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Les écrivains / adhérents

Didier Ayres

Poésie / Essais / Théâtre
photo Didier Ayres

Je suis né durant l’automne soixante-trois, à la veille de la Toussaint, ce dont le sens m’est apparu bizarrement il y a peu. Toujours est-il que j’ai vécu quatre vies. La première, celle de l’enfance, où je ne me souviens que de l’ennui, et aussi d’une sorte de mélancolie douceâtre, sans doute liée à mon tempérament. La seconde, assez confuse elle aussi, et qui m’a permis de voyager, mais aussi de traverser les difficiles années de formation à la vie, liées aux derniers avatars de mon adolescence. La troisième, cette fois-ci totalement en rapport avec l’écriture et qui sont les années où j’ai expérimenté les formes et les contenus. Il ne reste que très peu de traces de ses travaux. Puis, vient la quatrième vie, celle d’aujourd’hui, qui m’a amené en Limousin, sur les terres paternelles, grands-paternelles, et arrières-grands-paternelles , ce qui veut dire avec une certaine puissance de travail autour de la difficile et trop incontournable figure du père.

Bibliographie

Livres
Nous, éd. William Blake, Bordeaux, 1998.
Comme au jour accompli, éd. Arfuyen, Paris, 2003.
Le Livre du double hiver, éd. Arfuyen, Paris, 2005.
Monologue depuis le refuge, éd. Arfuyen, Paris, 2010
Trois distiques du feu, éd. Cadran ligné (150 ex), 2011
– Flamme ou le travail de nudité, éd. Arfuyen, Paris, 2014
Années, éd. du Lavoir Saint-Martin, 2017

Livres d'artiste
Poésie :
Au jardin de méditation par Alain Gimeno
Chien ivre par Yasmina Mahdi
Sommeils par Alain Gimeno
Les poèmes lyriques par Alain Gimeno, 2016

Théâtre :
Léthargie par Yasmina Mahdi
Un chien dans la nuit par Yasmina Mahdi
Passages dans la nuit par Yasmina Mahdi
Bruine par Yasmina Mahdi
J'étais à deux pas de la ville impériale en ligne sur "La Cause littéraire"
Clore en ligne sur "La Cause littéraire"
Mère en ligne sur "La Cause littéraire"

Publications à diffusion artisanale
Poésie:
Trois distiques du feu, éd. Cadran ligné, 2011
Le récit d'un arpentage, éd. Les Venterniers, 2012
Automne, éd. Les Venterniers, 2013
Vision, éd. Pièces à conviction 28, 2015

Revues
– "Dans ce cercle", Poésie 2000, éd. Maison de la poésie, 2000.
– "Passages dans la nuit", La Polygraphe, n° 13/14, ed. Comp'act, 2000.
– "Dans ce cercle", Aujourd'hui poème, n°22, juin 2001.
– "Vie et mort de l'exister", Les cahiers du sens, éd. Le Nouvel Athanor, 2004.
– "Textes et méditations", Triages, éd. Tarabuste, 2005.
– "Deux poèmes du givre", Les cahiers du sens, éd. Le Nouvel Athanor, 2005.
– "Nocturne", Friches, Printemps 2005.
– "Le sentiment de solitude"; ARPA, revue de poésie, oct. 2005.
– "Orgueil", Moteur de recherche, éd. La Main courante, 2009.
– "J'ai cherché la pourpre dans le silence", Les cahiers du sens, éd. Le Nouvel Athanor, 2009.
– "Léthargie", Triages, éd. Tarabuste, 2009.
– "Sommeils", Recours au poème, 2014.
– "Été" en ligne sur la Revue Ce qui reste, 2016
– "Quatre dimanches" en ligne sur le site du "Pavillon turquoise", 2016
– "Fièvre" en ligne sur le site de "Paysages écrits" n°27, 2016
– "Ô mort", ARPA n°118, déc.2016
– "Huis", Friches n°123, 2017
– "Quatrains du temps", revue Triages, éd. Tarabuste, 2017

Activités rédactionnelles pour des revues en ligne :
La Cause Littéraire
Reflets du temps
Recours au poème

Poèmes publiés par ma revue (non pérenne) "Effeuillé"*création
"Renoncer" (autour du Sébastien de Guido Reni)
"Journal 1", (autour de Charles Juliet)
"Les pierres", (autour de Paul Celan et Richard Long)

Poèmes publiés par ma revue (pérenne) L'hôte
"Narcissisme de l'auteur de théâtre"
"Inégalité naturelle"
"Heure immobile"
"Nervosité"
"La fête mélancolique"
"Mort soûle"

Poèmes publiés en revue et perdus de vue
"L'indicible frontière" (sans doute Angoisse) et "sans doute encore" dans les livraisons 2006, 2007 et 2008 des Cahiers du sens (sous toute réserve).

Publications académiques non littéraires
Cahier de poétique :
"À propos du grand I d'India Song", 2010.
"L'homme qui ne cherche à dire que ce qu'il dit", (à propos de Pessoa), 2003.
"Jean Sénac ou les territoires de l'homosexualité", 2002.
La parole-femme, Geneviève Clancy, éd. L'Harmattan, 2013.
"La Huppe ou comment être reconnaissant", Actes de colloque en Sémiotique, éd. Lambert-Lucas, 2011.

Activités théâtrales
Passages dans la nuit, création radiophonique, 1996.
– "La Parole et le monde" dans La Nuit juste avant les forêts de B.M. Koltès, 2002.
Copi ou La Division, (à propos du théâtre de Copi), 2004.
Quelque chose de mort en moi, mise en voix à La Pommerie, St-Setiers, 2005.
Léthargie mise en espace au Théâtre de l'Union, 2008.
– Résidence d’auteur à Metz, création de J’étais à deux pas de la ville impériale, 2009
– Créations collectives avec les étudiants de l'université de Limoges de 2009 à 2017

En collaboration avec la Médiathèque de Metz :
Allusion et procès du théâtre classique, autour de Combat de nègre et de chiens, 2001.

Extraits

Le récit d'un arpentage
ou Les travaux du promeneur
.
Je sais marcher. Je sais déambuler. Oui, choisir une rue plutôt qu'une autre. Je sais cheminer, aussi, dans les sentiers. Et, ces marches sont des travaux pour moi. J'y réfléchis, et si je suis accompagné, je disserte. J'aime donc aller pour faire discours. Par exemple, en poursuivant lentement sur l'avenue qui longe les voies ferrées. Ne pas savoir. Divaguer. Juste à l'écoute de l'amble de la marche. Donc, me hasarder, suivre là, l'allée qui débouche sur Pompidou-Metz, et le mur vert-de-gris qui masque les lignes de la compagnie des transports ferrés. Puis, tourner, revenir, regarder. Voir les trois rectangles qui sont comme des tiges en équilibre d'un grand mikado de béton. Géants, mais qui paraissent fragiles comme des oiseaux. En une sorte de lévitation hasardeuse. Alors, je ne suis plus ici, mais aux côtés de Kagemusha, avec lui, la doublure du guerrier, près de sa tente de combattant, de samouraï, dans ce mélange de la force des armes et de la faiblesse de la toile de l'abri. Mais, pour finir, beaucoup de gris, de blanc, et les lignes de chemins de fer où, là encore, je regarde non pas la liaison ferroviaire, mais les petites gares d'Ozu et ses mariages difficiles. Donc, le cinéma. Donc ce qui nécessite l'identification. La catharsis. La confusion de soi et du paysage. Faire le discours de cette relation. Faire de mes propres yeux le parcours de la promenade, comme pour un plan rapproché.
Je suis venu pour voir le chantier, le travail en progrès. Le bâtiment était comme un arbre dévêtu, une armature, le bois d'oeuvre, comme on imagine les grands travaux de la Renaissance florentine. C'est cela qui agite les travaux du promeneur. Par exemple, cette pensée que l'homme est nouveau, qu'il quitte sa dépouille sanglante de contemporain du XXème siècle. Comme l'homme médiéval quittait sa peau au Concile de Trente. Donc, le chantier. L'idée du chantier. Là où rien n'est tangible encore. Les traces incertaines car temporaires. Et ainsi, une époque neuve. Un homme nouveau qui voit le jour en ce siècle neuf qui commence depuis si peu. Car c'est chantier de l'homme, ici. Donc chantier adossé à la vie symbolique.
Une vigie. Un mât de misaine. Et pour cet homme phénix, il reste le lien. La ligature. La jonction. Rejoindre. Car la promenade est faite pour faire le chemin vers. Pour se diriger en l'accueil. Pour laisser entendre en quoi l'architecture du musée est une sorte de cri, d'appel. Pour une traversée. Pour faire le lien. Comme la bande-son d'un film n'illustre pas mais fait voir une chose supplémentaire. Voir par exemple, le chantier dans la nuit. Dans la nuit encore assez longue de ce début de printemps. Les arcs électriques sur la flèche centrale. La lumière qui vient gésir sur les armatures de métal qui sont comme des brindilles en feu. Une oeuvre. Oui, avec son côté diurne et sa nuit. Avec ses deux éléments, féminin et masculin.
Ensuite, il faut quitter l'avenue. Rebrousser chemin. Revenir. Reprendre la peau du passant et quitter celle du marcheur. Quitter avec lenteur encore une fois, la pensée, la chambre claire de l'écriture. Et avec cet abandon, le sel, le précipité. Ce qui reste. C'est-à-dire un arpentage.
Didier Ayres, mars 2009.

L'immobilité
ou La deuxième promenade.
Déambuler, voir, revenir, revoir. Et cette fois-ci, le bâtiment comme une arche échouée, un vaisseau de science-fiction, la nef d'un manga, un bateau ivre arrêté ici. Oui, le squelette d'un tyranosaure, l'armature d'un animal géant. D'autant plus que les charpentiers sont couleur citron, et comme de petits playmobil. Puis cette impression me quitte, au profit d'un pur discours, d'une parole tenue par l'organisation des maillages d'acier, et, là, comme une virgule, la première charpente latérale du toit. Cependant, en m'approchant, ce que je prenais pour une virgule, devient un V, et très vite, un idéogramme, car sous l'étiage, se trouve une sorte de Y, fait du même bois clair, peut-être du mélèze, je ne sais pas. Je suis ainsi en Orient, dans la figuration d'un alphabet inconnu. Je regarde longtemps la minutie de l'arrimage de la structure. C'est la patience voulue de cette activité, qui me surprend. J'aurais refusé de m'attarder pour autre chose, mais, ici, je vois, je regarde, j'observe longuement, pris moi aussi par la lenteur de l'opération. La patience est à l'oeuvre. Le petit homme couleur oranger, celui qui guide l'opération, gâche apparemment un temps précieux. Mais, ce n'est que l'apparence d'une perte; le gain est supérieur.
L'impression cette fois est prenante. Il y a quelque chose de beau dans l'application minutieuse, dans cette sorte de paresse. On y est presque comme en une opération sacrée, un peu comme un esprit de patience qui nous gagnerait tous, promeneurs et ouvriers. Est-ce cela la Voie du Milieu que prône la vieille mystique chinoise? Est-ce cette sorte de lenteur qui seule est capable de nous prendre depuis ici, pour nous faire gagner le régime de l'esprit? Cette façon précise et appliquée de conduire une manoeuvre complexe, nous donne à penser en terme de morale. Car, je suis possédé soudain par la miniature de la gestuelle - pourrait-on dire la geste, ou la gestique? - qui me confine à l'immobilité. Quelque chose en moi s'estompe, s'efface, se dilue. Je suis sujet d'un léthargie heureuse à voir les précautions du charpentier.
Puis, c'est le silence. Car l'opération est mutique. Sans doute cela vient-il du calme obligé de l'ouvrier dont l'effort demande une espèce de prouesse. Sa gestuelle, en tout cas, exige le silence, oblige à se taire et à rester sans voix. C'est d'ailleurs étrange que ce ralentissement des mouvements des charpentiers et de leurs outils, soient si puissant, infuse tellement les passants dont je suis. Mais l'effet de lenteur se propage bel et bien. C'est une sorte ォd'alentissementサ qui me pousse moi aussi à l'arrêt. Et je suis joué, comme l'ouvrier, par la nécessité de la quiétude. Oui, comme dans une séance de bunraku, je suis agi depuis une force qui m'est extérieure et qui me confine à l'immobilité, voire le recueillement. Cette espèce de moment en apnée de ce théâtre du chantier. C'est de cela dont je suis le témoin, le spectateur.
Didier Ayres, avril 2009.

Lieu de vie

Nouvelle-Aquitaine, 87 - Haute Vienne

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire