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Les écrivains / adhérents

Dominique Deblaine

Poésie / Essais
photo Dominique Deblaine

Je suis née à la Guadeloupe, j’y ai vécu mon adolescence et ce Cadastre s’est inscrit en moi comme des pas sur le sable humide. Je suis donc de là, mais de là j’imagine et j’entends l’ailleurs, le monde.
Ce qui m’importe dans l’écriture, c’est d’avoir la force de la compassion et le souci de l’éthique en examinant le monde dans une langue rude et caressante à la fois… une langue à chaque fois nouvelle, sans souci des modes.
« Écrire sur l’eau » (Platon), est mon guide en écriture. Écrire sur l’eau est un acte sublime et insignifiant à la fois, puisque j’écris parce que je ne sais rien, pour dire que je ne sais rien, mais que je cherche. Ainsi, je convoque le monde à ma table, je convie les langues et j’invite les joies, les douleurs, les espérances. Je laisse filer ma plume sur l’eau, elle ride les mers et les océans ; je la plonge dans le ressac de souvenirs et d’avenir et elle inscrit fugitivement des traces d’avant, de maintenant et d’après.
Je crois qu’écrire, c’est avoir le souci de l’autre et le Souci de soi, s’affranchir des préjugés, s’abstenir de présupposés, ne point faire œuvre de mauvaise foi, se garder de dogmes ; en somme, comme le disait Spinoza, penser à tout prix, même contre soi. J’ajouterai, écrire même contre soi, car il y a une responsabilité dans l’écrit, peut-être même une posture à tenir, puisque rien n’est innocent.
Je fais partie de ces écrivains qui ne savent pas ce qu’ils vont écrire. Je me mets à ma table de travail, je mets une musique qui correspond à l’humeur du moment et elle produit une magie, me donne des idées, m’inspire comme l’on dit communément. Viennent alors des mots. Simplement des mots dont la musicalité me plait. J’aime les mots qui font frissonner, donnent des sensations. La sensation est à l’origine, et j’aime croire que pour écrire « il faut sentir comment volent les oiseaux » (Rilke).

Maître de Conférences à l’Université Montesquieu Bordeaux 4

http://www.dominique-deblaine.com
Bibliographie

– « S’approprier des Armes miraculeuses dans la Tempête du monde », in Des Écrivains et les lettres du monde, Éd. Lettres du Monde. 2013
– Paroles d’une île vagabonde, roman, Éd. Riveneuve, Paris. Poème en prose (116 pages), 2011. Prix Caribéen Fetkann 2012 en poésie.
– « J’écris / Je crie ? », réflexions sur le rapport écriture/psychanalyse. Dans la revue Tresses, revue de la Cause Freudienne en Aquitaine. n°35, avril, Bordeaux. 2010
– « Véty », nouvelle dans la revue Riveneuve Continents, n°12, Paris. 2010
– « L’Odeur de la terre humide », nouvelle dans Nouvelles de Guadeloupe.
Recueil de cinq auteurs guadeloupéens : Simone Schwarz-Bart, Ernest Pépin, Gisèle Pineau, Fortuné Chalumeau, Dominique Deblaine.
Éd. Magellan/Desnel/Courrier International, Paris/Fort-de-France. 2009
– « Impasse Montout », nouvelle dans la revue Riveneuve Continents, n°9, Octobre, Paris. 2009
– « Déshérence », nouvelle dans la revue Riveneuve Continents, n°2, Marseille. 2005
– « L’Errant, le Désirable », nouvelle dans Entre deux rives, trois continents, Mélanges offerts au Professeur Jack Corzani, Éd. M.S.H.A. Bordeaux. 2004
– « Champ d’Arbaud », nouvelle dans la revue Écriture, n°44, Lausanne. 1994

Extraits

Extrait de parole d’une île vagabonde (2 extraits)
1° extrait (début du livre) :
…Et me voici, île frontière, deux pas d’homme, lieu insignifiant et incontournable de crépuscules affolants, de nuits sans fond, d’aubes stupéfiantes ; île calcaire et volcanique, tout entière offerte, concédant entrailles fécondes en pamplemousses, ignames, cythères et corossols, octroyant cascatelles éblouissantes en eaux bleues de baignade et consentant bombances, festins, répits et sommeils. Fragment d’archipel peuplé de sucriers matinaux, grenouilles nocturnes, malfinis diurnes, crabes senestres, me voici île territoire frétillant. Mêlant aux vivants senteurs d’allamandas jaunes et pourpres, de six mois vert six mois rouge, de baraguettes et de caféiers, splendeur des sabliers et immortels, douceur des palmiers céleri, des tamarins bâtards, et beauté des nénuphars, me voici île admirable sous la brise plus bruissante que palmes de cocoteraies, plus odorante que frangipaniers. Mes oiseaux aventureux, voguant de plaines en mornes, attisant des désirs mélancoliques sous la clémence de la lumière de décembre, chantent sans trêve la beauté de mes nuages tantôt pesants comme tortues molocoys en ponte tantôt légers comme colibri, louent la grâce de mes pâturages d’hivernage, s’émerveillent de mes offrandes, saluent ma munificence et ma mansuétude même s’ils s’affolent parfois de mon avarice et déplorent la défaillance de mes miettes d’herbes en carême.
© Dominique Deblaine

2° extrait :
JE CONNAIS le bien et le mal,
… et leurs mensonges.
JE CONNAIS les lois et la liberté,
… et leurs mensonges.
JE CONNAIS la raison et la passion,
… et leurs mensonges.
JE CONNAIS la plénitude et le vide,
… et leurs mensonges.
JE CONNAIS la joie et la tristesse,
…et leurs mensonges.
JE SAIS ce qu’il en est de la faim, de la soif, de la douleur, de la supplication, du châtiment, du crime, de la vie et de la mort,
… et de leurs mensonges.
ON DIT
qu’on choisit soi-même ses douleurs, mais quand le déni s’est répandu sur moi, je n’étais plus consciente tant les coups s’étaient déjà abattus sur mon dos courbé et pourtant insoumis ; je ne savais plus ni mon nom ni mon âge ni qui étaient mes parents. J’ai tremblé de la tête aux pieds, j’ai roulé des yeux comme une bête débusquée, j’ai serré les poings, j’ai mordu mes lèvres, et mon sang s’est répandu sur la terre, lui donnant l’aspect d’une belle argile de potier. Des hommes ont pissé sur mon sang en riant, m’ont injuriée, ont saisi un fouet, m’ont impitoyablement scarifié le dos, les fesses, les cuisses, et je ne savais plus ni d’où je venais ni qui étaient mes parents, mes frères, mes amis. Le noir et le froid ont fondu sur moi tandis que le vent séchait ma peau. Et quand la lumière m’a de nouveau enrobée, j’ai cherché le lieu secret de la mort pour me dissoudre comme un arc-en-ciel quand la pluie agonise doucement.
© Dominique Deblaine

Lieu de vie

Nouvelle-Aquitaine, 33 - Gironde

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire