Les écrivains / adhérents
Gabrielle Althen
Poésie / Roman / Essais
Gabrielle Althen, habite à Paris et dans le Vaucluse. Elle est professeur émérite de Littérature comparée à l’université de Paris X-Nanterre. Mais elle est aussi poète, romancière, nouvelliste, et essayiste et se consacre désormais à son œuvre.
« Le poème, contrairement à ce qu’on voudrait parfois nous faire accroire, n’est pas en effet une manière d’écriture qui vise à étêter la parole du sens. En revanche, il en déplace les modes d’expression, et se situe quelquefois où on ne l’attendait pas.
C’est un constat qui s’explique de plusieurs façons. Je crois, non, je suis sûre, que le poème pense, du moins le véritable poème. Mais il ne le fait pas à la manière d’une chronique, d’un raisonnement technique ou mathématique. Il pense en superposant à la combinatoire des concepts et aux moyens de l’intelligence abstraite, ceux de la sensibilité, de la mémoire, du plaisir et du chant, de la culture, de l’émotion et sans doute de bien autre chose encore. Il parle donc plusieurs langages à la fois. Il en est même, (précisément quand il est réussi !) la synthèse réussie et, pour autant s’adresse à l’ensemble de la personne qui le reçoit. D’où l’étrange émotion qui en résulte.
Allons plus avant. Le poème pense, et pas toujours au moyen du raisonnement. Un de ses modes auxquels je suis sensible est de laisser le monde parler à travers lui. Je précise du reste par un mot qui n’est pas de moi, mais que j’emprunte à Pilinsky ce que j’entends par « monde » : Le monde est ce qui est. Or c’est cela d’abord que ce que le poème a charge de dire. La pensée conceptuelle en fait partie, mais elle ne saurait s’y présenter toute nue comme un barbelé dans un buisson d’émotion. » Autre Sud, septembre 2006, n° 34, « Entretien de Gabrielle Althen », p. 26.
Membre du jury du prix Louise Labé
Membre de l’Académie Mallarmé
Membre du Comité de rédaction de SIÈCLE 21.
Membre du Comité de rédaction d’Aujourd’hui poème, y tient une chronique régulière.
Conseillère du Président de l’AICL (Association Internationale de Critiques Littéraires).
Bibliographie
Poésie
– Le Coeur solaire, poèmes, Rougerie, 1976
– Midi tolère l’ovale de la sève, poèmes, Rougerie, 1978
– Présomption de l’éclat, poèmes, Rougerie, 1981, Avec une eau-forte de Lorris Junec, Prix Louis Guillaume
– Noria, poèmes, Rougerie, 1983
– La Raison aimante, poèmes, Sud, Eau-forte d’Édouard Pignon
– Hiérarchies, poèmes, Rougerie, 1988
– Le Pèlerin sentinelle, poèmes, Le Cherche Midi, 1994
- Le Nu Vigile, poèmes, dessins de Javier Vilato, La Barbacane, juin 1995.
– Cœur fondateur, poèmes, Voix d’encre, 2006.
– L’Arbre à terre, Nu(e), 2007
– La Belle mendiante, suivi de René Char, Lettres à Gabrielle Althen, éd. l'Oreille du Loup, 2009
– La Cavalière indemne, éd. Al Manar, Mars 2015.
– Soleil patient, éd. Arfuyen, Juin 2015.
Nouvelles
– Le Solo et la cacophonie, Contes de métaphysique domestique, Voix d’encre, 2000.
Roman
– Hôtel du vide, roman, éd. Aden, 2002.
Essai
– Proximité du Sphinx, recueil d’essais, Intertextes, 1991.
– Dostoïevski, le meurtre et l’espérance, essai, Le cerf, 2006
– La Splendeur et l’Écharde, ed. de Corlevour, 2012.
Livres d’art
– Le Sourire antérieur, poèmes, Les Impénitents, frontispice de Wolfgang Gäfgen et burins de Patrick Guyon, 1984.
– Sans preuves, poèmes et lothogaphies de Jan Vuijk, éditions de la fenêtre, 1993.
– Automnes, poèmes, gravures de Ricardo Licata, Les carnets de la sentinelle, Galerie du Fleuve, 2000
– Crime, poème, peinture origiinale de Pierre Mézin, collection vice-versa, dirigée par Daniel Leuwers, 2003.
– Matière de jour, poème,peintures originales de Philippe SDégalard, collection plis, dirigée par Daniel Leuwers, 2003
– La Gare vierge, poème, peinture originale de Xavier, collection éventail dirigée par Daniel Leuwers, 2004
– Fond neutre, peintures originales de Pascal Marcel, collection « D’un jardin l’autre », éditions de la Galerie du Bourdaric.
Éditions ou traductions
– Vie de Sainte Thérèse d’Avila écrite par elle-même, reprise de la traduction Bouix, préface d’Alain Vircondelet, postface de Gabrielle Althen, Stock, 1981, troisième édition en 1998
– Rilke, Poèmes à la nuit, trad. Gabrielle Althen et Jean-Yves Masson, Verdier, 1994
Troisième édition 1999
– Science ultime, d’Herberto Helder, trad. du Portugais par Laura Lourenço et Marc-Ange Graff, Postface de Gabrielle Althen, coll. Terre de poésie, Lettres vives, Paris, 1999
Présence dans les anthologies
– Anthologie de la poésie française du XXe siècle, édition de Jean-Baptiste Para, nrf, Poésie/ Gallimard, 2000
– Un certain accent, Anthologie de poésie contemporaine, Bernard Noël, l’Atelier des Brisants, 2002
– 49 poètes, un collectif, Flammarion, collection poésie dirigée par Yves di Manno, 2004, pp.191-197
– La poésie française contemporaine, anthologie établie par Jean Orizet, Le Cherche Midi, 2004
– La Paix. Anthologie rassemblée par Jean Orizet, Le Cherche Midi, 2005
– Anthologie de la Poésie française contemporaine, Jean Orizet, Larousse, 2007.
Extraits
Sans esclavage
Un jour et des montagnes
Lorsque le jour ne tient à rien
La bise seule est saisissable
Un homme marche
- J’ai tué la clémence dit-il
Sourire d’enfant il est câlin
Fier et navré près du ciel qui s’estompe
Serait-ce à toi de l’incliner à la bonté?
Je ne suis pas responsable du destin de mon frère
Crie Caïn tu cries je crie
Si j’étais responsable de l’homme
De qui l’homme serait-il responsable?
La montagne se tait
Equilibre sur ses étages
La discrétion rayonne
L’homme continue de marcher
Entre son charme et sa méchanceté
Chacun dans une main
Et ses mains se balancent
On voit le ciel qui passe
Et je regarde
L’homme a peut-être froid
Serait-ce à moi de décider?
Et l’hiver va rouler dans le vent vers l’abîme
J’ai su que d’autres pouvaient remaquiller
La tête de chaque homme
Depuis des bains d’enfance
Pour moi je sais un peu lire sans repères
Parmi les couches du remords
Et voici toute rouge
La tête ébouriffée du soleil froid
Qu’on voit percer la brume entre les monts tacites
Sans esclavage
Le sang qui gicle ne fait pas mal
Ulysse dans la mer des visages
Dans la mer des écueils dans la mer de la peine
Mon frère dans le mal des épaves
La peur chantant parmi les incidents
Et mes doigts à tâtons autour de la tiédeur
J’ai rampé sur les échelles de la chair
Ulysse frère et prochain mon semblable
Entre deux cris d’oiseaux
Apprends-moi la présence parmi ceux qui se noient
Nos mains sont pleines de la rumeur des lèvres
Nos mains pleines aussi du silence qui mange entre nos yeux
Nos mains vivantes sur les ondes
Nos mains cherchant la vie sur les visages
Et la mer tend sa gueule
Et nous sommes petits
Ainsi se disséminent chaque fois les planches du bateau
Rictus clins d’œil
Le coin de l’œil pouvant tricher
Je ne sais pas si nos consciences se délabrent
Ce sont nos rides qui se croisent et notre peau s’accuse
Vieux frère apprends-moi à attendre
Apprends-moi à durer
J’ai vu un jour le monde fendu sur un sourire
Avec le ciel criant heureux des deux côtés
Mais sous le deuil tout à l’heure
La mer étant gonflée d’abîmes
Et la morale en désarroi
J’ai épelé la vie et un nom a crié
Et la lumière a ri
Lieu de vie
Île-de-France, 75 - Paris
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