Contenu | Navigation | Politique d'accessibilité | Crédits Lettre internet

Les écrivains / adhérents

Gilles Del Pappas

Roman / Polar
photo Gilles Del Pappas

Né de père Grec et de mère Italienne, Del Pappas est un vrai
Marseillais. Pure huile d'olive! Né en 1949 au Racati, un quartier
populaire de la cité phocéenne, il passe une enfance heureuse de gamin des rues, ambiance que l'on retrouve parfois au détour de ses romans. Il s'intéresse très tôt à l'image, la photographie tout d'abord, la peinture ensuite puis le cinéma. Et c'est par celui-ci qu'il appréhende l'écriture. Comme ses lointains ancêtres phocéens, Del Pappas, a su très jeune quitter Marseille, son "Omphalos", pour parcourir le monde...
L'Amérique du Sud, le Maghreb, L'Afrique, L'Inde... Ailleurs n'est
jamais trop loin pour ce voyageur, sans cesse en quête de nouvelles cultures et de nouvelles rencontres. Mais Del Pappas, c'est aussi un amoureux de la mer, du soleil, des garrigues, de Marseille, des odeurs, des lumières, sans oublier la cuisine bien sûr pour laquelle il est toujours partant, dès qu'il s'agit de partager une sardinade entre amis.
Depuis dix ans Del Pappas se consacre entièrement à l'écriture. Le
Baiser du Congre, son premier roman (Editions Jigal) a été
chaleureusement salué par la critique et nominé au Prix Polar 98. Depuis, les livres se sont succédés avec un succès croissant.
En Février 2002, les académiciens Marseillais l’ont distingué en lui ont donnant le Grand prix de Provence pour l’ensemble de son œuvre.

En septembre 2013, Gilles Del Pappas organise et participe au Prix des Dix ans du Prix marseillais du polar : "Le Procès du siècle" et présente des portraits d'écrivains www.mativi-marseille.fr/

http://www.delpappas.fr
Bibliographie

Parus aux Editions Jigal
– Le baiser du congre
– Bleu sur la peau
– Le jobi du racati
– La girelle de la Belle de Mai
– Le Royaume de Degun
– Du sel plein les yeux
– Pleure pas, le mistral se lève
– Le cœur enrague
– Le cafoutchi du diable
– La mue de la cigale
– L’anticyclone des Acores
– Bada d’amour
– L’Espincheur des Accoules

Poche
– Le baiser du congre
– Bleu sur la peau
– Du sel plein les yeux
– Le cœur enrague
– La mue de la cigale

CLC édition
– Les enquêtes de Gwendoline Strawbery
– Le boiteux serbe
– L’asiate aux yeux vert
– Gwendoline se negue
– Massilia dreams réédition
– Sodade

Le lutin
– Cap’taine Solal et Shabada

Après la lune
– Chinois vert Mouillé
– Sous la peau du monde

Librio
– Massiallia Dreams

Hors commerce
– Du soleil dans la tête
– L’école dans les nuages
– 36 Nouvelles noires

L’Ecailler Du Sud
– Mémoire d’un goute-sauce
– Meurtre sur un plateau

Laurent Carte
– Eclisse

Autrement
– Du jaune dans le noir

Extraits

Poète!

Pendant que se met en branle la cuisine, nous finissons de ranger les courses. C'est à moi qu'est dévolu le soin particulier de placer le pain de glace rectangulaire dans le meuble en bois. J'ai un projet précis le concernant, que je mettrai en application dès la fin du repas familial. Quand l'âme sera amollie par le soleil et l'aïoli d'enfer confectionné pour notre retour de Martigues, où nous avons parcouru le marché de long en large. En témoigne la montagne de légumes encore sur la table.
- Tè, niston, au lieu d'être dans mes jambes de longue… vas t'assir là et aide-moi à espiller les artichauts.
Ma grand-mère, cuisinière de métier, n'est pas une bavarde. Nous travaillons en silence. D'une oreille attentive, j'entends la voiture des voisins arriver. Au bout d'un moment, quand les légumes sont prêts, les cœurs dans l'eau vinaigrée, Mémé me lâche et je peux courir dire bonjour à mon copain Dédé. Il est plus grand que moi, porte des pantalons longs, l'hiver, et a les tifs comme du blé mur.
Il est dans le cabanon de gauche. Pas loin du nôtre.
Le blond m'interroge.
- Alors? T'en as une?
Planqués sous notre pin, Dédé triomphant réveille de douloureux souvenirs. Je ne réponds pas au ton agressif qui ne cache pas sa réussite.
Et mon échec!
- Moi, j'ai pu en voler une au magasin de mon père! Regarde!
De sa poche il sort une magnifique lampe électrique au corps bleuté, à la loupe transparente. Sur le côté, un interrupteur permet d'allumer et d'éteindre à son gré l'objet. C'est une merveille! Il la fait miroiter à mes envies. Il n'y a pas d'électricité dans ces habitations de fortune, et les lampes sont de véritables partenaires de jeu, dans les nuits de la calanque.
- Tu veux la toucher?
Devant mon acquiescement servile, il me la passe. Je suis étonné par son poids léger. Je fais coulisser l'interrupteur, rien ne se produit.
- Elle ne marche pas!
Son visage se ferme. Y'a un problème.
- C'est normal, il n'y a pas de piles…
Je prends un air méprisant. Ta, ta, ta! Revanche, revanche, revanche!
- Moi, ce soir, j'en aurai une qui marche toute seule! Qui s'auto-alimente, quoi!
- Oh!
Je bouffonne, que je vous dis pas.
- Hé ouais, c'est comme ça, mon collègue!
Comme prévu, après le gros plat de légumes, de morue, d'escargots, dégustés avec l'aïoli, sur la terrasse devant la mer, tout se tasse. La conversation faiblit, la famille, les amis sont un peu assoupi.
- Si vous voulez, je fais le café!
Ma sœur est stupéfaite par ma proposition spontanée. Ma mère et ma grand-mère également.
- Ho, quicou, qu'est ce qui t'arrive?
- Mais qu'est-ce qui lui prend, à ce minot?
- Tu vas me demander quoi? Hein?
Je prend un air modeste.
- Rien, j'ai bien mangé. Alors, j'ai envie de vous faire plaisir…
Ils sont babas. J'en profite pour filer dans la cuisine, attrape une bougie, l'allume et la place délicatement dans la glacière en bois.
Car je pense! Un vrai scientifique. Plus tard, ce sera mon métier. Je suis fait pour ça!
Ma théorie n'est certes pas très compliquée. Elle tient en peu de concepts, illustrée par des mots.
- "La flamme au contact du froid, à l'instar des aliments, de l'eau, du gaz, doit figer. Se geler".
Simplisme, simplissimus!
Et ainsi, j'aurai, avant que la glace ne fonde, une magnifique lampe fonctionnant à la flamme gelée. J'avoue avoir eu un léger mouvement de dédain, pour le manque d'imagination des adultes qui n'avaient pas pensé avant moi à cette magnifique invention.
Je porte le café en essayant de calculer en combien de temps…
Hélas, un cri viendra troubler cette douce soirée.
- Hé! Bon Dieu Adrienne! Il y a le feu dans ta cuisine!
C'est ainsi que j'ai brûlé la glacière de ma grand-mère. Elle n'a jamais compris mon âme de scientifique, d'expérimentateur, mais aussi de poète!


Une mouche noire se balade au plafond. Elle se déplace par à-coups, d'une façon saccadée. De temps en temps, elle s'envole pour se poser tout à côté de l'aire de son essor avec un

- Bziiit!

Péremptoire.
Malgré les râles des hommes-loups qui s'agitent au dessus de la jeune fille, les ordres, "tourne-toi par-là, écarte ta pachole, suce mon vier, bouge les fesses..." malgré les coups, quand elle ne réagit pas assez vite, tourner, écarter, sucer, bouger, elle perçoit avec précision le vol de la mouche. Son attention est entièrement fixée vers les circonvolutions brèves de l'animal.

- Bziiit!

Elle se demande ce que l'insecte voit du monde des humains avec ses yeux à facettes. Le viol d'une jeune fille mille fois répercuté jusqu'au minuscule cerveau. Elle pense aux aphorismes… Mouche… Tomber comme des mouches… Faire mouche… Prendre la mouche… C'est cocasse dans ce monde étroit, clos, et mort autour elle.

- Bziiit!

Avant, lorsqu'elle entendait encore son amoureux, ses cris désespérés, sa folie tourmentée, elle hurlait avec lui... Ca excitait son bourreau, l'homme-serpent... L'homme au regard chassieux et froid. Maintenant que les cris se sont tus, qu'il est mort, elle n'entend que le vol insistant, obsédant, de la mouche noire. On peut dire qu'elle n'écoute plus que cela...
Le reste...

- Bziiit!

Se sont des animaux qui ne vivent pas longtemps... Elle se sent si proche, amicale, maternelle…

- Profite nistonne! La vie est courte! Vole!

Crie-t-elle dans sa tête. De toute façon, elle aussi va mourir. L'homme-serpent le lui a dit, concupiscent.

- Tu dureras pas... T'es pas bonne...

Puis il lui a expliqué, en détail, ce qui allait lui arriver. Il a adoré ça. Ses yeux de reptile dans les yeux de la jeune fille, il espérait voir l'effroi, la peur, la panique... Mais, en vain... Dans sa tête… l'écho bruissant des ailes de cette mouche noire qui volette par à-coup… Par à-coup… Par à-coup…

- Bziiit!

Lieu de vie

Provence-Alpes-Côte d'Azur, 13 - Bouches-du-Rhône

Types d'interventions
  • Ateliers d'écriture en milieu scolaire
  • Rencontres et lectures publiques
  • Ateliers d'écriture en milieu universitaire
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire