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Les écrivains / adhérents

Minh Tran Huy

Roman
photo Minh Tran Huy

Je suis née en 1979 dans la région parisienne. Mes parents sont vietnamiens. Ils auraient aimé que je devienne ingénieur ou médecin, mais j’étais plus intéressée par les lettres : je suis donc passée par les classes préparatoires, une Maîtrise sur Le Marin de Gibraltar de Marguerite Duras et Sciences-Po Paris. Pendant mes études, j’ai commencé à rédiger des critiques littéraires, que j’ai présentées au Magazine Littéraire, où j’ai été engagée à temps plein en 2003. C’est à la faveur d’un déménagement que j’ai retrouvé, en 2005, un carton contenant des manuscrits que j’avais écrits quelques années plus tôt. J’ai relu et repris l’un d’entre eux, qui est devenu La Princesse et le pêcheur – une amitié amoureuse sur fond de Vietnam perdu et impossible à retrouver. Le livre étant ponctué de contes traditionnels, j’ai publié l’année suivante un florilège des légendes que je préférais. Mon dernier roman, La Double vie d’Anna Song, repose pour sa part sur une histoire vraie – un amour fou doublé d’une imposture qui a ébranlé le milieu de la musique classique.

Thèmes
Premier amour, adolescence, initiation, identité, quête des origines, transmission, Vietnam, double culture, silence et non-dits, imposture, plagiat, musique, puissance de la fiction et de l’imaginaire, traitement de l’art dans les médias.

Bibliographie

– La Princesse et le pêcheur, Actes Sud, 2007, rééd, coll. Babel, 2009. Roman.
– Le Lac né en une nuit et autres légendes du Vietnam, Actes Sud, coll. Babel, 2008. Contes.
– La Double vie d’Anna Song, Actes Sud, 2010, J'ai Lu, octobre 2011. Roman.
– Comment la mer devint salée, album jeunesse illustré par Vanessa Hié, Actes Sud junior, 2011.
– Voyageur malgré lui, roman, Flammarion, août 2014

Extraits

Extrait de La Princesse et le pêcheur :
« Avant Nam, j’avais toujours évité de réfléchir à ce que le Vietnam représentait à mes yeux, même si je soupçonnais que l’espèce de no man’s land qui existait entre mes parents et moi, cette invisible barrière dissimulée sous le masque de rapports apparemment sans histoires, provenait bien, pour partie, de ce pays qu’ils avaient perdu et que je ne retrouverais jamais, quand bien même je serais prête à y consacrer ma vie (ce qui n’était pas le cas). Parfois, j’aurais aimé raisonner comme si le fossé entre nous, générationnel et culturel, était infranchissable, comme si nous fondions notre vision du monde sur des repères incompatibles et qu’il fallait s’en arranger ; les choses auraient été plus simples. Mais le problème tenait moins à ce qui nous séparait qu’à ce filin d’étrange familiarité, d’intimité et d’imposture mêlées, d’intense empathie et de gêne également intense, qui faisait que Nam et moi nous étions immédiatement reconnus.
Pris dans un entre-deux, nous partagions quelque chose d’impossible à détruire et de difficile à définir, une sorte de boule noire, dure et compacte qui nous restait en travers de la gorge ; la mémoire, réelle pour lui, creuse pour moi, d’une terre dont l’ombre s’étendait parfois sur nous. Mes parents semblaient s’en être amputés, mais à force de silence avaient créé en moi non pas un manque, mais un malaise ; de leur vie au Vietnam, je ne connaissais que des faits qui demeuraient abstraits car à les entendre on aurait dit qu’ils les avaient vécus dans une autre existence, à présent inaccessible. Elle l’était donc deux fois plus pour moi, qui au demeurant ne cherchais pas à m’informer davantage, pas encore du moins, me bornant à constater l’absence de ce qui aurait pu ou dû être (dit, raconté, confié, transmis), et n’était pas, et n’était rien. »

Extrait de La Double vie d’Anna Song :
« Retoucher la réalité n’est pas un crime – sans quoi nous sommes tous des criminels, nous dont l’esprit vagabonde, dont les nuits se peuplent de songes, dont l’imagination s’épanouit, laissant le fantasme se glisser dans nos pensées. Qui peut distinguer ce qui est vrai, juste, exact, de ce qui ne l’est pas ? Il arrive que la vérité soit tissée d’impostures, que les creux aient l’importance des pleins, que les choses tues comptent autant, sinon plus, que celles qui sont dites.
Nous sommes tous des êtres de fiction, et nos chimères nous définissent bien davantage que le nom, la nationalité, la date et le lieu de naissance figurant sur notre carte d’identité. Nous évoluons dans nos espoirs, nos idées, nos histoires comme les nuages flottent dans le ciel : c’est là l’environnement naturel dans lequel nous baignons. Il m’apparaît parfois plus concret que le lit dans lequel je m’endors, la route que je prends le matin, les jardins dans lesquels je me promène certains dimanches, qui n’ont guère plus d’épaisseur à mes yeux qu’un décor de théâtre ou de studio. Je n’ai pas dépouillé tous ces virtuoses, j’ai créé le mythe d’Anna Song, donné corps à mon rêve et nourri celui de beaucoup d’autres. N’est-ce pas précisément ce qu’on demande à un artiste, qui doit nous entrouvrir les portes d’un monde où la banalité fleurit en vision, où la laideur se sublime en beauté, où les désillusions de l’existence se dorent au soleil de l’art et se muent en brumes légères comme un fil de soie ? Alors la réalité ne se fausse pas en mensonge : elle s’accomplit dans l’espace, étrange et merveilleux, de la fable. »

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Rencontres en milieu scolaire