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Les écrivains / adhérents

Belinda Cannone

Roman / Essais / Récits
photo Belinda Cannone

Romancière et essayiste. S’intéresse aussi à la peinture, et participe régulièrement aux revues L’Atelier du roman et Verso Arts et Lettres.
Vit à Paris et dans le Cotentin.

Bibliographie

Romans
– L’Adieu à Stefan Zweig, « Points Seuil »
– L’Ile au nadir, Quai Voltaire, 1992
– Trois nuits d’un personnage, Stock, 1994
– Lent Delta, Verticales, 1998
– L’Homme qui jeûne, L’Olivier, 2006
– Entre les bruits, L’Olivier, 2009
– Nu intérieur, L'Olivier, 2015

Essais
– L’Écriture du désir, « Folio Essais » (Prix de l’essai de l’Académie Française 2001)
– Le Sentiment d’imposture, « Folio Essais » (Grand Prix de l’essai de la Société des Gens de Lettres 2005)
– La bêtise s’améliore, Stock, 2007
– La Tentation de Pénélope, Stock, 2010
– Le Baiser peut-être, « 10/18 »
– Le Goût du baiser, Textes choisis et commentés, Mercure de France, 2013
– Petit éloge du désir, Folio 2 euros, 2013
– S’émerveiller, Stock, 2017

Récits
– La Chair du temps, Stock, 2012 (Prix littéraire de la Ville de Caen 2012)
– Le Don du passeur, Stock, 2013
– Un chêne, photos, poèmes, nouvelle, éd. Le Vistemboir, Caen, 2016

Esthétique et critique littéraire
– Philosophies de la musique, 1752-1789, Klincksieck, 1990
– La Réception des opéras de Mozart, 1793-1829, Klincksieck, 1991
– Musique et littérature au 18e siècle, PUF, « Que sais-je ? », 1998
– Narrations de la vie intérieure, PUF, « Perspectives littéraires », 2001
– L’Œuvre de Zola, Gallimard, « Foliothèque », 2002

Extraits

Le Sentiment d’imposture (Calmann-Lévy, 2005, Grand prix de l’essai de la Société des gens de lettres ; Folio Essais, 2009).

Tu as gardé la connaissance intime du sentiment d’imposture. Tu repères à leurs premiers mots les imposteurs (tu mets le terme en italiques pour les distinguer des véritables imposteurs). Tu les devines. Ils se sentent mal à l’aise mais ne le disent pas. Ne peuvent le dire. On peut mettre en doute sa valeur devant les autres, jamais afficher son imposture. Au contraire, on souhaite ardemment qu’ils ne s’en aperçoivent pas. Sinon, on serait chassé du château comme un voyou, comme un usurpateur. Quelle chance a celui qui peut dire : « Sur ce plan-là, je ne suis pas très fort, et sur ce point-là je n’ai pas bien réussi. » Il sous-entend qu’il pourrait certes être meilleur mais que de toute façon il est à sa place. A table, il massacre son poisson et dit en riant – ou même confus : « Je n’ai jamais su m’en tirer avec ces animaux ». Il sous-entend qu’il est à sa place à cette table. L’imposteur ne se sent pas légitime au repas, ne s’y croit pas invité, ou alors invité par erreur. Et sa plus grande peur, c’est qu’on s’en aperçoive.
L’imposture est une affaire secrète. L’imposteur tremble à l’idée qu’autrui finisse par s’apercevoir de ce qu’il est – ou plutôt de ce qu’il n’est pas. La plupart du temps, autrui semble penser que nous occupons légitimement notre place (il nous a d’ailleurs invité au château), mais dans le secret de notre chimère, nous ne croyons pas à cette légitimité, nous pensons qu’autrui s’est trompé et nous tremblons d’être découvert.
Avec le temps, t’est venu le soupçon que le monde était fait de tant de cases, si bien quadrillé, organisé, dessiné à l’avance, mais souvent cases si complexes, et donc floues, qu’il était inévitable que le sentiment de soi, nécessairement vague comparé à la rigidité des cases, n’y corresponde pas. Les imposteurs devaient être légion. Dans le secret de leur esprit.


Entre les bruits (roman, L’Olivier, 2009)
(dernière page)

– Alors comment ferons-nous pour la Grande Écoute de ce soir ?
– Eh bien, comme les autres fois. Nous retournerons dans la clairière et nous nous installerons sur nos écoutoirs, comme de royales créatures sylvestres. Telle que je te connais, impatiente, tu demanderas tout de suite à quoi peut bien ressembler le son des étoiles. Nous verrons bien – Nous entendrons bien, corrige Jeanne – mais je peux déjà te dire que cette fois encore, tu ne devras pas rester coincée entre tes deux oreilles. D’abord tu verras, tu auras l’impression que les sons viennent de toi, du plus profond de toi, qu’ils sont tiens. Mais si tu les écoutes bien, tu admettras qu’ils ne sont pas particuliers, qu’ils te traversent comme ils traversent les autres, seulement toi tu sais les entendre passer et si tu t’entraînes, tu sauras les reconnaître et les ordonner. Le son des étoiles se manifestera (peut-être) dans le creuset de tes oreilles, mais tu dois savoir que depuis la nuit des temps, il voyage dans l’univers et il appartient à tout le monde. La nuit des temps ? demanderas-tu. Oh, je t’entends déjà. Cela veut dire longtemps, mais un vrai long temps, pas comme le tien, non, le grand long temps des montagnes, des océans, cela veut dire presque, écoute-moi bien, presque, depuis l’origine du temps.
Tu t’installeras confortablement sur ton écoutoir et tu poseras tes mains sur des sphères imaginaires devant ta poitrine. Alors je te dirai : Concentre-toi en toi-même, petite fille, puis ensuite oublie-toi, deviens un instrument à capturer les sons, fais de la conque de tes oreilles le plus bel instrument pour écouter tour à tour le chant des étoiles et la rumeur du monde.

Lieu de vie

Normandie, 50 - Manche

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire