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Les écrivains / adhérents

Louise Desbrusses

Poésie / Roman / Nouvelle
photo Louise Desbrusses

Entrer dans un roman de Louise Desbrusses, deux à ce jour, L’argent, l’urgence (P.O.L, 2006), Couronnes boucliers armures (P.O.L, 2OO7) c’est être d’emblée confronté à la violence. Pas de préliminaires, une voix, un ton, un rythme, un souffle, on est happé par une fiction qui charrie cette violence, professionnelle, conjugale, familiale. Un univers en vase clos, des personnages jamais nommés, des situations archétypales, cela ébranlé par une grammaire narrative très personnelle, des mots couteaux, une phrase laminée, travaillée à l’établi, amenant peu à peu la psyché au grand jour, car le roman est une « entaille dans la trame serrée des mots usagés, couteau dans le récit consensuel des jours pour ouvrir au-dedans de nous les espaces qui ont été niés, fermés, déclarés inexistants » (1). Un rythme qui reflète les mouvements intérieurs des personnages qui sont avant tout un corps, un corps en souffrance, tel celui de l’adolescente de la nouvelle Les Idées sales (Revue Décapage n°33, 2008), tels ceux, dans Couronnes boucliers armures, de l’Aînée et de Mère et surtout de la Seconde, née sans peau, à vif, frôlée par la mort, une écriture des sensations et du dépouillement, une émotion immédiate. Des romans qui s’approchent du théâtre, Couronnes boucliers armures par sa construction en blocs narratifs entrecoupés de didascalies, séquences qui scandent la journée et rétablissent le souffle, L’argent, l’urgence où de très brèves parenthèses précisent, suggèrent, orientent, véritable pouls du récit. Participent de cette violence initiale l’humour, le grinçant dans Couronnes boucliers armures, caractéristiques du style de Louise Desbrusses, et marques d’une grande vitalité. Un projet romanesque des plus singuliers, qui recèle une dimension poétique originale, Louise Desbrusses faisant le choix du travail sur la langue et la composition, une tension vers le musical.
Pascale Dulon
(1) Louise Desbrusses, Une entaille dans la Grande Fiction in Les devenirs du roman, Inculte Naïve, 2007.

http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=auteur&numauteur=5886
Bibliographie

Romans
– Couronnes, Boucliers, Armures, P.O.L, 2007 (mention spéciale du Prix Wepler 2007)
– L’argent, l’urgence, P.O.L, 2006.

Fictions radiophoniques
– Toute tentative d’autobiographie serait vaine. Commande de France Culture pour Perspectives contemporaines. Réal. Marguerite Gateau, avec les élèves de 3è année du Conservatoire national supérieur d'Art dramatique (diff. 6 sept. 2008). Publié par Lansman Editeur, collection « Les Phonuscrits des Radiophonies, sept. 2009 ».
– L’argent, l’urgence, adapté par l’auteure pour Perspectives contemporaines, France Culture, avec Violaine Schwartz & Agnès Sourdillon. Réal. Marguerite Gateau (diff. 22 sept. 2007).

Nouvelles et autres textes
– Le corps est-il soluble dans l'écrit ? conférence dansée (texte+dvd, éd. Le Principe d'incertitude, 2018
– Les innommables et Comptes de faits, TINA, n° 8 août 2011
– Du corps (&) de l'écrit #2, Inculte, n° 19, mars 2010
– Réel est Dieu, paru dans Le réel, nouvel opium, catalogue de l'exposition éponyme, Galerie les Filles du Calvaire, février 2010
– du corps (&) de l'écrit #3, Inculte N°20, hiver 2010.
– Entretien avec Jean-Charles Massera, Revue Ah !, sept 2010.
– du corps (&) de l'écrit #2, Inculte N°19, mars 2010.
– Lilith reloaded, paru dans « Overwriting », collectif de littérature contemporaine, co-édition 5c/Brugger, mars. 2010.
– du corps (&) de l'écrit #1, Inculte N°18, oct. 2009
– Soliloque, TINA N°4, été 2009.
– Si petit le pas si, Décapages N° 37, janv. 2009
– Recette pour en écrire, dans « 16 nouvelles 1998-2007, Dix ans du prix Wepler », éd. Thierry Magnier, nov. 2008.
– Les idées sales, Décapages N°33, janv. 2008.
– Une entaille dans la grande fiction, dans « Les devenirs du roman », collectif, Ed. Naïve-Inculte, janv. 2007.

Poésie
– et trancher, monnom, réel est parti, ce qu'ils savent… l'atelier, éditions P.O.L (2011)
– Ni fait ni, Cacophonie (Antoine Wauters)
– toi vie tais toi (traduction en anglais par l'auteure) J'aime beaucoup ce que vous faites, 2011.
– Ce qu'ils savent, Desbrusses-Haarmann-Hommelsheim, Berlin, 2010.
– et trancher, 100 portraits pour 100 papiers, collectif, 2009.

Photographie
– is a rose is, runbook//art book in progress, juin 2009.

Extraits

Les Vieux trônent à la grande table. A droite de la Vieille, Fils, l’Aîné, Père. A gauche du Vieux, l’Autre, l’Etrangère, Mère. Mère siège à la place d’honneur. Elle le doit. Mère n’est pas honorée. Elle l’affiche. Pincée, Mère se tait, contemple son assiette. Qu’importe. Dressé pour parler à toute personne assise près de lui pendant un repas, le Vieux glisse quelques mots à sa voisine. Mère étouffe un soupir, ses yeux délaissent la porcelaine, sa bouche s’efforce de répondre. Pour rien. Déjà le Vieux est ailleurs. Il fait signe aux serveurs, donne des ordres. Toujours le Vieux donne des ordres, c’est ainsi. Jamais nul ne discute, ainsi est-ce. Tous s’inclient, tous à l’instant le doivent, ordre, exécution, ainsi toujours cela a-t-il été. Si le Vieux donne des ordres, la Vieille, elle, a des avis. Sur tout elle a des avis, les avis qu’il faut, des avis bien appris, et elle n’en démord pas, jamais.

Extrait de couronnes, boucliers, armures, P.O.L, 2007


Un immeuble de verre et de métal avec un nom de fleur (court). Deux vigiles (noirs). Des tourniquets (électroniques). Où est votre badge ? Comment ça vous n’avez pas de badge ? Qui c’est celle-là ? Présentez-vous à l’accueil ! Vous vous présentez. Plantée près d’un bouquet une jeune femme blonde vérifie votre identité. Vous interroge sévère. Vous fait répéter. Hésite. Insiste. Persévère (ça promet). Comme si vous aviez l’air de quelqu’une qui pourraait venir dans un tel endroit sans y être forcée (l’argent, l’urgence, la raison, etc.). Vexant. Et (préparez-vous) ça va être pareil tous les jours. Tant que vous n’aurez pas de badge. Même suspicion. Mêmes gestes. Même regard. Même blondeur près de nouvelles fleurs. Tous les jours. Ouvrables. Pendant des mois (bon courage). Qui c’est celle-là ? Comment ça pas de badge. Tout le monde a un badge. (Voyons !) Tout le monde veut un badge. (Voyons !) Qui c’est celle-là qui n’en veut pas ?

Extrait de L’argent, l’urgence, P.O.L, 2006

Lieu de vie

Occitanie, 30 - Gard

Types d'interventions
  • Rencontres et lectures publiques
  • Rencontres en milieu universitaire
  • Ateliers / rencontres autres publics
  • Résidences
  • Rencontres en milieu scolaire