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Les écrivains / adhérents

Eric Bertrand

Roman / Nouvelle / Essais / Théâtre / Récits
photo Eric Bertrand

Éric Bertrand est né à Metz, en Lorraine. Il a fait ses études dans la région lyonnaise et a passé en 1993 un doctorat en Lettres et Civilisations avant de commencer une carrière dans l'enseignement. Pendant ses années d'études, il beaucoup voyagé en stop et en train à travers l'Europe, accumulant ainsi des notes et des clichés. La photographie est l'une de ses passions... Il a également séjourné deux ans dans les Highlands d'Écosse en qualité d'Assistant (Wick and Thurso High Schools, Caithness) et de Lecteur (Aberdeen University) et y a travaillé en collaboration avec un professeur de langue et culture gaélique.

Son premier livre, édité chez ALÉAS, fait le point sur ses années de voyages : La Route, la Poussière, le Sable est le récit un peu romancé de son tour des États-Unis en auto-stop. Passionné de théâtre, il crée en 2000 (dans le lycée breton où il enseigne) l'Atelier d'Expression Artistique (dont le but est de mêler plusieurs pratiques artistiques : la danse, les claquettes, la musique, le chant, le théâtre et l’écriture). La culture anglo-américaine fournit la source de son inspiration : il propose à ses jeunes acteurs des textes inspirés d'auteurs moins scolaires, dont les thèmes les touchent plus particulièrement. Avant Shakespeare, Le Ceilidh (2006) et Pirandello, le Ponton (2007), Kérouac, Tennessee Williams, George Orwell, Walt Whitman, Bob Dylan sont les grandes références qui nourrissent ses textes de théâtre. Ces pièces (qui offrent également pour trois d’entre elles une version narrative) sont pour la plupart éditées. Elles peuvent être appréhendées comme des fables divertissantes ou des passerelles vers certaines œuvres majeures du XXe siècle.

Parallèlement, sa réflexion littéraire et son goût pour l'enseignement l’amènent à publier chez ELLIPSES, notamment deux essais consacrés aux romans de Victor Hugo en exil. Il a suivi une formation en FLE (Français Langue Etrangère) en 2005 au CIREFE et à l’INSA de Rennes. Dans ce cadre, il a expérimenté auprès de ses étudiants étrangers un atelier de pratique théâtrale.

Muté en 2007 dans un collège de la Rochelle, il travaille en collaboration avec une metteure en scène professionnelle et écrit une série de trois pièces adaptées aux collégiens : l’une inspirée de l’univers des Fables de La Fontaine, l’autre du Petit Prince et la troisième des Voyages de Gulliver. Il enseigne à présent les Lettres Modernes dans un lycée de La Rochelle où il co-anime avec Camille GEOFFROY de la Compagnie : la Vie est ailleurs, un atelier de théâtre. (www.lavieestailleurs.com/)
Il a monté avec elle quatre pièces Jack Kérouac sur la Route et sur les planches, (Alter édition), Ma Rue de Verneuil , L’Ile du Petit Écran et Africane ! (Morvenn éditions, collection : « Ados sur les planches »)

http://ericbertrand-auteur.net/
Bibliographie

Chez Aléas :
La Route, la Poussière et le Sable : récit (1993)
Loft History 2084 : théâtre (2003)
Le Tennessee Club : théâtre (2004)
Nouvelles pour l’été : nouvelles (2005)
Le Ceilidh : théâtre et roman (2006)
Le Ponton : théâtre et roman (2007)
Pour y voir Clerc : récit autobiographique (2008)
L’Organisme : roman (2010)

Chez Alter éditions :
Les Cent tours de la Lanterne Magique : guide littéraire (avril 2012).
De Nantes à la Rochelle sous la bannière des fées : roman (mai 2012)
Jack Kérouac, sur la route et sur les planches en numérique : théâtre (avril 2013)

Chez Morvenn éditions
Ma Rue de Verneuil : roman et théâtre (2014)
Le Coffre de Rimbaud : roman (2016)
Africane ! : théâtre (2017)
L’Île du Petit Écran : théâtre (2017)
Taper la route : roman (2017)
Le Frein fantôme : théâtre (2018)
Le Sang d'Ossian : roman (2018)
La Green lady : théâtre (2019)
Robeaux et Robelles : théâtre (2020)
L'Île d'après : théâtre (2021)
Ma Ré haute, ma Ré basse : nouvelles (2021)

Chez Hello éditions :
Dévalisée : roman (2022)
Chambre 69 : roman (2023)
Over the Rimbaud : roman (2024)


Chez Ellipses
Étude sur Hugo : L'Homme qui rit (2015)
Petite Histoire des personnages de roman : ouvrage collectif (2008)

Articles dans la revue Cahiers Pédagogiques (N°476) de décembre 2009 : « Simenon et La Rochelle », « le grand amour du Petit Prince » et « émotions esthétiques » (N°492) de novembre 2011.
Article (CRDP d’Amiens) : « Pour enseigner l’histoire des arts » (2010)

Extraits

Extrait de Taper la route

Au loin, le soleil du matin frappe encore Montréal et ses rayons, appliqués sur la grande ville, cadenassent l’espace. Nous regardons une dernière fois cet horizon de lignes. Nous n’avons vu de Montréal que des perspectives de gratte-ciel, de fenêtres éclairées, marquetées de ciel bleu sur fond de verre ou de brique. Montréal est une métropole comme disent les Québécois. Elle ressemble beaucoup aux villes américaines avec lesquelles elle entretient d’étroites relations.
Et justement, on s’en approche, des villes américaines ! De l’autre côté du pont, quelque part au sud, New York nous attend. Nous osons à peine imaginer que ce soir nous pourrons peut-être y pénétrer. Et pourtant tout va très vite et semble nous précipiter vers elle : la montée du bruit et de la lumière, le rythme des voitures, la trépidation sur le bitume. New York, puis Miami, Nashville, la Nouvelle-Orléans, Las Vegas, Los Angeles… Plus de place pour le vague à l’âme ! Nos rêves de Far West et de ruée vers l’or reviennent en caravane. Dans un décor de cactus et de saloons, l’œil à la Henri Fonda et à la Charles Bronson, sous un soleil de plomb, nous avançons lentement. Nous avons des révolvers à la ceinture et des réserves de balles dans les poches. Le bitume est une flèche qui nous emportera bientôt loin des grandes villes industrielles, en direction des canyons et des grands espaces !
En attendant, durcis-toi un peu, cowboy ! Il est déjà midi, et nous n’avons toujours pas bougé de notre bas-côté. Figés, suants, défaits, sans les maquillages et les caméras de Sergio Leone, nous essayons de sauver la face. Rivés à une espèce de socle de bitume, statues de plâtre virant au cramoisi, nous vivons sur cette entrée du pont, une aventure bien dérisoire. Nos espadrilles blanches trépignent et donnent des coups de pied rageurs dans des cailloux ou débris de vieilles éponges qui traînent sur le bord de la route. Nous avons accroché le drapeau contre un poteau pour attirer l’attention. Sourires au conducteur, cueillette de bouquets de mauvaises herbes, insultes, rien n’y fait. Nous sommes ramenés à notre réalité de pouceux moyens, transparents, impuissants et frustrés.
Dans les sacs à dos effondrés, mais encore gonflés tombent déjà quelques-unes de nos illusions. La carte, un plan de route sur un petit carnet de bord, les serviettes de bain, les vêtements, les duvets, l’argent dans les ceintures continuent d’attendre, sagement rangés, les pellicules photos (dans la perspective des rituelles soirées diapos, avec l’écran branlant qui grince et le ronron du projecteur) … Allons-nous passer nos vacances ainsi, la plupart du temps, en surex, plantés au centre de cet écran fixe ?


Extrait de Le Sang d'Ossian

Enfoncés dans leur éternel survêtement gris, abimé à l’endroit des fesses et des poches, la bande des huit gars déambulaient dans les rues de Uddingston, une petite ville sur la rivière Clyde et proche de la banlieue de Glasgow. Il était deux heures de l’après-midi et ils avaient le ventre vide, mais comme la nuit avait été douce, ils avaient relativement bien dormi. Le sommeil calme un peu la faim jusqu’au moment de midi où ça devient insupportable dans les rues passantes où défilent les bars, les restaurants et les odeurs de bouffe.
Plus un penny dans la poche, ils avaient préféré lâcher leurs derniers sous dans une « tournée » la veille au soir, pour oublier la frousse ressentie quand trois de leurs copains s’étaient fait embarquer par la police suite à une sale affaire de deal, quelque chose de pas net dont ils n’étaient même pas responsables.
Depuis qu’ils n’étaient plus que huit, ils ruminaient des idées noires, affirmaient toutes les heures qu’il régnait dans cette putain de ville de merde une atmosphère pesante et lourde. L’hiver avait été particulièrement humide et secoué d’un crachin dégueulasse qui les trempait et qui balançait sur les façades (qu’ils n’avaient même pas eu envie de taguer) une lumière louche et vicieuse.


Extrait de Dévalisée

La boutique a deux entrées. L’une est sur la rue et bénéficie d’une grande vitrine, une sorte de baie vitrée, vue sur mer, air du large garanti. L’autre donne sur la cour. Elle est réservée aux gens de l’immeuble d’en face et au maroquinier.
Je sais, c’est un peu facile de dire ça, mais ce salaud a des valises sous les yeux et son cuir n’est plus tout neuf, largement craquelé même, entaillé par endroits. Ça lui fait des sacrées poches derrière ses lunettes d’écaille. Son visage m’effraie lorsqu’il se penche sur moi. Il sent le vieux cirage et l’huile mal rincée. Le corps est épais, ramolli dans les angles, bref mal fini et comme recouvert d’un torchon humide. Une sorte de ciment qui n’a jamais fini de sécher anime ses grimaces et ses fausses dents.
Je le crois rouillé jusqu’à la couenne, carré, mastoc, au point qu’il ressemble à ses plus grosses valises. Il a de l’encaustique dans la voix, ça donne des frissons quand il se met à parler tout seul. Encore pire quand il s’adresse à ses articles. On dirait un pasteur avec son troupeau, sauf qu’aucune d’entre nous n’aurait envie de le suivre quand il rentre dans son repère.
Sa boutique, il n’a que ça dans la vie je crois. Sans doute qu’il vit seul, en vieux célibataire endurci. Je ne lui connais pas de famille. À part son frère et sa nièce qui viennent de temps en temps au magasin lui donner un coup de main.
La nièce est insipide, elle s’assied dans un coin et ne bronche pas. Elle tient le comptoir, sourit au client. Encaisse, remercie, salue, « bonne journée ! » C’est à peu près tout ce qu’elle sait dire. Ce n’est pas en cette compagnie que je vais enrichir mon intelligence et dépasser ma condition. Mais j’ai du talent, et je fais de mon mieux pour apprendre.
Pendant que la nièce est au comptoir, les deux compères trainent dans le long couloir, échangent des banalités sur le temps qu’il fait ou sur les repas de la journée. Ils se ressemblent tous les deux, on dirait des frères jumeaux, mais ils ne sont pas habillés de la même façon. Ils respirent fort et ils ont du mal à avancer. Ils trainent les pieds dans le corridor et ils ont la sale habitude de s’arrêter à tous les coins et de tripoter les articles avec leurs sales mains.
L’autre fois, ils ont voulu détailler la carte du monde sur mon couvercle. Ils sont allés s’asseoir sur le banc dans l’allée et ils se sont machinalement amusés à ouvrir et à fermer mes deux serrures. La carte du monde, ils s’en fichaient. Ce qui comptait avant tout, c’était de s’occuper les doigts et de les laisser courir sur des choses fragiles. Les imbéciles, ils ont complètement foiré mon système d’ouverture.

Les valises, ça occupe les mains
et ça donne une contenance.

Ma bibliothèque

Gargantua : Rabelais - Poésies : Ronsard - Les œuvres complètes de : Molière - Corneille - Racine - Shakespeare - Marivaux - Voltaire - Diderot - Hugo - Flaubert - Maupassant - Baudelaire - Rimbaud - Proust - Pirandello - Dostoïevski - Giono
Les Raisins de la Colère : Steinbeck - Sur la Route : Kerouac - Feuilles d’herbe : Whitman - Martin Eden : Jack London - Lolita : Nabokov - Chroniques martiennes : Bradbury - Désert : Le Clézio - Un Balcon en forêt : Gracq - Les Chemins noirs : René Frégni - Tigre en papier : O. Rolin

Lieu de vie

Nouvelle-Aquitaine, 17 - Charente-Maritime

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu scolaire