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Les écrivains / adhérents

Annie Mignard

Roman / Nouvelle / Essais / Théâtre
photo Annie Mignard

Annie Mignard a été trésorière de la Maison des écrivains et de la littérature. Elle est traduite en dix langues, publiée en "français langue étrangère", invitée et analysée à l'étranger, et étudiée dans les classes. "La Fête sauvage" a obtenu le grand Prix SGDL de na nouvelle 2013.
Elle est née à Nice et a été boursière durant toutes ses études. Formée en lettres classiques, droit et économie (deux licences et deux DES), ancienne élève de Sciences po Paris, elle exerce, parmi vingt métiers, celui d'enquêtrice "qualitative" par interviews dans toute la France. Elle intitule "La Vie sauve" son premier roman (Grasset 1981), à partir duquel elle se consacre à la littérature.
Elle publie des romans, nouvelles et novellas (nouvelles longues), ayant notamment Paul Fournel comme éditeur ("Le Père", "7 Histoires d'amour"), du théâtre et des essais. Deux fois primée par la SGDL (Société des gens de lettres), et plusieurs fois boursière du Centre National du Livre (CNL). Sociétaire de la SGDL, de la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) et de la SOFIA (Société française des intérêts des auteurs de l'écrit).
Habituée du Festival de la Nouvelle de Saint-Quentin avec d'autres nouvellistes français, lexicographe, scénariste, critique, elle est chargée en tant qu'écrivain, à Paris 7, de faire travailler leur français aux étudiants en maîtrise de traduction littéraire d'anglais. Ses étudiants lui déclarent en arrivant: "Il n'y a plus de littérature française."
Cette phrase l'amène à présenter la fiction brève française contemporaine à l'université, par sa thèse, "La Fiction brève ou fragmentée dans la littérature française depuis les années 1980" (direction Jean Verrier, Paris 8, éditée 2002); et à la présenter également au monde, par "La Nouvelle française contemporaine", essai trilingue (français, anglais, espagnol), édité par le Ministère des Affaires étrangères, et téléchargeable sur Internet.
A travaillé dans l'édition, notamment conseillère littéraire chez Gallimard pour les romans et nouvelles français.
Atelier d'écriture à l'Ecole Centrale de Paris pendant six années (2005-2010).

Portrait d'Annie Mignard sur TV/Sgdl : www.sgdl.tv/portrait-d-annie-mignard-64.html

http://www.anniemignard.com
Bibliographie

Romans, nouvelles, novellas
– La Fête sauvage, éditions du Chemin de Fer, 2012 - Grand Prix SGDL de la nouvelle 2013 (Extrait ci-dessous)
– Les Yeux bruns in Europe n° 914-915, dir. Jean-Baptiste Para, 2005
– Le Mont Chauve in Le Nouveau Recueil n° 73, dir. Jean-Michel Maulpoix, Champ Vallon, 2005
– Mai 68, français langue étrangère, in Contrastes, dirigé par Gro Lokoy, Gyldendal, Oslo, Norvège 2004
– Sainte Marthe, passages, éd. de l’Université d’Avignon 2000
– Grands sont les maîtres du Haut-Koenigsbourg, éd. Le Verger, coll. ”Ecrivains en résidence” 1999
– La Dame du milieu, in Brèves n° 54, Atelier du gué 1998
– Le Pré Callot, éd. Encre bleue 1997
– Les Premières Espérances, éd. Encre bleue 1997
– Janie, éd. du Festival de la nouvelle de Saint-Quentin 1995
– Le Dos salé, éd. du Festival de la nouvelle de Saint-Quentin 1992
– Le Père, roman, Seghers, collection ”Mots” dirigée par P. Fournel, éditrice Claire Paulhan, 1991
– Le Jour des chaussures, in Nouvelles nouvelles n° 21, hiver 1991; et éd. du Festival de la nouvelle de Saint-Quentin, 1993; et dans l’anthologie de nouvelles Le Pied, Hachette jeunesse, collection ”Courts toujours!”, 1996
– J’aimais la 2 CV parce qu’elle était sommaire, in 2 CV, éd. La Nompareille 1990; réédité partiellement dans La 2 CV, Découvertes Gallimard 1995
– Les Premiers pas, éd. du Festival de la nouvelle de Saint-Quentin 1990
– La Basilique, dans La Voix du Nord, 12 avril 1990; et in Des Nouvelles de chez nous, Festival de la nouvelle de Saint-Quentin/éd. La Voix du Nord 1991
– L’Art de la guerre, in Architecture lieu d’écritures, éd. Topos 92, 1989; et éd. du Festival de la nouvelle de saint-Quentin 1994
– La Statue, éd. du Festival de la nouvelle de Saint-Quentin 1989
– Le Père lourd, éd. du Festival de la nouvelle de Saint-Quentin 1988; et in Les Meilleures nouvelles 1988-1989, présentation Christine Ferniot, Syros 1989, traduit en japonais; et in Contre-Vox n° 4 sur La Nouvelle, dir. Franck Evrard, HB éditions, 1997
– 7 Histoires d’amour, première édition Ramsay 1987, collection ”Mots” dirigée par Paul Fournel; réédité HB éditions 1996; traduit, tout ou partie, en italien, ukrainien, chinois, vietnamien, hongrois et publié en “français langue étrangère” aux Etats-Unis, en France et en Norvège; prix de la Nouvelle de la Société des gens de lettres 1987, sélections du prix de la nouvelle de la FNAC 1987, du prix de la nouvelle du Mans 1987, du prix des créateurs 1988
– Sur une angoisse d’aller en banlieue, in Tout autour, Banlieues d’images et d’écritures, Cahier hors série du CCI, éd. du Centre Pompidou, décembre 1986
– Le Boucher Tusco, dans Le Monde dim. 4-lun. 5 mai 1986; in 40 Nouvelles (V), éd. Le Monde 1986. Revu et corrigé in 7 Histoires d’amour, Ramsay collection “Mots” 1987 et réédition HB. Editions 1996; in Le Pré Callot, éd. Encre bleue 1997. En "français langue étrangère, réédité in Fictions, Hatier Publishing, Etats-Unis 1988; in Nouvelles françaises contemporaines, Le Livre de poche, coll. “Lire en français” 1990; in Images 3, Textes et exercices, Gyldendal, Norvège 1999. Traduit en chinois et en hongrois. En ligne sur internet
– L’Enfant mangé par la terre, in Roman n° 4, Presses de la Renaissance, 1983
– Sans excuses, in Paris mode d’emploi, Autrement n° 52, 1983
– L’Assassin écrivain, in Roman n° 2, Presses de la Renaissance, 1982
– En quête de Jorge-Luis Borges, in Roman n° 2, Presses de la Renaissance, 1982
– La Vie sauve, roman, Grasset 1981; sélections du Prix du premier roman

Théâtre
– Mère humaine, éd. Paroles d’aube 1998; création au festival “L’Adieu au siècle”, Le Cargo Maison de la Culture de Grenoble, 1998; Téhéran, Festival Fadjr 2004
– Le Brouillard du Tourmalet; lecture à la Maison des écrivains par la Compagnie du Samovar 1998
– Le Pré Callot, (de 7 Histoires d’amour); adaptation par l'atelier théâtre-écriture du lycée Albert Schweitzer, mise en scène Barbara Abel, joué au théâtre des Coteaux de Mulhouse, 2002
– Le Pré Callot, (de 7 Histoires d’amour); chorégraphie Anne Debaecker, dansé au Festival universitaire européen de danse contemporaine Les Estudanses ”Des corps et des mots”, université Paris 13, 2001

Essais sur la littérature française contemporaine
– Ecrire, c'est physique, édition numérique Publie.net, 2010, deuxième édition revue et augmentée 2014 (Extrait ci-dessous)
– "Annie Saumont, la voix, la plainte, le refrain", in revue Roman 20-50, hors série n° 7, université Lille 3, 2010
– La Nouvelle française contemporaine, éd. ADPF/Ministère des Affaires étrangères 2001, diffusion Institut français/La Documentation Française; diffusé dans les établissements français à l’étranger (centres culturels, alliances françaises, lycées et bibliothèques français), et en France (librairie). Présentation, bibliographie, 86 extraits; trilingue français, anglais, espagnol; téléchargeable sur le site de l'Institut français
– La Fiction brève ou fragmentée dans la littérature française depuis les années 1980 (1980-1995), (thèse Paris 8), éd. Presses universitaires du Septentrion, coll. “Thèse à la carte” 2002. Consultable à la bibliothèque de la MEL; en microfiche dans toutes les bibliothèques universitaires
– Ecrire des nouvelles: table ronde d'écrivains, in Colloque international: Frontières de la nouvelle de langue française 1945-2005 (Europe et Amérique du Nord), dir. C. Douzou (Lille 3) et L. Gauvin (U. Montréal), éditions universitaires de Dijon 2006
– Ecrire aujourd’hui, maître d’oeuvre, conception et coordination de l’ouvrage collectif, avec photographies d’André Kertèsz et couverture d’Eduardo Arroyo, Autrement n° 69, avril 1985
– Courants de mots: la littérature au présent, in Paris Création: une renaissance, dir. William Mahder, Autrement coll. “Villes et créateurs”, traduit en américain, 1984
– L’art, la vie, (extrait de ma conférence “Qu’est-ce qu’écrire?”) in L’Aleph n° 5,1991
– Autoprésentation dans 131 Nouvellistes contemporains par eux-mêmes, coordonné par Claude Pujade-Renaud et Daniel Zimmermann, éd. Manya 1993
– L’Amour de la langue (sur les ateliers d’écriture), in La Langue à l’oeuvre: le temps des écrivains à l’université, conçu et coordonné par Patrick Souchon, coédition Maison des écrivains/ Les Presses du réel, coll. ”Art et université”, 2000
– Le Recueil, “forme” non nécessaire, in Nouvelle Donne n° 23, 2001

Lexicographie
– Collaboration au Dictionnaire bilingue français-espagnol / espagnol-français, éd. Hachette 1990
– Collaboration au Dictionnaire bilingue français-anglais / anglais-français Hachette-Oxford, sous la codirection d'Héloïse Neefs, parution mai 1994

Traductions
– notamment pour Les Temps Modernes

Critique littéraire
– notamment pour Libération, Le Journal littéraire, Le Nouvel Observateur, La Liberté de l’esprit
– Origine de l’objet livre, un entretien avec Pascal Quignard, in Ecrire aujourd’hui, Autrement numéro 69, avril 1985
– Ecrire à l’ordinateur, entretien avec Jean-Pierre Balpe, in Ecrire aujourd’hui, Autrement numéro 69, avril 1985
– Je ne sais rien quand j’écris, entretien avec Viviane Forrester, in Ecrire aujourd’hui, Autrement numéro 69, avril 1985

Art contemporain
– Peindre et écrire, entretien avec Eduardo Arroyo, in Ecrire aujourd’hui, Autrement n° 69, avril 1985
– Zoo, entretien avec Gilles Aillaud, série “Lézard Plastic”, Libération 18 avril 1978
– Papiers d’Arménie, sur Aïda Kébadian, Libération 17 février 1978
– Pyramides sur autoroute, entretien avec Rougemont, série “Lézard Plastic”, Libération 29 novembre 1977
– Le Bleu du ciel, entretien avec Merri Jolivet, série “Lézard Plastic”, Libération 20 décembre 1977
– Des coffres-forts sur la plage, entretien avec Michel Gérard, série “Lézard Plastic”, Libération 15 novembre 1977

Histoire contemporaine
– Propos élémentaires sur la prostitution, in Les Temps Modernes n° 356, mars 1976; commenté jusqu'à aujourd'hui dans tout l'Occident (universités, féministes, Unesco, libertaires, gouvernement français, etc.), et considéré comme la position officielle du féminisme français
– Islam: le spiritualisme sans voile, in Les Temps Modernes n° 393, avril 1979
– L’Usage politique des morts, in Les Temps Modernes n° 372, juillet 1977
– Vivement aujourd’hui, in Roman n° 5, Presses de la Renaissance, 1983

Jeunesse
– Le grand Match, éd. Je lis déjà n° 3, mars 1989
– Le Jour des chaussures, dans l’anthologie Le Pied, collection ”Courts toujours!”, Hachette Jeunesse 1996

Extraits

Extrait de La fête sauvage (Editions du Chemin de Fer, 2012)
Grand Prix SGDL de na nouvelle 2013

Et là-haut la foule grossit. La foule perd la tête, de l'odeur de la cruauté qu'elle flaire, de l'enivrement de la mort proche comme un animal invisible qui respire. Elle est ivre d'émotions démesurées, infantiles, elle s'amasse tout autour en cercle, piétine le sol, court çà et là, part aux voitures, rebrousse chemin, tombe à genoux. Il rôde un air de liesse et d'exécution, de sacre et de carnage. C'est l'orgie, l'orgie de sang. Les gens se bousculent en direction du trou, s'agglutinent pour voir, pour entendre, ne pas perdre une miette. On essaie de les contenir. On crie:
— Reculez ! Reculez !
Ils reviennent.
On les repousse du périmètre de sécurité, on installe des barrières métalliques. La multitude, poussée par l'arrière, les heurte violemment, et son élan est tel qu'elle en renverse plusieurs. Des paquets de gens viennent y tomber les uns sur les autres. Il y a des cris, la foule s'irrite, est prête à s'accrocher avec les sauveteurs. On remet les barrières debout. On explique aux premiers rangs:
— Reculez, c'est pour le bien de l'enfant. Vous faites un poids énorme sur sa tête, le terrain n'est pas sûr, c'est très dangereux.
— Il a raison, disent ceux qui peuvent entendre. Et ils se retournent pour répéter:
— On est trop lourds sur l'enfant, il faut reculer.
— Hé, Eusebio, qu'est-ce qu'il dit?
— On est sur l'enfant.
— Hé, c'est pas moi qui pousse, c'est derrière.
— Efroia, donne la main ! Clelia ! Clelia ! Ne nous perds pas!
Mais ceux qui sont derrière et qui n'entendent pas poussent de toutes leurs forces.
— Reculez! Tout le monde derrière les barrières!
C'est comme si tout leur corps refusait de reculer. Ils résistent. Ils se piètent. Ils sont de plus en plus nombreux. On les croirait pris dans un tourbillon magnétique. Les caméras de télévision peinent à se frayer chemin. Des remous se forment. Et derrière, toujours et toujours, la foule va s'accumulant. Pour la chasser, il faudrait l'armée, au risque de l'émeute.

Extrait de Ecrire, c'est physique (essai, éditions Publie.net, 2010)
C’est physique, écrire, une dépense vitale grande. L’effort de travail en cours se fait sentir très fort dans le corps, fait naître des images corporelles, des sensations d’évidence, d’une présence plus vraie que le réel. Ces images ne mentent pas, elles disent, voilà où on en est.
La première longue chose que j’ai écrite, je me suis comme sentie plongée dans un fleuve puissant, un Missouri dans les palétuviers. La violence, la profondeur du fleuve me terrifiaient. Pendant assez longtemps, j’ai eu le sentiment de nager au bord, où j’avais encore à peu près pied, m’accrochant aux branchages, aux troncs morts. Manque d’audace. Puis, un jour, je me suis retrouvée nageant en plein milieu, dans l’ample du fleuve, avec le plus grand courant sous moi, qui me portait comme une main, la force du courant. Lâchée.
Mon premier roman, La Vie sauve, je l’ai écrit à une allure accélérée. Vers la fin, me couchant le soir, épuisée du corps, dormant debout et me disant, j’ai bien travaillé je peux dormir, j’avais la sensation d’être une loco emballée à plein régime, qu’on ne peut plus arrêter. Qui fonce, fonce, en surchauffe. Ca me réveillait en sursaut tout au long des nuits, à intervalles très rapprochés, pour me faire écrire des phrases entières, sans pitié, sans répit, sans que je puisse rien faire pour calmer cette chose. Envoyait une phrase, une image, dès que je posais la tête sur l’oreiller. Je relevais la tête, allongeais le bras, notais la phrase. Reposais la tête, dormant à l’instant. Hop, re-impulsion, re-phrase, re-réveil, lever la tête, tendre la main, noter la phrase, et encore, et encore, en instantanés. Quelquefois plusieurs à la file sans que l’aiguille du réveil ait bougé sur la minute. Je sautais dans mon lit comme une carpe saisie au bleu, je suppliais à voix haute dans le noir, suffit la machine ! Suffit la machine !
Tu parles. Les neurones ne s’arrêtent jamais, leurs cliquetis, leurs circuits, leurs impulsions électriques d’une nano-seconde. Si on les excite trop, ça emporte tout, une puissance formidable lâchée, libre, terrifiante.
On ne s’embête pas. En général, je me sens une chose de la nature. Un pommier qui fait des pommes. J’ai les racines enfoncées dans la terre, la sève monte, là-haut dans mes feuillages les pommes sortent à profusion de ma bouche. Je fais partie du grand cycle.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Rencontres en milieu scolaire