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Les écrivains / adhérents

Fabien Clouette

Roman / Scénario
photo Fabien Clouette

Fabien Clouette est l’auteur de trois romans parus aux éditions de l’Ogre. Également cinéaste et chercheur en sciences humaines et sociales, il est né en 1989 à Saint-Malo.

Sa pratique est au croisement du récit littéraire et de l’ethnographie sensorielle. Son écriture mêle ainsi des matériaux issus de ses terrains socioanthropologiques et participe d’un champ de recherche associant romanesque et documentaire, hybridant Art et Science.

Bibliographie

Livres
Tombant (2022) - Éditions de l’Ogre - roman
Speed Boat (2017) - Éditions de l’Ogre - manifeste - co-écrit avec Quentin Leclerc
Le Bal des ardents (2016) - Éditions de l’Ogre - roman
Quelques rides (2015) - Éditions de l’Ogre - roman
Une épidémie (2013, réed. 2017) – Publie.net - novella

infos : https://editionsdelogre.fr/-/fabien-clouette/

Films
– documentaires et fictions : https://lesplansdupelican.com/
En collaboration avec Jérémie Brugidou, il réalise plusieurs documentaires, dont Bx46 (2014), long-métrage d’exploration nocturne dans les quartiers sud du Bronx à New York. Le film est sélectionné au FIDMarseille (Festival international de Cinéma de Marseille) puis dans une quinzaine de festivals français et internationaux. Bx46 est disponible au sein du catalogue Images de la Culture du CNC.
Il a écrit et mis en scène avec Jeremie Brugidou le spectacle de cinéma vivant Les guetteuses, dans la cadre du programme Mondes Nouveaux 2022 (Conservatoire du Littoral/Ministère de la Culture).

Recherche
Diplômé de l’EHESS en Histoire et docteur en anthropologie sociale de l’Université Paris 8 Vincennes - Saint Denis, il est spécialiste d’anthropologie maritime. Il embarque régulièrement à bord de navires de pêche qui constituent son terrain ethnographique doctoral. Il enquête également sur les controverses liées aux interactions entre mammifères marins et sociétés littorales.

Extraits

Les Bal des ardents (Éditions de l’Ogre, 2016) :

“Nous sommes dans les Surfaces, quelque part au milieu du désert. Il y a dans le ciel, pour une fois découvert et bleu comme jamais, quatre buses qui volent. Elles ne font pas du surplace comme on pourrait l’imaginer et comme on les voit faire d’habitude dans les champs de la campagne qui entourent la capitale. Comme celles là volent d’une manière plutôt étonnante, et qu’on est en plein désert, on décide d’arrêter la caravane. Il y a eu assez de signes pour convoquer le roi. Alors on tape à la porte de la voiture, où le prince, éveillé, regardait déjà les oiseaux avec le regard des chats de ferme devant les cages de poussins. Il abaisse la vitre et propose de ne pas déranger tout le corps du roi pour cette affaire de dessins d’oiseaux dans le ciel bleu. Alors sur son conseil, on convoque uniquement la voix du roi. Cette année, c’est un jeune magistrat tout juste recruté, fils d’un producteur de riz. Le garçon avance donc, avec deux chefs de guerre, un peu au-delà de l’endroit où la caravane est stationnée, et commence à parler, pendant que l’un des deux chefs note compulsivement ses mots et que l’autre les répète à un talkie-walkie relié à la voiture royale. Ce sont des buses qui vivent dans les champs autour du port et qui ont fait la route jusqu’ici. Le prince est satisfait des mots prononcés par la voix du roi, car les buses semblent reconnaître et rendre grâce au roi, plus que vivant, et au fait qu’il traverse les Surfaces. Selon la voix du roi, les oiseaux regrettent même qu’il n’y ait pas de fauconniers. Sans cela ils les auraient accompagnés. Le prince sort de sa cabine et rejoint les trois hommes. Sa marche dure une longue minute pendant laquelle on retient son souffle. Arrivé au niveau du trio, il demande à la voix du roi de retourner à son poste, le félicite vivement et lui promet que ses services seront reconduits automatiquement après la fin de son mandat. Il s’adresse ensuite aux oiseaux. Si vous voulez nous accompagner, alors venez, leur crie-t-il si fort que les quelques rares personnes de la caravane qui n’avaient pas cessé leur activité pour observer la scène sont maintenant captivées. Venez, et nous entraînerons parmi nos soldats des fauconniers plus doués que tous les fauconniers du monde. Il y a ensuite un silence qui dure une vie. On entend le vent et l’un des oiseaux vient voler dans les plumes d’un autre. Le prince recommence à crier mais l’un des rapaces se met à piauler si fort qu’il est impossible d’entendre les mots du petit souverain. Puis, quelques secondes plus tard, l’un d’eux laisse aller ce qui s’apparente à une pelote ou à des fientes, qui vont s’écraser brutalement sur le terrain sableux en laissant monter des nuages de poussière monumentaux et disproportionnés par rapport à la taille du projectile. Le chef de guerre qui prenait des notes se penche pour écouter le prince, qui lui murmure quelques mots à l’oreille avant de se retourner, tandis que l’autre chef de guerre se munit de son fusil et abat les quatre buses les unes après les autres, de quatre coups. On ne répond rien à Yasen, et on reste quelque temps figé après le discours. Un anonyme s’approche finalement du bûcher, réussit à trouver la couronne et la redonne à Tabulo.”

“Au retour, s'enfermer, aller manger et se perdre dans les cuisines. Faire l'amour, dos collé sur les bacs à glace. Il mord et voudrait mordre partout, ce qui fait pétale, ce qui fait blanc ; il mord pour répondre aux nudités, aux oiseaux sauvages et aux globes perdus, les fonds nébuleux, les caramels et les saillants. D'images troubles encore au fond, se laisse emporter, mais nage et respire, mais mord. Couper les têtes et les bras pour des descentes plus bas, faire tomber. Et tomber avec, laisser les joues reprendre leur forme, lentement pendant une heure d'apnée sur les draps immobiles, les cartons de boissons. Des fractions, des aveuglements, des souffles - comme si on avait mangé les lits des petits ruisseaux, mais que rien n'était renversé. Qu'on n'avait rien fait tomber, rien cassé, rien mordu. En suspension. Et que les paysages reviendraient à eux-mêmes mais plus tard, quand on aurait le temps. C'est presque dormir, mais nager.”

Lieu de vie

Bretagne, 29 - Finistère

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques