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Les écrivains / adhérents

Florence Mauro

Roman / Essais / Scénario
photo Florence Mauro

Florence Mauro grandit dans une famille où les origines nordistes du père côtoyaient harmonieusement l’ancrage breton de la mère. Elle étudie les lettres et le cinéma à Paris, et publie son premier roman à 29 ans, fortement remarqué par la critique.
Conseiller de programme à France 3, elle mène de front une carrière littéraire, alternant romans et essais.
En 2006, un premier film documentaire pour Arte, « Rosselini-Bergman , l’amour du cinéma », marque le début d’une carrière de cinéaste.
Depuis, livres et films se succèdent et font de Florence Mauro une réalisatrice reconnue de la chaine Arte.

Bibliographie

Livres parus
Romans, récits
– La Promessa, Jean Claude Lattès, 1994 (édité par Odile Cail)
– Ressuscite, Jean Claude Lattès, 1996
– Viens, Desclée de Brouwer, 2000 Coll littérature ouverte.
– L’amour éperdu (« Clémence et Ferdinand » pour le cinéma, 2017), 2002
– La vie intime, Plon, 2003

Essais
– La mère et le fils, Desclée de Brouwer, 2002
– Emilie Du Châtelet, Plon, 2006

En Italie
– Intransigenza e passione civile : La vita di Leone Ginzburg, Donzelli, 2013

Films réalisés
– Rossellini-Bergman, Arte 2006
– Brèves histoires de l’amour qui dure, Arte La lucarne, 2008
– Simone Weil, l’irrégulière, Arte 2009
– Vues d’Italie, France 5, Musée d’Orsay, 2009
– Les jardins font la ville, Arte, 2010
– Le Grand Atelier du Midi, Arte, RMN, 2013
– Peindre Le Paradis, Arte, 2014
– Leone Ginzburg, Passion civile. Arte, la région Piémont, Istituto Luce, 2016
– Clémence et Ferdinand, long métrage 2017, ARTE, REGION NORD

Curateur d’exposition
– Clémence et Ferdinand, Archive de Dunkerque en lien avec Le Musée Portuaire, Mai-septembre 2017
– Vu de près, La Plate forme, Dunkerque, Mai 2017
– Le monde des vaincus, Paola Agosti, La Ciotat, Octobre 2018

Extraits

Vu de près – La plate forme

Clemence et Ferdinand

Je suis enfermée dans l'infini paysage
Là où je vais il n’y a plus que des fantômes. Il commence à faire jour.
Exercice de la solitude. La lumière vive du matin irradie ce terrain de mort. Je viens rendre visite aux miens mais je ne vais pas au cimetière. Je marche dans un port.
Je marche le long de la route des écluses, sur les dunes au dessus de la plage, le long de la mer. Je marche comme sur un monstre-mémoire.
Je cherche à inventer, en traversant le désert de sable contre le large de la mer. Cette fois, je m’y rends seule, confrontée à moi même.
Je vais au paysage.
C’est une retraite mais le lieu de ma retraite n’est pas la cellule monacale ; je suis enfermée dans l’infini paysage. Ce n’est pas non plus l’obscur tombeau mais un horizon béant aux teintes d’une grande pâleur, au caractère répétitif des éléments du décor qui ouvre sur l’infini immense.

La peau du décor
J’empile des morceaux de lieux pour combler le vide de l’absence des corps. Où sont les corps ? Dans la tombe. Ils ne sont plus corps mais poussière. Où est la poussière ? Dans la terre.
Dans la terre répandue jusque sur les territoires intimes de leur vie. Je vais photographier cette terre et j’empile cette photographie du paysage, verticalité vers le ciel et non vers le bas, vers la fosse. Je dois rester à la surface de la terre, ne pas descendre au dessous. J’enregistre la croûte terrestre, la première peau. La peau visible, peau du décor confrontée au corps, peau du décor sur laquelle les corps ont marché-sur laquelle ils se sont allongés l’été à la tombée de la nuit, tournés vers les étoiles, ou le matin, exposés au soleil vif pour dormir en entendant la mer. La peau de l’homme contre la peau de la terre avant que la terre n’efface le corps.
Je vais chercher les matières du décor à la place des corps disparus.
Je ne vois que les fragments des corps photographiés. Se rapprocher au plus près du corps photographié puis là, sur le vif, le capter, l’enregistrer dans son mouvement ou bien son expression, son geste encore vivant.

Travail sur la matière
Mon travail de photographie consiste à m’approcher physiquement de la matière du paysage en recherchant les impressions de textures et de teintes étirées, plutôt pâles, ce qui correspond à la lumière qui détermine pour moi les reliefs et les lumières d’une ville et d’une grève au bord de la mer du Nord.
Je travaille depuis longtemps sur la nature des flous et des surexpositions. Un grand nombre de mes films comme de mes séries de photos en comporte. Le flou donne une texture qui s’apparenterait à de la peinture. Impression de matière propre à ce paysage où les éléments naturels occupent l’espace humain : la force des éléments, le vent, le sable, la mer qui semble, au bord, être déjà le large. Le flou nous permet d’être plus près, de « toucher » presque les éléments du décor que je photographie.
La surexposition représente une forme d’espace extatique ou d’attente qui tient du songe et de la révélation qui caractérise les personnages présents dans les archives et mon lien à eux. En bref, ce qui nous réunit : ma présence à leur monde et leur présence au mien.

Ma bibliothèque

Le bel été, Cesare Pavese
Travailler fatigue, Cesare Pavese
La mort viendra et elle aura tes yeux, Cesare Pavese
Noces, Albert Camus
Le premier homme, Albert Camus
La recherche du temps perdu, Marcel Proust
Le ravissement de Lol V Stein, Marguerite Duras
Ada, W. Nabokov
Les mots de la tribu, Natalia Ginzburg
Le silence, Roger Grenier
Antigone, Pierre Bauchau
Le dernier royaume, Pascal Quignard
Théra, Zeruya Shalev

Et puis Marguerite Yourcenar, Olivier Rollin, Pierre Michon, Charles Juliet.
Et puis
Dominique Maurizi, Pascale Bouhénic, Isabelle Mestre, Stéphane Bouquet, Mariannne Alphant, Laurent Georjin, Martin Rueff.

Lieu de vie

Île-de-France, 75 - Paris