (éditions Léo Scheer). Le dossier Alvin (éditions art&fiction, 2014), explore les carnets de bord d’un submersible de la US Navy. Holyhood (éditions art&fiction, 2019) narre une aventure autobiographique en Californie où l’auteur part à la recherche de ruines antiques disparues. De nombreux articles et nouvelles sont parus en revues dont L’Infini aux éditions Gallimard.

Il a co-dirigé avec Haijun Park, ParisLike, une revue numérique de création, bilingue, présentant des documentaires vidéo, performances, entretiens et essais critiques, en français et en anglais. Les productions de la revue ont fait l’objet de projections à l’Université de Tokyo et à la New-York University, de colloques au CNL (2013) et au Centre Georges Pompidou (Poésie(s) en stéréo, 2014).

Son travail littéraire s’inscrit dans le genre hybride de la fiction non romanesque à la croisée de l’essai théorique, du récit et de l’enquête. Pour conclure, l’auteur pourrait faire sien ce propos de Raymond Federman qui affirmait préférer « l’irrationalité ludique de l’homme à sa rationalité bien-pensante » ou encore celui de Roland Barthes pour qui « mieux valent les leurres de la subjectivité que les impostures de l’objectivité. »

http://www.alessandromercuri.com
Bibliographie

Publications
- Holyhood, éditions art&fiction, 2019
- Le dossier Alvin, éditions art&fiction, 2014
- Peeping Tom, éditions Léo Scheer, 2011
- Kafka Cola, éditions Léo Scheer, 2008

Bourses
- Development Slate Funding - European Commission, Creative Europe Media, 2016
- Aide à l’écriture - CNC, 2016
- Aide au développement - CNC, 2016

Extraits

Holyhood, éditions art&fiction, 2019

Tout a disparu. Enfouis sous le sable, les vestiges ont sombré dans l’oubli. Seules quelques traces affleurent au sommet des dunes, l’écume, les embruns, les ruines d’un temple égyptien, quelques bas-reliefs aux contours effacés. bercée par les vagues, l’antique cité de Ramsès II gît sous le sable au bord du rivage. Les vestiges pharaoniques flottent dans les limbes d’un souvenir lointain, si lointain, qu’on les croirait bercés par ces mêmes vagues qui les berçaient de toute antiquité. L’éternité échouée sur une plage. Ou plutôt, cachées sous une plage, des ruines assoupies rêvent de vagues peuplées d’otaries et de surfeurs. Otaries et surfeurs sans queue ni tête, extravagante rêverie.

Car l’antique cité de Ramsès II repose sur la plage de Guadalupe au bord de l’océan Pacifique, à quelques centaines de kilomètres au nord-ouest de Los Angeles. Un mirage au bord du rivage ? Un pharaon californien ?

C’était il y a plus de trois mille ans, à douze mille kilomètres de Guadalupe, au cœur du nouvel empire égyptien, durant le règne du troisième pharaon de la dix-neuvième dynastie. Vers l’an 1250 av. J.-C., Ramsès II fit bâtir une cité dans le delta du Nil, surnommée la Ville turquoise. Trois millénaires plus tard, la cité rejaillit des sables dans le style californien années vingt, du nouvel empire hollywoodien.

Ce sont les ruines d’un décor de péplum, d’un âge d’or du cinéma. Ici en 1923, sur la plage de Guadalupe, Cecil B. DeMille a réalisé Les Dix Commandements et transformé une plage californienne en désert du Sinaï. Le film était muet – les vagues s’échouant sur la plage au bord du décor demeuraient silencieuses. Puis le sel, le vent et la pluie ont effacé ce mirage. Les temples, les obélisques, les colosses de pierre, les allées de sphinx et les pyramides ont disparu sous les dunes de sable. Enfoui sous le rivage, un site archéologique cinématographique est né.

Le dossier Alvin, éditions art&fiction, 2014

Le sommet du crâne est recouvert de jeunes pousses. Le corps strié de nervures est une branche sinueuse gorgée de sève. L’extrémité de la queue est une tige qui se transforme en feuillage. De haut en bas, l’animal végétal se meut dans un nuage de feuilles ondoyantes. Le « phycodurus eques », hippocampe feuille ou dragon de mer feuillu est entièrement recouvert d’étonnantes protubérances en forme d’algue, comme autant de camouflages. Comble de l’illusion vivante, à l’image de l’évolution organique du végétal, les feuilles vertes du dragon sont tachetées de zones sombres nécrosées, mimiquant la mort au cœur du vivant. Sempervirent, l’hippocampe feuille préserve son feuillage du regard de ses proies et prédateurs. Quelle est cette pensée qui s’incarne dans ces protubérances ? Quelle évolution créatrice à l’œuvre dans la nature se cache dans ces feuilles ? Comment expliquer une telle secrète communion, spectaculaire osmose entre deux règnes distincts : l’animal et le végétal ? Si l’homme est – selon l’opinion commune, savante ou vulgaire – la seule créature à pouvoir se penser, penser le monde et se le représenter, comment dès lors appréhender pareille simulation ? Le dragon de mer feuillu dénué de conscience ignorerait-il sa véritable nature ? La preuve de l’existence de la conscience réside, dit-on, à la surface de la psyché, dans le test du miroir. Vivant dans l’oubli de son être dont il n’a conscience, nul hippocampe feuille ne reconnaît son image réfléchie dans une glace de mer nacrée. Mais pourquoi se reconnaîtrait-il si son apparence est de se faire passer pour autre qu’il n’est ? Affable et pervers mystificateur que cet arbre d’algue qui simule au creux des circonvolutions de son âme. Et quelle merveilleuse et gracieuse créature que celle qui, dans toutes les fibres de son être, simule sans savoir qu’elle simule.

Le dragon de mer feuillu ne serait-t-il qu’une licence poétique et l’hippocampe feuille, une métaphore qui s’ignore ? Les dragons n’existeraient pas plus que les hippocampes n’auraient conscience de leur être feuillu ? La nature serait-elle une entité dénuée de conscience et le surnaturel, tels les dragons, vide de toute réalité ?

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire